Chapitre 9 : Renaissance - Part 2

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Une voix masculine la tira de sa contemplation. Un homme souriant venait de faire son entrée dans la pièce. Evy ne l'avait pas entendu arriver. Son attention était portée sur le chien. La porte silencieuse ne l'avait pas aidée à se rendre compte de cette arrivée.

Le chien aboya de nouveau et ne tarda pas à rejoindre le grand gaillard qui venait d'entrer. Evy en aurait presque pleurer. Un humain ! Il y avait d'autres humains. Le camp n'était pas le dernier bastion de l'humanité. Il y en avait un autre. Les ondes radios étaient bel et bien bloquées par les machines comme beaucoup le croyaient.

La brune se rendit compte qu'elle voyait flou. Elle passa sa main sur ses yeux, essuyant ses larmes. Ils n'étaient pas les seuls, pas les derniers. Ils étaient sauvés. La guerre allait enfin prendre fin.

Le chien faisait des joies à celui qui devait être son maître alors que celui-ci traversait la pièce et venait se planter devant la jeune femme. Il ne tarda pas à s'agenouiller tout en caressant l'animal.

« Bonjour Evelyne. Je suis ravi de voir que vous êtes réveillée. J'espère que Max ne vous a pas fait trop peur. Il n'est pas méchant. Allez Max, couchez ! »

A la demande de son maître, le chien se coucha sagement. Sa queue battant toujours joyeusement le sol. L'homme continuait de sourire ce qui contribua à rassurer un peu Evy. Il semblait vraiment content de la voir éveillée.

« Bon... Bonjour. »

Alors même qu'elle avait des dizaines... Non, des centaines de questions à lui poser, Evy se contenta d'un simple et banal "bonjour". Une part d'elle restait sur la défensive. Les années d'entraînement finissaient toujours par prendre le pas sur son enthousiasme. Mieux valait privilégier la méfiance plutôt que de provoquer une catastrophe.

Prudente, laissant ses émotions de côté, elle prit le temps d'observer celui qui lui faisait face, toujours souriant. C'était un homme plutôt grand, aux cheveux bruns et aux yeux d'un bleu étonnant. Plutôt mince, il ne semblait pas spécialement musclé.

Pas un combattant, songea la jeune femme.

Elle savait reconnaître ceux qui, comme elle, allaient sur le terrain ce qui n'était pas le cas de cet homme. C'était étrange. A moins d'un problème physique particulier, tous les habitants du camp subissaient un entraînement intensif dès leur plus jeune âge. Visiblement, dans cet endroit, cela ne semblait pas fonctionner de la même façon. N'étaient-ils pas en guerre eux aussi ? A moins que leur population soit assez importante pour éviter à certains d'aller sur le terrain. Pourtant, cela semblait quand même très étrange à la brune.

« Le sol ne doit pas être très chaud. Vous ne voulez pas aller vous asseoir dans un des fauteuils ? Cela serait plus confortable et je pourrais répondre à vos questions. J'imagine que vous en avez beaucoup. »

C'était un doux euphémisme. Le regard d'aigle observa l'homme se relever et se diriger vers les fauteuils. Le chien regarda son maître puis la jeune femme, semblant se demander avec qui aller. Il finit par suivre l'homme qui avait trouvé place dans l'un des sièges. Le sourire n'avait pas quitté ses lèvres et quelque part, il lui rappelait Josh.

« Josh ! »

Avec tout ça, elle en avait presque oublié son ami. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il était grièvement blessé. Ces cauchemars lui revinrent alors à l'esprit. Le camp et son ami qui brûlaient. Cela la fit se remettre rapidement sur ses pieds et marcha rapidement vers l'inconnu.

« Je n'étais pas seule. Il y avait un ami avec moi. Il.. Il était gravement blessé et il y avait beaucoup d'autres personnes... Ils vont bien ? Vous les avez ramenés et soignés eux aussi ? »

L'homme avait perdu son sourire à l'instant même où elle avait prononcé le nom de son compagnon. Le regard masculin semblait empreint d'une certaine tristesse. Cela n'augurait rien de bon.

Même si la jeune femme s'était rapprochée du duo de fauteuils, elle n'avait pas pris place pour autant. Bras croisés sur la poitrine, son cœur battant à tout rompre, elle observait, inquiète, l'homme au visage grave. Elle attendait la mauvaise nouvelle. Son rêve n'en était peut-être pas un et son ami avait trouvé la mort, comme son père et tous les habitants du camp. Serait-elle la dernière survivante ?

« Joshua Baker a été transporté à l'infirmerie du camp. Il devrait s'en sortir. Votre père est également en vie comme une bonne partie de la population. Le combat a cessé très rapidement après que vous soyez tombée inconsciente. »

Le cœur de la brune reprit un rythme plus régulier en entendant ces nouvelles. Josh et son père s'en étaient sortis. Beaucoup n'avaient pas eu cette chance. Malgré tout, le camp était toujours debout. Il y avait des survivants même s'ils ne devaient représenter qu'une moitié de la population d'avant les dernières attaques.

« Inconsciente... On était entouré par les machines. Josh et moi avons sorti des grenades... elles ont explosé... Josh a été projeté et moi... Elles étaient tout autour de moi. j'en ai tué quelques unes mais ensuite... J'ai eu mal et puis... »

Son regard se posa de nouveau sur l'inconnu. Les machines l'avaient plongée dans l'inconscience. Il venait de dire que Josh et les autres étaient rentrés au camp mais ce n'était pas son cas.

« Où est-ce que je suis ? »

Son ton n'avait plus rien de curieux ou d'amical. Il était froid avec une pointe d'agressivité. Elle fit un pas en arrière, puis un autre et encore un. Elle cherchait à mettre le plus de distance possible entre elle et le nouveau venu.

Le chien jappa la faisant sursauter. Visiblement, il s'étonnait de son recul et de son attitude. Elle le regarda, interrogative. Une espèce qui était censée avoir disparue depuis des décennies ne pouvait pas refaire surface comme ça. Ce n'était pas logique. Rien ne semblait logique à la jeune femme à cet instant.

Le regard sombre se reporta sur l'homme qui n'avait pas bougé. Il restait très calme et son regard avait repris une certaine douceur bien qu'une pointe de tristesse y perdurait. Il laissait la jeune femme mettre la distance qu'elle voulait entre eux.

« Comme vous le craignez, vous avez été capturée par ceux que vous appelez « les machines » mais ce n'est pas ce que vous croyez. Ce n'est pas dans le but d'obtenir de vous des informations. Aucune information ne nous est nécessaire. Nous savons déjà tout du camp et des vôtres. »

Evy avait du mal à encaisser la nouvelle. Capturée, ça, elle aurait pu s'y attendre bien que l'endroit ne fasse en rien penser à une prison. C'était même tout le contraire. Par contre, elle ne s'attendait pas au fait que l'ennemi n'ait pas besoin des informations qu'elle possédait.

« Vous... Vous avez dit « nous ». Vous êtes qui... ou quoi ? »

L'homme semblait parfaitement humain mais un doute atroce s'était insinué dans son esprit. Elle fit de nouveau un pas en arrière, le cœur battant de nouveau à toute allure. Elle sentait le sang pulser dans ses veines, lui faisant presque mal.

Le chien quitta son maître et vint s'asseoir devant elle, une patte levée et jappant tout doucement. Mais la bonhomie de l'animal et sa volonté évidente de rassurer la nouvelle venue n'y purent rien. Evy était désormais sur la défensive, prête à bondir pour attaquer et chercher à s'enfuir.

Cette fois, l'homme quitta son siège et fit deux pas vers elle, les mains bien en vue. Il cherchait à apaiser ses craintes.

« Je ne vous veux aucun mal. Bien au contraire, je suis là pour vous aider. »

Evy avait du mal à le croire vu ce qu'il avait dit un peu avant. D'ailleurs, il n'avait pas répondu à la question qu'elle lui avait posée. Cela ne contribuait pas à le rendre rassurant ou amical.

« Répondez-moi ! Qui êtes-vous ? »

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant