Extinction [terminé - en réécriture]

Chapitre 16 : Explications - Partie 3

Le bruit fit sursauter Evy. Elle n'avait plus entendu de porte claquer depuis son arrivée ici. Soit les portes s'ouvraient seules, soit Gabriel les ouvrait et les refermait avec douceur. Le silence s'abattit alors dans l'immense bibliothèque. Un silence pesant qui oppressa l'humaine.

Gabriel allait peut-être revenir. Evy alla s'asseoir, observant l'escalier et la porte de bois. Même si elle ne voulait pas l'admettre, elle avait blessé l'androïde. Sa réaction avait été tellement humaine. Partir en claquant la porte, Josh l'avait déjà fait. Elle aussi. Un signe de contrariété tout autant qu'un refus de communiquer.

Elle ne parvenait pas associer cette façon d'agir, humaine, à Gabriel qui était une machine. Il lui avait pourtant montré à de multiples occasions qu'il avait un côté très humain. Pourtant, la colère de la militaire avait pris le dessus sur tout ça. Le fait qu'il sache tout d'elle, qu'il ne lui ait rien dit et pire que tout qu'elle resterait en vie si jamais les siens devaient mourir... C'en était trop. Elle avait besoin d'un bouc-émissaire et Gabriel était le parfait coupable.

Les minutes s'égrenèrent sans que l'androïde ne fasse son retour. Immobile les premières minutes, Evy finit par faire les cent pas dans la pièce. La lionne en cage oscillait entre colère, frustration, peur et culpabilité. Son regard naviguait entre la porte et les multiples ouvrages qui ornaient les étagères. Peu à peu sa colère se dissipa, laissant sa place au vide. La pièce était profondément silencieuse. Trop pour la combattante. Les présences de Gabriel et de Max lui manquaient.

Au bout d'une demi-heure, Evy finit par s'asseoir, fatiguée par la situation. Prenant de profondes inspirations, elle chercha à faire le tri dans son esprit. Gabriel, comme le reste des machines, savait tout d'elle et des siens. Contre ça, elle ne pouvait rien faire. C'était de la tactique militaire de base. La seule différence était l'avancée technologique. Si les humains avaient bénéficié de cette même technologie, ils l'auraient utilisée de la même façon.

La jeune femme avait du mal à accepter la situation, celle d'être dans le mauvais camp, celui des perdants. Elle ne devrait pas en tenir rigueur à Gabriel. Comme tout soldat, il appliquait simplement les ordres et ce depuis des décennies. Elle n'avait pas le droit de lui jeter la pierre et de se venger sur lui. Le cyborg avait au moins essayé de l'aider. Si elle devait blâmer quelqu'un ce serait l'IA. Et encore, celle-ci était, à l'instar de son père, le général en chef et elle ne faisait que mener ses troupes au combat.

Quant au fait qu'elle-même resterait en vie quelque soit l'issue du procès. Plutôt que d'y voir une certaine clémence, elle avait laissé sa colère éclater. Elle s'en voulait d'être parfois ainsi. Quand elle se sentait prise au piège, plutôt que d'user de logique, elle laissait son côté impulsif prendre le dessus. Sur un champ de bataille, son comportement était exemplaire mais en-dehors, c'était une toute autre histoire.

Dès que le problème la touchait personnellement, elle avait tendance à monter sur ses grands chevaux. Une réaction purement défensive quand ses ennemis, parfois ses amis, appuyaient là où ça faisait mal. Josh l'avait souvent mise en garde en vain.

Si elle faisait le compte, elle avait perdu les pédales à plusieurs reprises ces derniers temps que ce soit contre son père, contre Josh ou contre Gabriel. Pour un peu, elle pourrait crier au complot. Mais c'était absurde.

La combattante se laissa aller contre le dossier de velours bleu, les yeux contemplant le plafond sans le voir. Elle le connaissait désormais par cœur. Elle avait foiré en beauté. Alors que Gabriel cherchait à l'aider depuis le début, elle l'avait envoyé sur les roses sans lui laisser la possibilité de s'expliquer. Tel un lapin pris dans un collet, elle avait juste cherché à s'enfuir quitte à se bouffer la patte pour y arriver.