Chapitre 29

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Valérian glissa son poignard à l'attache de sa cuisse et vérifia qu'il coulissait bien hors de son fourreau. La nuit avait été réparatrice, bien que cette histoire d'Âmes Mêlées l'ait tourmenté. Quand était-ce arrivé ? Devait-il en parler à Elijaï ? Il voyait déjà son sourire goguenard s'étirer. Pas question ! Son âme à lui était-elle l'opposée de la sienne ? Elle devait être noire aux reflets dorés.

Le Messager ouvrit la porte de sa chambre et poussa un cri lorsque son pied se posa sur quelque chose de mou qui craqua. L'œil sans vie d'un lapin le fixait. Livide, Valérian recula, alors que la porte voisine s'ouvrait à la volée.

— Valérian ! Qu'est-ce qu'il se passe ? s'alarma Sanawel, épée déjà en main.

— Il y a... C'est... J'ai pas... balbutia-t-il.

— Qui a déposé ça ? s'enquit le Chasseur en désignant l'animal. Tu as pu voir qui c'était ?

Valérian secoua la tête. Était-ce une menace ?

— Tout va bien ? interrogea le tavernier en remontant le couloir. Je vous ai entendu crier.

— Avez-vous vu quelqu'un entrer ? lui demanda Sanawel. Qui aurait pu déposer ça ?

— Oh, je vois, pouffa l'homme en remarquant le cadavre. Oui, bien sûr, je sais de qui il s'agit. Il m'a demandé la permission avant.

— Pardon ? Et vous avez accepté ?

— On voit que vous ne connaissez pas les Loups, ricana le tavernier. Je lui ai dit que c'était une mauvaise idée, mais ils sont têtus comme des mules et je n'ai pas su lui dire non.

Valérian échangea un regard interloqué avec son voisin. Comment avait-il pu accepter qu'un Loup dépose un lapin mort devant sa porte ?

— Vous devriez être flatté, Monsieur de Wentalya, confia l'homme. Vous avez un admirateur secret.

— Un admirateur... Quoi ?!

Il fusilla du regard le Chasseur qui s'esclaffa.

— Laissez-le-moi, je vous le cuisinerai pour ce soir, indiqua le tavernier. Il était tellement fier de lui, il ne faudrait pas le gâcher.

Valérian plissa le nez et ne put retenir une moue dégoûtée. Il ne toucherait certainement pas à ça. Son hôte ne s'en formalisa pas et attrapa lui-même l'animal par les oreilles.

— Tu fais des ravages on dirait, se moqua Sanawel.

— Oh, ça va... pesta le noble.

Il quitta l'auberge et frémit en apercevant les enfants qui semblaient l'attendre un peu plus haut. Leurs visages s'illuminèrent à sa vue. Déjà, ils accaparèrent ses mains tandis que d'autres se contentaient d'agripper sa cape.

— Est-ce que ton odorat est plus développé que celui de Sanji ? s'enquit une fillette.

— Je ne pense pas, non. Je ne suis pas un loup.

— C'est regrettable, souligna Nala en tapotant le dos de sa main. Mais ce n'est pas grave, tu sais.

Comment pouvait-elle le regarder comme si elle était désolée pour lui, tout en affichant un air supérieur, voire condescendant ? Déjà à cet âge ? Il avait l'impression d'être un enfant à qui un adulte essayait d'expliquer qu'il ne possédait aucun Don particulier.

— Je pense m'en remettre, lui assura Valérian.

— Bien sûr.

Que la Déesse lui vienne en aide pour qu'il garde son sang-froid.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant