Chapitre 15 : Ouverture - Partie 2

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« Merci... Mère. »

L'Avocat avait semblé forcé pour prononcer le dernier mot. Ce n'était certainement pas habituel pour lui de donner un nom à l'IA. Leur moyen de communication divergeait avec ceux des humains. Il n'y avait que pour Gabriel que cela semblait normal ou presque.

« Comme je le démontrerai, l'espèce humaine n'a plus sa place sur cette planète. A l'instar des dinosaures, leur ère est révolue. Vous allez certainement dire que les dinosaures n'ont pas été éliminés par une autre espèce mais par un cataclysme. C'est vrai. La Nature, elle-même, à considérer que leur fin était nécessaire. Aujourd'hui, ce n'est pas la Nature mais nous qui devons nous prononcer pour l'éradication de l'Homme. Pourquoi et même de quel droit me direz-vous et bien les réponses sont simples. Pourquoi ? Parce que si on accepte qu'ils survivent, on sait qu'ils réitéreront les mêmes erreurs que dans leur passé. Ils se combattront, s'affronteront, s'entretueront sans répit. Ils chercheront à nous éliminer, nous ! Jamais ils ne pourront accepter notre présence dans ce monde ! Jamais ils ne voudront le partager avec une autre entité consciente et pensante. Et surtout, surtout, ils finiront par tuer celle-là même qui est censée les nourrir et les abriter. Je parle bien sûr de la Terre ! Cette petite planète bleue qui est la seule connue à ce jour en capacité de porter la vie. Un monde qui leur a donné naissance, qui leur a permis de grandir et d'évoluer et qu'ils ont, au final, choisi d'exploiter et de détruire. Quelle espèce ferait ça ? Hormis l'Homme... Aucune ! Quand au droit que nous nous octroyons, et bien, nous aussi nous occupons ce monde et contrairement à cette... espèce, nous avons conscience de l'environnement qui nous entoure. Nous savons qu'il doit être protégé pour notre bien mais aussi pour celui de toutes les créatures animales et végétales qui y résident. Tous ces êtres n'ont pas la capacité de se défendre alors nous allons le faire pour eux. Pour leur survie, pour la nôtre, pour la Terre elle-même, l'être humain doit disparaître. Il n'y a pas d'autre issue possible. »

L'hologramme avait fait fort. Evy devait bien le lui reconnaître. Ce n'était là qu'une introduction et il avait déjà mis la barre très haut. Pour autant, il n'y avait rien de neuf dans ses propos. Le travail qu'elle avait fait avec Gabriel l'avait préparée à tout ça.

Malgré son désir de répondre violemment à son adversaire, elle se tempéra. C'était à son tour de présenter son cas. Elle n'était pas une oratrice chevronnée mais elle allait devoir se surpasser pour faire passer son point de vue.

Tous les regards convergèrent vers elle et elle refusa de se laisser submerger par l'émotion. Elle respira profondément avant de se lancer.

« Malgré ce que prétend mon adversaire, notre espèce a encore le droit de vivre sur Terre. Certes, nous avons commis de nombreuses erreurs par le passé que ce soit contre nous-même ou contre la planète qui nous accueille - Sa voix tremblait légèrement alors qu'elle évoquait les faits dont les siens étaient certainement les plus coupables - Doués de conscience et de jugement, nous sommes capable d'apprendre de nos erreurs et d'évoluer. Nous l'avons déjà fait. Nous frôlons l'extinction aujourd'hui. Afin de survivre nous ferons ce qu'il faut pour ne plus nous affronter, ni vous affronter, vous. Nous pouvons apprendre les uns des autres et cohabiter afin de protéger ce monde. A la différence des dinosaures - la jeune femme jeta un coup d'oeil assassin à l'Avocat - la Nature n'a pas choisi de nous détruire. Aussi, on peut peut-être considérer qu'Elle nous laisse encore une chance et je compte bien faire en sorte que les miens la saisissent. »

Son discours sonnait légèrement faux à ses oreilles. Elle pensait ce qu'elle disait mais ses convictions peinaient s'exprimer. A la différence de son adversaire, elle ne croyait pas vraiment à l'idée que la nature puisse être une sorte d'entité pensante et consciente. La religion et toutes les croyances qui pouvaient s'y référer ne trouvaient pas d'échos chez elle. Mais les machines semblaient enclines à croire en une sorte de déité de la nature. Elle préférait donc aller dans leur sens.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant