Chapitre 12 : Confrontation - part 2

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La voix inconnue ramena brutalement la jeune femme à la réalité. Il ne devait pas y avoir d'autres personnes ici hormis Gabriel et l'IA. Pourtant, c'était une autre voix masculine qui venait de s'exprimer derrière elle. Elle ne tarda pas alors à faire volte-face tout en prenant soin d'essuyer ses larmes d'un revers de sa manche.

« Tu connais les règles, si elle veut partir, elle est libre de le faire. En aucun cas tu n'as le droit de la retenir. »

Le regard d'aigle se porta sur l'homme de haute stature à l'allure soignée qui se dirigeait vers eux. Evy se rendit compte qu'il n'était pas du tout comme Gabriel. Ce n'était pas un androïde. C'était une image comme l'IA, un hologramme ou quelque chose comme ça. La forme n'était pas parfaitement opaque, elle pouvait légèrement voir au travers.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Le ton acerbe de Gabriel surprit l'humaine. Elle ne l'avait jamais entendu s'exprimer comme ça jusqu'à présent. Les bras qui l'entouraient peu de temps auparavant l'avaient laissée se retourner et les mains étaient venues se poser sur ses épaules avec délicatesse. Elle sentit néanmoins une légère pression.

« Je ne l'empêchais pas de partir. J'essayai juste de l'aider à se reprendre et à faire la part des choses. Evelyne a subi beaucoup de chocs en peu de temps. Elle est bouleversée et c'est normal. Il lui faut un peu de temps pour accepter la situation. »

L'inconnu afficha un sourire qu'Evelyne catégorisa immédiatement comme mauvais. Si elle avait encore du mal à déterminer dans quelle case mettre Gabriel, elle n'avait pas la moindre hésitation concernant le nouveau venu. C'était un ennemi.

« Allons, allons, elle a eu bien plus de temps qu'elle n'aurait dû. Si elle veut partir, laisse-là donc s'en aller. Les choses seront alors bien plus simples pour tout le monde.

– Les humains ont besoin de temps pour appréhender et accepter certaines choses.

– Malheureusement. Cela ne fait d'ailleurs que montrer à quel point c'est une espèce primitive et dégénérée qu'il faut éradiquer au plus vite. »

La fille du général se raidit en entendant ses propos. Primitive et dégénérée. La colère vint l'envahir, chassant sa peur et son angoisse comme la mer venait recouvrir le sable. Les doigts de Gabriel pressaient un peu plus ses chairs comme pour la mettre en garde. Malgré son envie de se jeter à la gorge de cette chose, elle se retint préférant la parole à l'action.

« Il me semble que sans cette espèce primitive et dégénérée, vous n'existeriez pas. Je me trompe ? »

L'hologramme perdit son sourire un bref instant mais un nouveau rictus vint ourler ses lèvres fines.

« Non, en effet. Comme quoi, même dans la fange, les roses peuvent pousser. Des pires choses peuvent surgir le meilleur mais de la boue reste de la boue. Elle ne se transformera jamais en la moindre fleur. »

Evelyne serra les dents, contenant encore une fois sans envie d'en coller une à cet individu si peu amen sur l'espèce humaine dont elle faisait partie.

« Tu devrais la lâcher. Elle doit garder son libre arbitre après tout et là, tu sembles l'influencer mon ami. »

La brune se renfrogna. La façon dont il venait de dire le mot "ami" semblait à l'opposé de ce qu'il signifiait. La jeune femme doutait fortement que Gabriel et lui puissent s'entendre. Elle fut pourtant surprise lorsqu'elle sentit les mains abandonner ses épaules. Sourcils froncés, elle se tourna vers l'androïde.

« Il a raison. Vous êtes libre de partir et je n'ai pas le droit de vous influencer. Je suis désolé, Evelyne. »

Gabriel fit un pas de côté, s'effaçant pour lui laisser l'accès à la porte. Le regard sombre de la jeune femme plongea dans le jardin qui baignait dans une légère brume teintée des couleurs de l'aurore. Les fines gouttes de rosée brillaient sous la lumière froide du début du jour. Cela donnait un côté féerique au lieu. Le fameux Paradis perdu qu'elle évoquait peu de temps avant.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant