Azeyïa
Une fois qu'elle est partit. Emma est venue à moi avec les yeux remplis de question.
Emma - Elle te voulait quoi ?
Et puis je ne sais pas ce qu'il m'a prit mais j'ai enfoncé le papier au fond de ma poche et j'ai répondu :
Moi - Rien...
Emma - Hm...elle était chelou quand même !
Elle s'est rassise et j'ai fait comme si de rien n'était. Deux jours plus tard, j'avais décidé d'appeler le numéro. Il y avait comme une voix dans ma tête qui me chuchotait d'appeler. Pour moi, cette femme était la clé de toutes mes portes.
C'était un vendredi. Le jour de la Jumu'ah. Je m'en rappelle que quand baba était encore en vie, il me réveillait tous les jours pour qu'on aille à la mosquée. Il m'enfilait mon hijab en me répétant «Allah y barek, tu es belle ma fille» et cette même phrase absolument tous les vendredis ! Pour baba, j'étais son bijoux. Que Dieu lui accorde le paradis.
Alors c'est un vendredi que la voiture de Dita s'est garé devant le squat. Emma était partit je ne sais où. J'étais juste devant. Elle m'a fait signe de m'approcher alors j'y suis allé. Elle a baissé la vitre côté passager et avec un grand sourire, m'a dit :
Dita - Bah monte !
J'ai débloqué un sourire avant de grimper dans sa voiture. Avant de démarrer, elle a posé sa main sur ma cuisse et m'a dit qu'elle savait que j'allais la rappeler. Je n'ai pas répondu.
40 minutes plus tard, dans une toute autre ville et au pied d'un bâtiment qui avait l'air abandonné, elle s'est garée.
Elle a retiré sa ceinture et s'apprêtait a descendre mais je l'ai retenue par le bras.
Moi - C'est ici ?
Dita - Oui ! Suis moi !
Je n'ai rien dit. Je l'ai suivi.
Quand nous sommes arrivés dans cet espèce d'appartement, il y avait quelques filles. Pas plus de six. J'ai très vite compris de quoi il s'agissait. J'ai voulu y sortir mais voila...Dita m'a dit que c'était la seule solution pour me sortir de la merde ! Que c'était les minis jupes ou la mort. Je ne voulais pas mourir.
Il y'a quelques mois de cela, j'étais qu'une petite gamine qui jamais, n'aurait accepté ce genre de chose. Là, je l'avait fait. J'avais accepté le pire. Yemma ne m'avait pas élevée comme ça mais bon...j'avais fait beaucoup de chose que yemma ne m'avait pas demandé de faire.
Tout s'est rapidement passé...Dita m'avait sortit de la rue. J'avais toujours cette boule au ventre qui ne quittait pas mon estomac, hormis quand Dita me disait de ne jamais passer à l'acte si je n'en ressentais pas l'envie. Je n'étais obligée de rien.
Je partageais ma chambre avec Soukaina. Mais on l'appelle Souk. Une algérienne de deux ans mon aînée.
Notre «chambre», c'était une toute petite pièce qui avait la taille d'une cellule de prison. Elle n'était composée que d'un seul matelas, partagé à deux et d'un meuble qui avait été transformé en coiffeuse.
Le premier soir, j'avais pris une douche, une vraie ! Jamais je n'avais été aussi heureuse de toucher l'eau. Pour moi, c'était fini, j'avais réussi !
En sortant de la douche, Dita nous avait préparé des sandwichs au poulet. Toutes les filles étaient venues dans ma chambre pour manger avec nous. Elles étaient drôles. Certaines étaient mamans, d'autres venaient juste de quitter le berceau familial.
Au moment du coucher, j'étais sur le dos, la tête dans les nuages et les yeux rivés au plafond quand je me suis mise à repenser à Nour. Trois semaines que je lui avait donné aucune nouvelle !