Chapitre 18 : Sentiments - Partie 1

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« Mais Evelyne, qu'est-ce qui vous ... »

La levée autoritaire d'un index coupa court à la question de Gabriel. Evy avait esquissé un simple demi-tour pour faire rapidement face à l'androïde et lui intimer le silence. Assurée de ce fait, la militaire reprit la tête du duo, avançant rapidement dans les couloirs afin de rejoindre les appartements de l'androïde.

Cette fois-ci les rôles étaient inversés, elle devant et lui qui la suivait. Loin de traîner les pieds, le pas de la militaire était rapide et affirmé. Une oreille avisée et connaisseuse aurait trouvé une pointe d'enthousiasme à sa façon de marcher. Un nouvel espoir avait trouvé une place dans le cœur de la jeune femme.

Evy avait quitté la salle d'audience sans donner la moindre explication à Gabriel et il y avait une raison à cela, la crainte des oreilles indiscrètes. Bien qu'omniprésente, la jeune femme considérait que l'IA ferait preuve d'une certaine discrétion et ne chercherait pas à en savoir plus sur les raisons qui l'avaient motivée à demander un ajournement.

Par contre, l'Avocat n'aurait pas autant de scrupules. La colère avait figé ses traits lorsque Mère avait accepté de reporter l'audience. Il ne faisait pas partie du système lié à Mère mais la combattante n'avait aucune idée des endroits où il pouvait se trouver et potentiellement l'espionner. Elle se sentirait en sécurité seulement dans les appartements de Gabriel. L'androïde ne laisserait certainement pas son frère ennemi s'introduire chez lui.

La militaire descendit quatre à quatre les escaliers avant d'atteindre la porte en bois et la pousser avec force, tenant assez peu compte de l'ancienneté de ce vestige. Elle respira en se retrouvant en haut des escaliers métalliques. C'était presque comme si elle rentrait chez elle. Un aboiement joyeux l'accueillit. Le pauvre Max était resté seul une bonne partie de la journée. Son maître avait dû le ramener après sa balade du midi.

Cela rappela douloureusement à l'esprit de la combattante qu'elle allait devoir présenter des excuses à l'androïde. Ce dernier les méritait après tout ce qu'elle lui avait dit. Elle avait d'autant plus honte de son comportement que, comme l'IA l'avait prédit, il était bel et bien revenu l'aider. Sans lui, elle n'aurait pas réussi à faire face à l'Avocat.

Elle descendit rapidement gratifier Max de tout un tas de câlins et de gratouilles. La boule de poils lui avait manqué. L'animal ne se gêna pas pour se mettre sur le dos, les quatre pattes en l'air, pour profiter de ce moment.

« Bien maintenant que nous sommes ici, vous pourriez peut-être m'expliquer ce qui vous est passé par la tête pour demander une suspension à Mère ? »

Loin de marquer la moindre colère, c'était plus l'incompréhension qui habillait les paroles de Gabriel. Cela arracha un sourire ravi à l'humaine. Pour une fois que l'androïde ne parvenait pas à suivre ses pensées, c'était amusant et surprenant à la fois. Cela démontrait que malgré leurs capacités, les machines avaient des limites. Elles ne pouvaient pas tout imaginer.

Le cyborg l'avait rejointe en bas des marches, le regard décontenancé et les bras ballants. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Evy le regarda avec un sourire qui courait d'une oreille à l'autre.

« Evelyne... Vous me feriez presque peur... - mais son propre sourire montrait qu'il était plutôt ravi de la situation - Visiblement, vous avez eu l'idée du siècle.

– Vous n'avez pas idée. A ce niveau, c'est même carrément l'idée du millénaire mais je m'emballe peut-être pour rien. Je ne sais pas dans quelle mesure ce serait possible... »

Le regard sombre se perdit dans la contemplation du pelage miel de la fourrure canine. Son idée tournait en boucle dans son esprit.

« Evelyne... Evelyne... - Sans réponse, l'androïde s'approcha et s'agenouilla près de la jeune femme, passant sa main devant le regard absent - Evelyne ?... Evy... »

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant