Chapitre 7 : Frustration - Partie 3

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Sans attendre, l'homme commença à ôter ses affaires. Encore une fois, il se faisait la voix de la raison. Evy acquiesça. Elle s'assit sur le lit pour ôter ses chaussures. Avec son bras abîmé, c'était plus laborieux. Elle fit de même avec son pantalon. Josh en avait déposé un autre près d'elle. La plupart du temps, tout le monde dormait habillé dans le camp. On ne savait jamais quand une alerte allait tomber et dans le cas des soldats, il valait mieux se tenir toujours prêt.

« Quand tu auras fini, il faut aussi qu'on soigne ta blessure - Evy grommela - Allons, fais pas ta chochotte. Ça cicatrise bien alors ne te plains pas. »

L'homme n'avait pas tardé à enfiler pantalon et t-shirt propre. Se changer dans la même pièce ne leur posait pas de soucis. Ils se connaissaient depuis longtemps et la pudeur n'était pas de mise entre les soldats. Le côté frères d'armes passait avant tout. Le respect allait donc de soi et si jamais l'un d'entre eux venait à déroger à la règle, il était vite remis au pas par tous les autres. Avoir des tensions alors qu'ils bravaient la mort ensemble, chaque jour, chaque nuit, chaque heure, ce n'était ni acceptable, ni concevable. Dans le pire des cas, le soldat était renvoyé dans l'enceinte interne du camp. C'était rare mais aucun risque ne pouvait être pris.

Josh s'assit à côté de la jeune femme après s'être emparé d'alcool et de linges. L'écharpe enlevée, il défit le bandage, un simple morceau de tissu, et observa les sutures qu'il avait lui-même réalisées.

« Ben c'est pas mal. Pas de pus, pas de sang, pas de gonflement. Ça cicatrise bien. Dans une dizaine de jours, on pourra t'enlever tout ça. »

Evy ne dit rien, se contentant de hocher la tête. Elle ne bougea toujours pas à l'application du tissu imbibé d'alcool. Il avait raison, elle avait eu de la chance.

« L'écorce de saule ?

– Tous les matins.

– Bien. Faudra que tu continues encore quelques jours.

– Je sais.

– Bien. »

Il se moquait légèrement d'elle en jouant les médecins et le sourire vint enfin prendre place sur les lèvres de la brune. Cela faisait plusieurs jours que ce n'était pas arrivé.

« Au fait, il va s'en dire que j'accepte tes plates excuses. Bon j'aurai clairement préféré une scène dramatique, toi en larmes, à genoux, mains jointes, me suppliant de t'accorder mon pardon en disant que pour te faire pardonner tu ferais tout ce que je voudrais mais bon, je vais me contenter de tes simples paroles. T'as vu comme je suis magnanime !

– T'es con surtout quand tu t'y mets.

– Ah mais c'est tout un art d'être con. C'est des années de pratique, de théorie, d'entraînement. Au départ, j'étais normal mais je me suis dit que c'était chiant la normalité. La connerie, c'est plus drôle et je suis devenu un vrai spécialiste de la question. »

Là, Evy rit de bon cœur. Il n'y avait pas à dire, Josh lui redonnait toujours le sourire. Même lorsqu'ils se disputaient, ça ne durait jamais et il trouvait toujours le moyen de dédramatiser la situation.

« En plus, t'avais un sacré exemple.

– Un exemple ?

– Tu lisais pas l'Iliade ? Tu sais le pauvre bouquin que tu as envoyé se fracasser contre le mur.

– Ah si, si. »

En fait, elle était tellement absorbée par ses pensées qu'elle n'avait pas spécialement fait attention au livre qu'elle avait pris. En y réfléchissant, elle se souvenait de sa couverture jaunie et de son titre. Après, elle connaissait très bien ce livre comme quasiment tous les livres que pouvait avoir Josh. Même s'il en possédait un bon nombre, les livres étaient devenus si rares que tous ceux qui existaient dans le camp, elle les avait déjà lus au moins une fois. L'Iliade d'Homère faisait même partie de ses préférés. Elle ne savait même plus combien de fois elle l'avait lu. C'était peut-être pour ça qu'elle l'avait pris parce qu'elle le connaissait parfaitement.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant