Le regard fatigué du général s'était radouci alors qu'il regardait sa fille. Elle ressemblait de plus en plus à sa mère hormis pour son côté entêtée, là elle tenait clairement de lui. Mais son obstination risquait de coûter très cher et il ne pouvait ni l'accepter, ni le tolérer. S'il le faisait, cela pouvait entraîner la dissidence.
Evelyne voyait bien que son père faisait de son mieux pour faire vivre ce camp malgré la menace mortelle qui planait continuellement au-dessus. Elle savait très bien pour l'attaque et ses conséquences. Ce n'était pas nouveau même si cela faisait un bon moment qu'ils n'avaient pas encaissés des pertes aussi lourdes. A croire que les machines attendaient que le camp eut repris des forces pour mieux les saper derrière. Une part d'elle comprenait son père et voudrait aller dans son sens mais ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas. Quand sa mère était morte, elle avait crû en mourir. C'était son désir de vengeance qui lui avait permis de survivre. Elle refusait d'imposer ça à son propre enfant. Sans compter la vie que tous menaient dans ce camp. Ce n'était pas une vie d'ailleurs, juste de la survie. Quelle mère voudrait imposer la souffrance, la faim, le froid, les maladies et un combat sans fin à son enfant. Non, elle refusait cette possibilité.
« Je suis désolée papa, mais je ne peux pas. »
Sa colère avait, comme pour son père, fondu comme neige au soleil. Ses épaules basses trahissaient sa fatigue et son épuisement. Père et fille se ressemblaient tellement en cet instant.
« Je comprends tout ça. Je sais tout ça. Mais je ne peux pas. C'est au-dessus de mes forces. Mon rôle n'est pas dans la maternité mais dans le combat. Je ne peux pas t'aider. Et... je pense que tu surestimes grandement mon influence dans le camp. Je ne suis qu'un soldat parmi d'autres. Tu l'as dit toi-même, personne n'est irremplaçable. »
La jeune femme ferma les yeux et poussa un long soupir. Aller à l'encontre de la volonté de son père ne lui plaisait pas du tout. Soldat, elle avait été conditionnée à obéir aux ordres et elle l'avait toujours fait. Mais une part d'elle restait rebelle. A quelques rares occasions qui se comptaient sur les doigts d'une main, elle avait été à l'encontre de son père. Cela ferait une fois de plus.
Elle rouvrit les yeux, contemplant la table et les vestiges de leur repas. Elle n'avait plus faim et n'avait qu'une envie, rejoindre son lit pour les quelques heures qui lui restaient avant de reprendre son poste à la frontière extérieure. C'était là qu'était sa place. ça l'avait toujours été.
L'homme se redressa. La fatigue s'effaça presque instantanément de son visage. Le général était de retour, renvoyant le père dans l'ombre. Son regard s'assombrit de nouveau, rendant ses pupilles presque noires. Cela ne présageait rien de bon. Evy le savait. Ce n'était pas un signe de résignation chez lui mais de détermination. Il avait pris une décision et rien ne le ferait désormais changer d'avis. Les yeux fixés sur lui, elle se demandait bien ce qu'il allait bien pouvoir dire ou faire. L'inquiétude la fit frissonner. Elle savait très bien que cela n'augurait rien de bon.
« Étant donné que tu ne sembles pas capable de te raisonner, je vais devoir le faire pour toi. La population étant moindre, la loi S va devoir être remise en application de façon stricte. Toutes les femmes seront relevées du service actif. Elles seront cantonnées à l'intérieur du camp et se limiteront à l'entraînement, la maintenance et l'intendance. »
Evy mit un moment pour accuser le coup. Elle frissonna de plus belle. Elle ne s'attendait pas à ça. Cela signifiait que le terrain, c'était fini pour elle. Elle se sentit submergée par la colère, la frustration et une pointe de désespoir. Ses poings se serrèrent autant de rage que d'impuissance.
« Non ! Tu ne peux pas ! Tu n'as pas...
– Bien sûr que je peux. La loi S est toujours en vigueur, elle a juste été assouplie. Mais il a toujours été clair que si la population devait connaître un déclin, elle reviendrait à son application stricte. Donc, que tu le veuilles ou non, tu seras retirée du service actif. »
VOUS LISEZ
Extinction [terminé - en réécriture]
Science FictionEn 2163, la quasi totalité de l'humanité a disparu suite à l'affrontement contre les machines. Evelyne, avec quelques survivants, cherche à leur résister au sein la dernière cité existante. Aidée par Josh, son ami, et sous les ordres de son père, le...