Extinction [terminé - en réécriture]

Chapitre 16 : Explications - Partie 2

« Que... - elle se gratta la gorge, la sentant particulièrement sèche - Que savez-vous vraiment de nous ? »

Le « nous » n'était pas son premier choix mais elle n'avait pas assez de cran à cet instant pour utiliser l'autre pronom qui lui brûlait les lèvres.

« Tout ou presque. C'est ce que je vous ai dit. On conserve toutes les données possibles, vidéos comme audios. Cela permet de gérer les humains de la façon la plus efficace possible.

– Vidéos... Audios.. Comme les films que vous m'avez montrés ? Vous savez tout de nos conversations, de nos échanges, de nos relations jusque... jusqu'au plus intime... »

Les yeux de jais cherchaient leurs homologues outre-mer. L'humaine voulait qu'il démente ce qu'elle suggérait mais il n'en fit rien, se contentant d'opiner du chef en signe d'assentiment. C'était un nouveau coup dur à encaisser pour la militaire. Elle soupira, épuisée par cette nouvelle découverte.

Evy avait l'impression d'encaisser les révélations comme autant d'uppercuts dans le ventre. C'était épuisant autant physiquement que psychologiquement. Bien que son entraînement militaire lui donnait certains avantages, elle avait l'impression d'être au bout du rouleau. Pourtant, elle devait tenir bon.

« Et moi ? Que savez-vous de moi ? »

Elle avait finalement osé poser la question qui lui trottait dans la tête. Elle connaissait la réponse mais elle avait besoin de l'entendre pour en prendre conscience.

« Comme pour les autres, tout. »

Aucune émotion ne transparaissait dans les paroles de Gabriel. Il ne semblait plus rien ressentir. Du moins, il ne montrait plus rien de ses émotions. Froid, insensible. Voilà des adjectifs qui le caractérisaient bien peu.

« Et j'imagine que toutes ces informations sont à disposition de toutes les machines, vous y compris. »

Un nouvel hochement de tête vint confirmer les craintes de la jeune femme. Evelyne aurait préféré une toute autre réponse. Savoir que les machines savaient tout d'elle ou presque lui donnait la même impression que si elle devait se balader nue devant elles.

C'était même pire. Quelque part cela lui donnait l'impression d'un viol. Pas celui du corps, mais celui de l'esprit et de l'âme. Evy s'entoura de ses bras comme pour se rassurer et former un rempart illusoire face à la violation de sa vie.

Lors de son arrivée, l'IA avait pris l'apparence de sa mère. La combattante avait basiquement pensé que c'était pour la troubler, lui faire du mal. Mais si la mère des machines savait tout de sa vie, cela donnait à réfléchir sur ses réelles motivations et intentions. Cette entité improbable avait choisi de donner une chance à l'humanité. Aussi pourquoi n'aurait-elle pas fait le choix de revêtir les traits de sa mère pour la rassurer plutôt que pour la déboussoler. Une théorie parfaitement valable en cet instant.

A cet instant, la combattante se sentait profondément seule et particulièrement vulnérable car si toutes les machines la connaissaient aussi bien cela signifiait que l'Avocat aussi. Dès lors, il avait de multiples coups d'avance sur elle, sachant comment la déstabiliser. Il y était déjà arrivé. Et si ça continuait comme ça, elle finirait par perdre face à lui.

Son regard finit par quitter le sol, où il s'était ancré, pour revenir sur son interlocuteur. Gabriel savait lui aussi tout sur elle. Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Si elle pouvait admettre ce comportement de la part des autres machines, elle l'acceptait beaucoup moins pour lui.

L'androïde n'avait pas bougé. Il semblait figé dans le salon. Rien dans son attitude ne donnait la moindre information sur son ressenti face à tout cela. Se sentait-il coupable ? Il devrait. Il aurait dû tout lui dire depuis le début plutôt que de jouer sur les non-dits.