Chapitre 20 : Plaidoyer - Partie 1

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Le cœur de l'humaine battait la chamade et son estomac se tordait dans tous les sens alors que l'hologramme de Mère apparaissait dans la salle de tribunal. Ce serait la dernière intervention avant que la décision finale ne soit rendue par l'entité. La survie ou l'extinction de l'humanité allait se jouer d'ici quelques minutes.

Malgré son mal être et le poids qui reposait sur ses épaules, Evy restait égale à elle-même, droite et prête à avancer son argumentaire. Gabriel et elle avaient travaillé dessus quasiment toute la nuit. De la simple idée à l'élaboration poussée du projet, ils avaient essayé de ne laisser aucun élément au hasard. Ils allaient devoir défendre bec et ongle leur point de vue.

Le plan Jiminy Cricket n'était pas une mince affaire. C'était même une parfaite aberration aussi bien pour les machines que pour les humains mais Evy restait persuadée que c'était le meilleur moyen de sauver tout le monde.

Le regard sombre se posa sur celui qui l'accompagnait depuis le début. Gabriel. L'androïde restait, lui aussi, égal à lui-même. Il ne montrait rien de l'inquiétude qui le secouait. Bien que, à l'inverse de l'humaine, son absence d'organes internes lui épargnait les douleurs gastriques du stress, Evy savait que les tourments qui l'habitaient étaient d'ordre psychologique et tout aussi violent que ceux de la torsion de ses propres intestins.

Gabriel représentait ce qu'il y avait certainement de mieux chez les machines. C'était certainement réducteur car Evy ne connaissait quasiment rien d'autre que lui, l'Avocat ou Mère au monde des machines. Mais c'était la meilleure partie dans tous les cas.

Il apparaissait comme une erreur aux yeux de son frère, l'Avocat. Une machine voulant jouer les humains. Un être hybride, mécanique et biologique, doué de conscience et créé sur le modèle de l'humain. Le dernier de sa génération. Un modèle obsolète et bien trop attaché à son modèle que ce qu'il ne devrait.

Chez elle, on dirait que ce serait une erreur de la nature. Une abomination qui n'aurait jamais dû voir le jour. Pourtant, il était l'avenir de l'humanité. Obsolète pour les siens, il allait devenir le père d'une nouvelle génération d'êtres qui oscilleront entre l'humain et la machine. L'alliance du meilleur des deux mondes.

« Bonjour à tous. Pouvons-nous reprendre ? »

La voix diaphane ramena le regard sombre vers celle qui possédait le pouvoir de vie et de mort sur les siens. Sa gorge se serra alors. La conscience de l'enjeu ne se faisait que trop jour dans son esprit.

« Evelyne ? Êtes-vous prête ? »

L'interpellée ne put émettre le moindre son et se contenta de hocher simplement la tête. Ce n'était pourtant pas le moment de faire une attaque de panique. Ça c'était bon à sept ou huit ans quand on tentait de passer la muraille pour la première fois et qu'on craignait plus de se faire prendre par la général que de se faire tuer par une machine en reconnaissance.

La main de l'androïde vint serrer celle de la jeune femme, essayant de la ramener à l'instant présent. Elle n'était pas seule. Son ange était près d'elle. Il serait là jusqu'au bout et ne la lâcherait pas.

« Si Mademoiselle Wright n'est pas en état de poursuivre, nous pouvons rapidement en terminer. Une issue peut être proposée. J'ai...

– Oh la ferme ! »

Des regards abasourdis se tournèrent en rafales vers l'humaine. Cette fois, plus de blocage ou d'air manquant. Elle avait un dernier combat à mener et ce n'était pas cette saloperie d'hologramme d'Avocat à la noix qui allait tout gâcher.

Son franc-parler avait pris le dessus face à la voix bien trop sucrée de son ennemi. Elle n'avait même pas essayé de se freiner.

Elle savait très bien ce que l'adversaire avait en tête, ce qu'il lui avait proposé peu de temps avant dans le jardin. Une idée qui lui avait trotté dans la tête et bien que l'envie de l'envoyer balader avait été grande, sa part pragmatique l'en avait empêchée.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant