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Azeyïa

J'aurais tout imaginé sauf qu'Oumaya puisse me tourner le dos. On se connaissait depuis petite et en elle je trouvais une sœur que je n'avais pas. Elle venait d'enterrer plus de 10 ans d'amitié.

J'en ai pleuré ! Je compte pas les soirs où je me suis enfermée dans la salle de bain en pleurant toutes les larmes de mon corps et en me répétant que ma vie était finie, et que j'allais sûrement finir au bled. Et le seul qui venait me voir c'était mon grand frère Habib. Ali était partit rejoindre sa femme et Marwan était beaucoup trop occupé avec les cours...ma mère ne me parlait plus, et ça ça blesse !

Un samedi, yemma m'avait donné une liste de course à faire car elle voulait faire un repas à la maison le soir même. Je suis sorti de l'appartement et c'est comme d'habitude, tête baissée que je suis allé faire les courses.

En faisant la queue, j'ai senti une main sur mon épaule. Je me suis retournée et c'était khelti Nassma, une des copines à ma mère.

Moi - Selem Alekoum khelti...

Elle - Alekoum Selem ma fille, ça va ? Ça fait longtemps !

Puis on a discuté tout le long de la queue. Elle m'a parlé de son fils Ibrahima, qui faisait des études de médecine et qui cherchait une femme. Pendant son récit, je me suis dit «miskina mama, jamais elle pourra se venter comme ça de la situation de ses fils...». Enfin bref, j'ai écouté ma tante parler de son fils et de son avenir déjà tout tracé quand Isra et deux copines à elle, sont entrées dans le magasin.

En premier lieu, elles ne m'ont pas vu, mais moi si. Jusqu'au moment où l'une des copines à Isra, lui a chuchoté un truc à l'oreille et qu'elle s'est tournée vers moi avec un petit sourire presque moqueur au coin des lèvres.

Elle - EH C'EST PAS TOI LA PUTE A KARIM ?

Et puis boum. Tous les regards se sont tournés sur moi. Ma tante m'a regardé avec l'air étonné. J'avais les jambes tremblantes et la gorge trop nouée pour arriver à répondre quoique ce soit.

Elle - MDRR TA VIDÉO ELLE A TOURNÉ PARTOUT !

Puis elles se sont mises à hurler de rire et elles sont parties. Mes larmes n'ont pu se retenir. J'ai supplié des yeux la caissière de m'encaisser au plus vite et de ne pas faire durer une minute de plus le calvaire que j'étais en train de vivre.

Une fois encaissée, j'ai balancé un billet de 20 a la caissière qui, elle n'arrêtait pas de me lancer quelques petits regards curieux. J'ai tourné brièvement ma tête vers ma tante et elle m'a regardé avec un air désolé.

Elle - Selem Azeyïa...passe le selem a ta mère pour moi inshallah...

J'ai doucement répondu «selem» puis je me suis empressée de disparaître du supermarché. J'ai filé aussi vite que les plans de ma tante pour me présenter à son fils médecin.

A peine, ai-je mis le pied au sol, que le temps s'est mit à pleuvoir. Je me suis dépêchée de poser ma capuche sur ma touffe bouclée et j'ai allumé mon mp3. J'y avait téléchargé quelques sons de Rohff et j'avais fait la route avec.

En rentrant, j'ai retiré mes écouteurs et ma mère s'est précipitée sur le sac.

Elle - T'as tout pris ce que je t'ai demandé ?

Moi - Oui...d'ailleurs khelti Nassma te passe le salam !

Maman - Hm...elle est toujours aussi mince depuis son divorce ?

Moi - Ouais...

Elle - Hm...saha. Va t'occuper du salon pour ce soir au lieu de rester plantée là !

Qui pour apaiser mon cœur ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant