Chapitre 11 : Apprentissage - Part 3

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A son tour, la brune ne chercha pas à argumenter, se rangeant à la raison de son interlocuteur. Le trio, Max en tête, revint vers l'entrée, laissant la froideur de la nuit derrière eux. Evy apprécia de retrouver la chaleur du bâtiment. Mais au lieu de rejoindre la salle de cours, comme la jeune femme avait choisi de l'appeler, l'androïde gagna une autre pièce, la cuisine, réveillant instantanément le ventre de la demoiselle. La soupe avait été un vrai délice mais depuis elle n'avait rien avalé. Concentrée sur son travail, elle avait laissé de côté ses besoins primaires mais ceux-ci avaient décidé de se rappeler à elle.

La cuisine ressemblait à peu de chose près à ce qu'elle connaissait. C'était plus neuf et moderne mais vraiment très ressemblant. Elle observa l'homme ouvrir les placards et sortir du pain et différents ingrédients. Elle se demanda alors comment il pouvait avoir autant de choses à disposition alors qu'il ne mangeait rien.

« Pourquoi avoir autant de nourriture ? »

La machine ne prit pas la peine de se retourner, se contentant de sortir les ingrédients et de les étaler devant lui.

« Il faut bien que vous puissiez vous nourrir. Comme il avait été décidé de vous faire venir ici, il fallait bien tenir compte de vos besoins physiologiques. Sans eau, sans nourriture, sans sommeil, sans chaleur, vous ne tiendriez pas longtemps. Cela aurait compromis le procès. »

L'explication était simple et efficace. La snipeuse ôta son manteau, le gardant sur le bras, alors qu'elle s'approchait des victuailles. Elle n'était pas capable d'identifier grand chose. Elle reconnaissait le pain du matin ainsi que quelques légumes mais d'autres lui étaient complètement inconnus.

Les gestes de son comparse étaient précis et sans lui avoir demandé quoi que ce soit, il semblait parti pour lui faire son repas du soir. Elle faillit lui demander comment il pouvait connaître ses goûts mais elle s'abstint. Elle se doutait que c'était certainement lié à l'espionnage dont elle et les siens avaient été victimes. Étant une machine, il avait dû mémoriser tout ce qu'il y avait à savoir sur elle et cela la fit frissonner derechef. Savoir qu'une personne possédait autant d'informations sur elle n'était pas pour la tranquilliser. D'ailleurs, si lui possédait autant de renseignements sur elle, son adversaire aussi devait en avoir.

« Vous savez tout sur moi ? Vous et toutes les machines ?

– Oui et non. Comme je vous l'ai déjà dit, je ne lis pas dans les esprits. Ni moi, ni aucun des miens. Effectivement, on vous surveille depuis la création du camp donc on a énormément d'informations sur tous les humains qui y vivent, vous comme les autres. Pour autant, notre surveillance n'est pas totale. Aucun membre du camp n'est sous surveillance permanente.

– Ouais. Enfin, vous en savez quand même beaucoup.

– Oui, c'est une nécessité. Ce que je sais, les autres machines le savent. En fait, les autres machines ne sont pas comme moi. Vous l'avez remarqué, vous n'avez croisé personne d'autre hormis notre mère, l'IA. »

Oui, il avait raison. Evy s'était déjà fait la remarque. Elle n'avait vu personne d'autre que lui dans cet endroit. Cela aurait été ridiculement facile pour elle de s'enfuir si ce n'était la menace mortelle qui planait sur les siens.

« Où sont les vôtres ? »

L'homme arrêta sa préparation un bref instant, esquissant un léger rictus. Evy fut surprise de voir son visage porter le poids d'une certaine tristesse.

« Les miens... Question complexe. »

Il n'en dit pas plus et reprit sa préparation, allumant le four et s'occupant de ses légumes.

« Je ne vous ai pas dit mais il n'y a rien d'animal dans ce que je peux vous préparer. Comme vous êtes la seule humaine ici, il n'a pas été jugé utile d'élever des animaux pour vôtre simple consommation.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant