Chapitre 10 : Prise de conscience - Part 1

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Evy était atterrée. Elle avait l'impression que le ciel venait de lui tomber sur la tête. Et c'était un doux euphémisme. Son cerveau peinait à enregistrer toutes les informations que la machine venait de lui donner. Elle secoua la tête négativement. Non, c'était faux ! Tout ça, c'était faux. Cela ne pouvait être que faux ! Il n'y avait pas d'autre option. Cette chose était un ennemi. Il faisait tout pour la convaincre et la retourner contre les siens.

Le sang bourdonnait à ses tempes. Sa peau se hérissait de chair de poule alors même qu'elle avait horriblement chaud. Son estomac se contracta, lui faisant horriblement mal et elle sentit la bile remonter dans sa trachée. L'envie de vomir la saisit brutalement mais elle serra les dents. Non, elle ne serait pas malade. Elle devait foutre le camp d'ici.

Son regard se porta de nouveau sur l'androïde. Il mentait et elle devait fuir. C'était ce qu'on lui avait appris. C'était sa vérité. Il était un ennemi, une abomination et elle, elle était celle qui devait mettre fin à son existence et à celle de tous ses semblables. Peu importait à quoi il pouvait ressembler ou ce qu'il pouvait lui raconter.

Le souffle commença à lui manquer. Son cœur s'emballait sous l'effet du choc psychologique. La tête lui tournait. Elle porta ses mains à ses tempes essayant de résister au malaise qui la gagnait.

Tout cela était faux. Faux. Absolument faux. Toutes ces morts, toutes ces souffrances... Ce n'était pas vrai. Les machines avaient envahi le monde. Elles leur avaient tout pris. Elles les avaient évincées de la terre pour la dominer à leur place. Cela faisait des décennies que le combat perdurait pour que les humains parviennent à s'en sortir, à retrouver un semblant d'existence, pour parvenir à éradiquer cette menace. Ce qu'il disait n'était qu'une manipulation éhontée.

Son souffle se faisait de plus en plus hiératique. Son cœur battait à tout rompre, incontrôlable. Le sang pulsait dans son crâne lui donnant de profondes migraines. Elle se sentit flancher. Ses jambes ne la portaient plus. Elle s'effondra et vomit toute la bile que pouvait contenir son estomac. Le goût acide et l'odeur nauséabonde étaient les reflets de ses sentiments.

Sa vue brouillée lui montrait le sol carrelé, anciennement blanc, couvert d'un jaune biliaire dilué d'eau salé. Elle pleurait. Elle qui ne pleurait que rarement, voilà qu'elle pleurait comme une fontaine. Elle se retrouvait sans force, au bord de l'inconscience. Elle aurait dû s'effondrer par terre mais il n'en était rien.

Une chose humide vint soudain rafraîchir son visage et essuyer une partie de ses larmes. Max se tenait près d'elle, agitant doucement la queue, jappant pour la ramener vers le monde. Ses yeux noirs si expressifs dévoilaient toute son inquiétude alors même qu'elle n'était qu'une parfaite inconnue, une ennemie.

Evy prit soudain conscience qu'il n'était pas le seul près d'elle. Un bras la ceinturait et la maintenait hors de portée du sol. Une autre main retenait ses cheveux et son visage. Un corps se tenait contre le sien, supportant son poids et l'empêchant de basculer. Un corps chaud comme celui d'un humain. Si elle n'avait pas su, elle aurait crû que c'était un humain. Il agissait comme Josh l'aurait fait. Josh... Elle le revoyait entouré de flammes, estropié et se vidant de son sang, continuant de l'appeler encore et encore. Son ami ne pouvait pas avoir autant souffert pour rien. Non, c'était impossible. Cette chose qui la retenait était à l'origine de tous ces malheurs.

« Lâchez-moi ! Ne me touchez pas ! »

Même si son corps n'avait plus de force, elle était encore en état de parler. Sa voix était très faible mais le ton était clair. Elle refusait que cette abomination puisse l'aider d'une manière ou d'une autre.

« Je sais. Je sais ce que vous ressentez et j'en suis désolé. Je sais que vous ne me croirez pas mais je ne peux pas vous abandonner. Pas maintenant. Vous avez besoin de moi et si vous voulez que tous ceux à qui vous tenez survivent, il vous faudra accepter mon aide même si cela vous révulse. Vous pouvez me haïr autant que vous voulez, je le comprendrai parfaitement mais vous ne devez pas me considérer comme un ennemi. Pas maintenant alors que le temps nous est compté. »

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant