Azeyïa
On dit souvent que la vie est un choix.
On a le choix d'être une personne bonne ou mauvaise. On a le choix de devenir meilleur que la veille, ou au contraire, être pire que nous même. On a également le choix de garder nos principes ou de totalement nous laisser dévêtir par ce qu'on appelle «la misère». Être une meuf bien ou celle qu'on qualifie de «pute».Moi - Hein comment ça ?
Lui - Bah suce ! Tu crois t'es là pourquoi ?
J'ai remonté mon haut, toute paniquée.
Moi - Je le ferai pas.
Il s'est brutalement levé et a froncé les sourcils.
L'homme - COMMENT ÇA TU LE FAIS PAS ?
Moi - Désolé...
J'ai arrangé mes cheveux, et je suis sorti en vitesse de son appartement. Arrivée au palier de sa porte, mes jambes se sont mises à trembler et j'ai senti des gouttes se poser sur mes joues : je n'en n'avais pas le courage. J'avais perdu.
Je pensais pourvoir le faire mais non. J'ai pris mon téléphone et c'est en larmes que j'ai appelé Dita. Je lui ai bafouillé quelques mots mais assez pour qu'elle ai l'adresse.
Quelques minutes plus tard, j'ai vu sa voiture immobile à mon niveau. Elle m'a fait signe de monter, j'ai obéi.
Elle a de suite reposé son regard sur la route puis a démarré. Et sans même me lancer le moindre regard, m'a demandé :
Dita - Il s'est passé quoi ?
J'ai baissé la tête, en jouant avec mes mains et je lui ai bégayé :
Moi - J'arrive pas...
Elle - Comment ça t'arrive pas ?
Moi - J'ai jamais fait ça ! J'arrive pas ! J'ai pas réussi...
Puis elle s'est mise à rire nerveusement.
Elle - Eh bah tu sais quoi miss je suis trop pudique pour passer à l'acte ? Retourne dans ta merde !
Et ni une, ni deux, elle a accéléré. J'ai relevé ma tête et toute paniquée, je lui ai crié :
Moi - Non arrête !
Elle a tourné le regard vers moi et m'a dit :
Dita - T'es prête ou pas ?
J'ai doucement hoché la tête et elle a dégagé un léger sourire de son visage.
Donc voilà, mi juillet 2013, tout a commencé. Je n'avais qu'une seule option et c'était celle ci. Il ne se passait pas un soir où je ne pleurais pas en pensant à baba. Je me disais «qu'est ce qu'il aurait honte» !
La première fois, elle s'est faite avec un homme qu'on appellera Mehdi. Apparement, il venait souvent. Je suis venue vers lui et il m'a direct ordonné de montrer. Quand je lui ai dit mes prix il m'a sourit en me faisant la remarque je n'étais pas chère.
Je n'ai rien répondu. Il a démarré jusqu'à se garer dans une sorte de forêt, pommée, au milieu de nul part ! Mon coeur s'est mit à battre fort. Il a déréglé son siège et a baissé son pantalon. Je suis restée immobile. Il a tourné sa tête vers moi et m'a balancé :
Lui - Suce.
Moi - Q...ici ?
Lui - Wesh t'es une pute ou pas ? Bah ouais ici. J'les ramène pas chez moi les putes.
Et bim ! L'effet d'un coup de couteau en plein cœur. Mais bon, je devais garder mes sentiments et ma susceptibilité et ne rien laisse paraître. Qu'un droit : obéir.
Ensuite, il est sortit de sa voiture pour faire je ne sais quoi. Je me suis mise à fixer droit devant moi et j'ai ressenti des hauts de cœurs et mes larmes se sont mises à monter. Il est revenu quelques minutes plus tard et m'a balancé des billets en pleine gueule. En rigolant, il m'a dit :
Lui - C'était bien mais pour la communication 0. Vous êtes plus bavardes d'habitude.
Voyant aucune réaction de ma part, il a démarré et m'a déposé. J'ai sauté en dehors de sa voiture et j'ai foncé jusqu'à la chambre. Je me suis enfermée dans la salle de bain, me tirant presque les cheveux.
C'est Dita qui a ouvert la porte et qui m'a rejoint au sol. Elle m'a prise dans ses bras et je me suis complètement effondrée. Elle m'a tapoté le dos et m'a chuchoté :
Dita - Tu va t'y habituer. Arrête de pleurer.
C'était habitue toi et ferme la Aze ! Les semaines passées avec Souk, on était devenues de vraies copines. Elle me comprenait.
Avec Nour on était toujours aussi inséparables et cela même si on se voyait beaucoup moins...quand je lui demandais comment ça allait au quartier, elle me disait souvent que son frère était de moins en moins à la maison et que ça inquiétait beaucoup sa mère. Elle avait peur qu'il termine au placard comme son plus grand frère.
J'essayais de la rassurer comme je pouvais. Moi aussi j'y ai goûté à cette boule au ventre quand tu vois ton grand frère se faire arrêter sous tes yeux, devant le regard apeuré de ta mère qui, pour la première fois de sa vie se sent impuissante. Moi aussi j'ai goûté aux critiques des commères du quartier, mettant la faute sur une maman trop peinée par la disparition de son mari pour tenir une famille. Que ça fait mal ! Ce n'était pas non seulement le grand frère qui était enfermé dans une cellule, c'était la famille.
Après cette discussion avec Nour, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. J'ai tourné la tête et Souk était en train de dormir. Je me suis redressée du lit et j'ai levé mes yeux vers le plafond. Dans ma chambre, je me plongeais dans mon petit monde. Rohff a fond les écouteurs et a moi seule je me refaisais le monde. Mon monde à moi serait le meilleur si baba était encore à mes côtés. Si Ali ne serait jamais rentré en prison. Il ne se l'avoue pas mais sa rentrée en prison a cassé quelque chose dans la famille. Ce n'était plus que notre grand frère, c'était un voyou ! Et mon monde serait nettement meilleur si je n'avais pas fait la connaissance de Karim. Il a détruit mon monde.
Le lendemain, j'étais avec Souk et Sarah. Sarah c'est une bonne copine à Souk. On était assise sur le trottoir. Souk en train de fumer et Sarah qui se limait les ongles.
On parlait de tout et de rien et comme ça, Sarah m'a dit :
Sarah - T'as 18 piges ! Tu fous quoi ici ?
Moi - Ma mère m'a mise à la porte.
Sarah - Putain...et tu te retrouves à faire ça !
Moi - Je n'ai pas le choix.
Qui pour apaiser mon cœur ?