Chapitre 23 : Extinction - Partie 1

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Couchée contre le corps sans vie de Gabriel, Evy pleurait en silence. Max était venu la rejoindre, se couchant, lui, sur son maître, sa truffe contre son menton. Espérait-il encore son retour ? Elle, oui.

La jeune femme ne savait même pas si son compagnon avait réussi sa mission. Les machines étaient parties, c'était plutôt encourageant, mais il n'y avait rien d'autre. Pas d'autres signes ou informations quelconques.

Elle aurait peut-être dû rejoindre le bâtiment principal pour savoir ce qu'il en était, mais la peur et la peine la liaient au corps cybernétique. La peur d'avoir échoué et de voir l'humanité s'éteindre. La peine de la perte de l'homme qu'elle avait appris à aimer.

Un « bip » léger se fit soudain entendre dans le silence désormais glacial de la serre. Les papillons avaient déserté l'endroit, profitant des vitres brisées pour s'enfuir, ignorant qu'ils se condamnaient à mort avec le froid.

Evy n'y prêta pas vraiment attention. Elle se serra un peu plus contre le corps qui ne dégageait désormais plus guère de chaleur. Les yeux clos, bardés de larmes, elle rejetait tout ce qui n'était pas Gabriel. Le « bip » se reproduisit plus fort. Evy grimaça et enfonça sa tête dans l'aisselle masculine tel une enfant qui refusait de se réveiller le matin après une nuit difficile. Emmurée dans son chagrin, elle se faisait hermétique à tout élément extérieur.

Pourtant, le son ne semblait pas vouloir la laisser tranquille. Un énième « bip » émergea de l'extérieur de la serre, beaucoup plus fort que ses deux prédécesseurs. Evy grogna mais ne bougea pas davantage.

C'était un comportement plus que puéril, mais elle s'en moquait bien. Qui allait lui dire quoi que ce soit ? Elle avait échoué à sauver le monde. Gabriel s'était sacrifié. Désormais, elle était seule. Alors le « bip », quel qu'il soit, pouvait bien aller se faire foutre.

Ce fut finalement l'aboiement de Max qui tira la jeune femme de sa torpeur. Le chien s'était soudain redressé, émettant un aboiement guttural et puissant. Surprise, Evy s'était redressée. Le golden était désormais tout ce qui lui restait.

Hésitant un instant, le chien s'écarta du corps, aboya de nouveau et commença à avancer en boitillant sur le chemin dévasté par les machines. Il jeta un regard en arrière, couvant l'humaine de son regard sombre, et aboya une nouvelle fois, l'invitant à le suivre.

Malgré ses réticences, Evy se redressa. Elle avait mal partout et saignait aux endroits où les machines l'avaient touchée. Prenant sur elle, elle parvint à se mettre à genoux avant de se redresser complètement. Elle jeta un regard empli de tristesse à Gabriel et finit par suivre le canidé.

Ils mirent quelques minutes à rejoindre l'entrée. Les deux êtres étaient blessés aussi bien physiquement que moralement. Ils avançaient péniblement, la tête basse, le pas lourd et claudiquant.

Nul soleil ne les accueillit. Juste les éclats de verre brisés renvoyaient les maigres lueurs du jour pluvieux. Rien qui ne donnait espoir à qui que ce soit.

Le « bip » se fit de nouveau entendre alors qu'Evy était dehors. Son regard balaya la clairière et se posa rapidement sur l'une des machines qui semblait la fixer à quelques mètres d'elle. L'ennemi ne faisait rien, restait simplement là, l'œil rougeoyant.

Le « bip » irritant reprit et Evy se rendit compte que ce n'était pas la machine qui l'émettait, mais quelque chose d'autre. Quelque chose qui était à ses pieds.

Evy eut un mouvement de recul. C'était une blague ? Cette chose ne pouvait pas encore être là ! La peine se mua soudainement en colère. Serrant les poings, elle avança vers la boîte noire, la même que celle qui avait toujours véhiculé l'Avocat.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant