Chapitre 50

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Valérian s'éveilla dans un sursaut de panique. Neuf-centre-quatorze mètres. C'était la distance qui le séparait d'Elijaï en ligne droite. Comment parviendrait-il à le rejoindre sans connaître le château ? Déjà sur pied, il vacilla jusqu'à la porte de la chambre et l'ouvrit à la volée, surpris de la trouver déverrouillée. Il s'élança, mais avant de passer l'embrasure, ses mains furent violemment ramenées en arrière, retenues par des entraves invisibles. Le Messager tira dessus, les yeux écarquillés et le souffle irrégulier. Il gratta ses poignets, en vain, ne sentant rien sous ses doigts.

— Syn ! hurla-t-il. Solior !

Il s'époumona à en perdre la voix et l'esprit, appelant, exigeant que quelqu'un vienne. Ils n'avaient pas le droit. Ils allaient à l'encontre des traités inter-royaumes, bafouaient la protection due aux Messagers. Comment avait-il pu en arriver là ?

Une truffe apparut dans l'embrasure de la porte, suivie d'une gueule noire. Des yeux turquoise se dardèrent sur lui et la bête grogna.

— Caspian, souffla le noble en tendant une main tremblante vers lui.

Il la retira juste à temps, avant que ses dents ne se referment dessus dans un claquement sec. Il frissonna dans un mouvement de recul incontrôlé.

— C'est moi.

Le Loup lui jeta un regard ennuyé et s'assit dans le couloir, les yeux rivés sur lui. Valérian s'installa à même le sol et se rassasia de cette couleur si particulière.

— T'es vivant.

Caspian était si près et pourtant si loin. Il retint ses larmes de toutes ses forces, alors qu'il ne voulait que se laisser aller contre lui, entre ses bras et sa chaleur. Il souhaitait que son amant le serre patiemment en lui promettant que tout irait bien.

— Tu m'as tellement manqué, haleta-t-il. Reviens, je t'en prie.

Son cœur pesait, se faisait si douloureux. Son esprit tentait de trouver une solution pour s'échapper, mais l'angoisse reprenait à chaque fois le dessus. Sans Elijaï à ses côtés, parviendrait-il à tenir tête à ceux qui les maintenaient captifs ? Ils bénéficiaient d'un moyen de pression sur lui en retenant son amant prisonnier. Jusqu'où iraient-ils pour l'obliger à coopérer ?

Que leur avait confié Syn ? Était-ce pour cela que ce dernier avait proposé de l'entraîner personnellement des années auparavant ? Pour connaître les failles de son Don, qu'il lui avait bêtement livrées sur un plateau ? Il comprenait mieux pourquoi Lore s'était montré si bien préparé lorsqu'il l'avait attaqué. Il était venu tout spécialement pour lui, pour le tuer et l'empêcher de mettre à bien la stratégie de la reine pour protéger les Louveteaux. Les Loups qu'il avait aperçus faisaient-ils partie des disparus ? Pourquoi les avoir enlevés ?

— Qu'est-ce qu'il se passe, Caspian ?

Valérian frémit et se remit sur ses jambes lorsqu'il sentit Lore approcher. Le Mage ne tarderait pas à le rejoindre.

— Tu dois sauver Elijaï ! Va le chercher. Je t'en prie, va le libérer.

Un sanglot s'étrangla dans sa gorge. Il porta une main à sa bouche pour étouffer son souffle, priant pour que Lore ne s'intéresse pas à lui. Pourtant, il se rapprochait inexorablement. Il tâta sa cuisse par réflexe, mais son poignard lui avait été confisqué. Il balaya la pièce du regard, fouilla dans les placards et tiroirs, mais rien ne pouvait constituer une arme, même minime.

— Solior désire te faire visiter les jardins. Habille-toi, ordonna Lore en déposant du linge sur son lit.

Valérian lui adressa un regard assassin.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant