Chapitre 14 : Emerveillement - Partie 2

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Le dos de Gabriel se décolla du mur et ses pas le menèrent vers une nouvelle porte. Comme toutes les autres, elle était à peine visible, se confondant avec le mur de métal. Elle s'effaça à l'arrivée de l'humanoïde. Ce dernier se retourna, encourageant Evy à le rejoindre d'un simple signe de tête.

« On va où ? lui demanda la militaire tout en suivant ses traces. »

Elle avait déjà eu beaucoup d'émotions aujourd'hui, surtout négatives. Elle ne tenait pas à en supporter de nouvelles. Pour autant, elle suivait son compagnon, preuve de sa confiance.

« Je vous l'ai dit, je vais montrer ce que l'humain a fait de mieux.

– Ça ne me dit pas où vous m'emmenez. »

La lassitude émaillait sa voix tout comme la fatigue marquait ses traits. Elle n'était pas une machine, elle.

« C'est vrai, répondit la voix amusée de Gabriel. Disons que je vous emmène chez moi. »

Les sourcils de la brune se froncèrent devant cette réponse sibylline. Ce n'était pas chez lui cette bâtisse ? Il était vrai qu'elle ne lui avait jamais demandé où il dormait. Mais comme c'était une machine, elle s'était surtout dit qu'il ne devait pas dormir et donc qu'il n'avait pas besoin de chambre. Vraisemblablement, elle avait faux sur toute la ligne.

Elle franchit la porte qui ouvrait sur un sas d'à peine quelques mètres carrés. Il n'y avait de la place que pour deux, peut-être trois personnes. Le métal blanc était omniprésent et cette fois, aucune verdure ne venait contrecarrer la couleur immaculée. La lumière crue des néons ne faisait que renforcer cette impression malaisante.

Gabriel s'écarta alors légèrement dévoilant l'autre bout de la cellule. Une issue qui dénotait avec tout le reste. Cette fois, c'était une porte bien visible qui se trouvait sous ses yeux. Le bois vieilli s'ornait de multiples volutes et entrelacs. La brune n'avait jamais vu une telle chose jusque là. Des dorures apparaissaient ça et là, renforçant l'impression de creux ou de bombé des ornements.

Ce qui attira le plus le regard sombre fut la gravure centrale, une figure féminine, les mains jointes et les ailes déployées. Un ange probablement. Les cheveux longs cachaient son visage. Seule sa bouche, aux lèvres délicatement ourlées, était visible.

La patine du bois montrait que la porte était loin d'être de première jeunesse. Pourtant, chaque dessin était admirablement conservé. Un élément qui dénotait dans ce sas et même dans tout le bâtiment. Il apportait une touche d'humanité et de vie à cet endroit.

« C'est magnifique ! »

Evy n'avait pu contenir son admiration face à cette relique. Entre les portes de métal rouillées du camp et celles, ultra modernes, de la bâtisse des machines, le morceau de bois était insolite.

Son œil se posa sur l'androïde dont le faciès était illuminé par un large sourire. Il était évident qu'il se réjouissait de la réaction de la jeune femme. Un sourire contagieux.

« J'ai réussi à récupérer cette porte il y a plusieurs décennies.

– Mais... Pourquoi ? La combattante ne voyait pas ce qui aurait pu pousser Gabriel à garder un élément pareil.

– Alors que les miens nettoyaient ce monde, j'ai voulu récupérer des vestiges de l'humanité. Il y avait trop de choses extraordinaires qui méritaient de survivre à la destruction et au passage du temps. Je voulais aussi que les vôtres puissent connaître le monde ancien. Qu'ils puissent connaître leur histoire.

– Vous croyez vraiment que les miens méritent une seconde chance ? »

Evy ne pouvait éliminer ses doutes. Son front se constella de légères rides. Les images de la journée affluaient de nouveau dans sa mémoire. Les machines avaient peut-être raison.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant