Chapitre 67

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Caspian referma ses doigts autour de son avant-bras et embrassa le creux de son poignet avec délicatesse. Valérian le regarda faire en frissonnant, alors que les souvenirs affluaient. Ceux d'une certaine soirée de pleine lune, durant laquelle son amant avait retrouvé son apparence humaine. Caspian ancra ses yeux turquoise dans les siens, ils étaient chargés de promesses, d'amour et de désir. De frustration, aussi, parce que le voyage ne leur permettait pas de se retrouver comme ils le voudraient.

Derrière lui, les Louveteaux s'impatientaient. Certains avaient réussi à se détransformer, d'autres étaient restés Loups depuis la fin de la bataille. Un éclat pourpre traversa les pupilles de Caspian.

Alpha.

Valérian soupira lorsqu'il se redressa et se tourna en direction d'Elijaï. Il caressa sa joue et attrapa ses mèches noires en un poing, tandis que leurs lèvres se retrouvaient, peinant à réprimer leur soif. Un grondement étrange résonna dans la poitrine du Loup. Sa main descendit sur la gorge d'Elijaï, l'autre se suspendit avant t'atteindre sa hanche. Un effort admirable pour ne pas le renverser au sol et le chevaucher.

— À demain.

Valérian frémit à nouveau, alors que quelque chose de délicieux se tordait dans le creux de son ventre. Sa voix avait été à peine plus forte qu'un murmure, mais elle sonnait plus grave, vibrante. Elle avait effleuré son âme.

Caspian leva les yeux en direction du ciel. Le soleil le teintait encore de nuances rosées, mais la nuit reprendrait bientôt ses droits. Le Loup retira la cape noire qui drapait ses épaules et, aussitôt, son corps s'illumina. Valérian plissa les yeux une seconde, avant de fermer les paupières, aveuglé. Lorsqu'il les rouvrit, il contempla l'immense bête qui se tenait sur ses quatre pattes, avec sa fourrure de feu et son masque noir.

Elijaï se plaça dans son dos et l'enlaça.

— À demain, souffla le Messager.

Leur amant ferma les yeux, redressant la tête pour humer une dernière fois le vent qui lui apportait leurs parfums, puis rejoignit les autres Loups. Les meutes se ressemblaient, garantes de la sécurité des plus jeunes et de celle du camp. Ils ne pouvaient se permettre de prendre le moindre risque en ce soir de pleine lune.

Un grondement retentit sur leur droite. Un Loup noir à la fourrure moucheté de blanc jeta des coups d'œil frénétiques aux deux énormes mâles qui l'encadraient. Sa fourrure était gonflée, ses babines tressautaient, montrant parfois les crocs. Il bondit en avant, mais l'Alpha blanc lui barra la route et le noir contra sa tentative de fuite.

Valérian serra la main d'Elijaï qui avait glissé sur sa hanche. Sa seconde était déjà sur le pommeau de son épée, prête à la dégainer.

Nawaki gronda une nouvelle fois, sa fourrure scintilla, comme s'il tentait de reprendre son apparence humaine, mais les deux adultes autour de lui grognèrent. C'était sec, brutal. Valérian en eut la chair de poule. Ils l'empêchaient de se transformer, le contraignaient à garder sa forme lupine.

— Qu'est-ce que vous faites ? s'enquit Valérian en avançant d'un pas.

Sanji lui jeta un coup d'œil en montrant les crocs, comme pour le dissuader de s'en mêler. Caspian se redressa aussitôt entre eux en grondant.

— C'est pas le moment, il faut qu'on s'en aille, le pressa Elijaï en attrapant sa main pour l'entraîner en direction du camp.

— Mais ils sont en train de lui faire du mal !

Valérian tenta de se dégager, les yeux rivés sur Nawaki, dont la tâche en forme de croissant de lune semblait luire sous les premiers rayons de l'astre. Le Loup secoua la tête et claqua des dents, frôlant l'oreille de Sanji. Aussitôt, Aïden plaqua son fils au sol. Ses yeux rougeoyèrent dans la semi-obscurité, tandis que Nawaki se débattait de moins en moins violemment sous son poids.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant