Chapitre 10

1K 169 13
                                        

Valérian posa le point final à son devoir sur l'histoire de Zeldya à contrecœur. Ses yeux d'or parcourent le parchemin, s'attardant sur les courbes élégantes de son écriture en italique pour desceller d'éventuelles fautes. La nuit était tombée depuis quelques heures, alors que son hésitation persistait. Elijaï et Caspian étaient descendus aux sous-sols après lui avoir arraché la promesse qu'il les rejoindrait sitôt sa dissertation achevée. Il avait tenté d'étirer le plus possible ce temps, mais il s'égrainait sans tenir compte de ses craintes.

L'apprenti Messager jeta un coup d'œil à la sphère lumineuse qui flottait près de son bureau et la pinça entre le pouce et l'index pour la réduire, tamisant ainsi sa brillance. Il reboucha son encrier et ordonna ses plumes d'un geste machinal. Peut-être aurait-il dû les accompagner dès le début ? Ne se ferait-il pas remarquer en arrivant aussi tard ?

Trois coups légers contre sa porte le firent sursauter. Son cœur s'emballa, alors qu'il se retournait pour fixer sa porte. Elijaï et Caspian se trouvaient encore dans les anciens cachots, pas très loin l'un de l'autre, à quelques centimètres, parfois moins. Valérian se leva, tirant sur ses liens jusqu'à trouver celui qui le reliait à la personne qui se tenait derrière la porte.

— Emyr ? s'étonna-t-il en ouvrant la porte.

Un sourire béat étira les lèvres de son ami. Ses yeux pétillaient de façon inhabituelle.

— T'es attendu, Valérian, annonça-t-il, la voix pâteuse.

— Tu as bu ? s'étonna le futur Messager.

— Un peu, pouffa Emyr en haussant les épaules. C'est Caspian qui m'envoie, il y a un problème avec Elijaï.

Son sang se glaça dans ses veines. Déjà, l'air quittait ses poumons et ses pas s'élançaient dans le couloir. Les pires scénarios se jouaient dans sa tête, agrémentés de sang et de souffrance.

— Qu'est-ce qu'il a ? interrogea-t-il d'une voix blanche.

— Il n'arrive pas à se débarrasser de l'autre, là... Maïssa.

Valérian se figea au milieu de l'allée, incrédule. Il considéra son ami, sans savoir s'il avait fait exprès ou non. Emyr montrait parfois un côté si naïf qu'il ne savait pas s'il était sincère ou manipulateur. Aussitôt, son cœur s'allégea au point qu'il lâcha un éclat de rire. Il devait donc voler au secours de son amant, qui ne parvenait pas à se défaire d'une Vampire ?

Il suivit son ami dans les profondeurs de l'école. La chaleur étouffante laissa peu à peu place à une fraîcheur bienvenue, entretenue par les vieilles pierres. Peu à peu, l'obscurité les enveloppa. Valérian plissa les yeux, tentant s'apercevoir les marches devant lui, mais bientôt il fut obligé de s'arrêter. Il scruta les ténèbres devant lui, mal à l'aise devant cet inconnu qui s'étendait devant lui. Il n'avait jamais eu l'occasion de se rendre dans cette partie du château, si bien que son Don se révélait d'aucune utilité. Il savait simplement qu'Elijaï se trouvait plus loin, droit devant.

— J'y vois rien, souligna-t-il.

— Oh, désolé, pouffa Emyr en attrapant sa main pour le guider.

Ses yeux lupins luisaient faiblement dans le noir. Valérian lutta pour ne pas se dégager, alors que ses joues chauffaient. Jamais il n'avait tenu la main d'un autre garçon qu'Elijaï. Ce simple geste lui paraissait si intime. Pourtant, chez les Loups, il ne posait aucun problème au sein de la meute. Réticent, le futur Messager consentit tout de même à le suivre. À lui faire confiance. Il se laissa guider, appréciant le fait qu'Emyr ralentisse pour facilité sa progression. Ce n'était pas le moment de se tordre une cheville et de dévaler les escaliers.

Le Requiem du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant