Azeyïa
Les jours suivants, je voyais Marwa sombrer et ça faisait peur ! Elle ne mangeait plus, ne sortait plus, elle en devenait presque folle ! J'essayais de la remettre sur pied mais je n'étais pas mieux qu'elle...heureusement que Hakim était dans ma vie. Je le redirais jamais assez mais il m'a beaucoup soutenu durant cette épreuve.
Le procès approchait a grand pas. Les filles m'avaient beaucoup soutenues. Zeynab en avait même pleuré. La peur du verdict me rongeait. Je demandais à Allah d'adoucir sa peine peut importe les actes de mon frère. J'avais placé toute ma confiance en lui et je n'ai pas eu tord puisqu'il a bien plaidé sa cause et Habib en a eu pour 4 ans au lieu de 8.
4 ans dont 6 mois avec sursis mais j'ai quand même pleuré toutes les larmes de mon corps. C'était impossible de me dire que mon grand frère allait être enfermé 4 ans avec des criminelles, des violeurs, des gens qui sont tout sauf lui. Même pas une semaine après son incarcération, Ali et Marwa m'ont accompagnés aller le voir. Eux avaient déjà pu le rendre visite. Moi non, j'avais beaucoup trop peur.
Je me suis installée au parloir. Mes jambes tremblaient, j'avais les mains moites, mon cœur battait fort. Quand il est rentré, il m'a regardé tout content.
Habib - Aze...t'es venu ?
Moi - Oui !
Je lui ai souri puis il s'est assit en face. Je lui ai demandé s'il tenait, il m'a répondu que oui, de toute façon il devra tenir pour 4 ans encore. J'ai essayé de lui faire changer un peu les idées...on a parlé 25 minutes de tout et de rien. Il me demandait comment ça allait à la maison, je lui disais qu'on essayait de tenir...puis d'un coup il m'a dit :
Habib - J't'aime hbiba. Wallah j't'aime, j't'aime comme un ouf. Prend soin d'toi et vis ta vie wallah. Je pense tous les jours à toi. Tu me manques grave...prend bien soin de maman aussi. D'accord princesse ?
Moi - D'accord Habib.
Puis il finit par poser un bisou sur mon front. Le surveillant est venu nous annoncer la fin de la visite. Je me suis levée avant de poser un bisou sur sa joue.
Moi - Je t'aime Habib.
Il m'a sourit puis je suis parti...en revenant dans la voiture, Ali m'a demandé comment ça c'était passé.
Moi - Ça va...
Marwa - T'as vu il tient le coup hein ?
Moi - Oui ça va...
Marwa - J'ai vu dans un reportage y'a quelques mois que y'avait des femmes de prisonniers qui skotchaient de la bouffe sur leur cuisses en dessous de leur robes...
Ali a tourné la tête vers elle avant de démarrer.
Ali - Et ? Tu va faire ça toi ?
Marwa - Je sais pas...il a maigrit depuis...
C'est vrai qu'en quelques jours il avait perdu mais Marwa était folle de penser comme ça. Elle pouvait perdre son droit de visite...
Marwa - Et puis...ça se voit qu'ils mangent mal là bas. J'ai un cousin à moi qui y était, il en avait pour 2 ans et miskin il avait perdu plus de 10 kilos.
Quand elle m'a dit ça, j'ai imaginé Habib avec pas 10 mais 20 kilos en moins et j'en ai eu des frissons...je l'avais déjà vécu avec Ali et je ne voulais pas le revivre une deuxième fois.