Chapitre 3 : Confidences - Partie 2

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« Alors qu'est-ce qu'il a encore fait ? »

Inutile de préciser de qui il parlait. Ils le savaient parfaitement tous les deux et cette fois, ce fut elle qui grogna mais sans la moindre pointe d'humour par contre. Les genoux plaqués contre sa poitrine, Evy frissonnait toujours et se rendait compte que ce n'était pas que la faute du froid. Tout ce qui s'était passé l'avait profondément secouée. Elle soupira, ne sachant pas vraiment par où commencer.

« Il veut que j'aie des gosses. »

Plus direct, c'était difficile mais Evy n'était pas connue pour sa grande subtilité. Quand elle avait quelque chose à dire, elle le faisait que cela plaise ou non. Les frictions de son compagnon s'arrêtèrent brutalement amenant la jeune femme à tourner la tête vers lui.

« Ok. »

Un simple mot lâché sans émotion alors qu'il reprenait son travail de radiateur d'appoint. Evy s'étonnait de son comportement. Il n'était ni offusqué, ni décontenancé, ni choqué.

« Ok ? C'est tout ? »

Il haussa les épaules à son tour.

« Tu veux que je te dise quoi ? Il fallait bien que ça vienne sur le tapis un jour ou l'autre. Ça m'étonne même qu'il ait attendu si longtemps. »

Evy le regarda, consternée. Elle avait toujours tout fait pour éviter le sujet et que son père finisse par comprendre son absence de désir de construire une famille. La jeune femme pensait y être arrivée mais vu le chantage qu'il venait de lui faire, elle avait eu tort. Elle n'aurait jamais pensé que son ami réagirait avec autant de flegme comme si, à l'inverse d'elle, il avait toujours su que le général mettrait bel et bien l'histoire des enfants sur le devant de la scène. D'ailleurs, il ne tarda pas à le lui confirmer.

« Tu croyais vraiment qu'il allait te foutre la paix sur ça ? Evy ! Tu sais pourtant mieux que personne à quel point il tient à repeupler ce foutu endroit. Si tu espérais qu'il te fiche la paix, c'était perdu d'avance. Le général n'est pas réputé pour son sentimentalisme alors je me doutais bien qu'il finirait par te mettre au pied du mur. Ce n'était qu'une question de temps et vu que t'es là, c'est que le temps est venu. »

La jeune femme se détendit légèrement tout en restant renfrognée. Elle n'aimait pas être prise en traître. Pire, elle détestait quand un autre, qui plus est son meilleur ami, se rendait compte d'une chose bien avant elle. Sa mauvaise humeur était d'autant plus forte qu'il avait parfaitement raison. Elle s'était bercée d'illusions, préférant éviter le problème plutôt que de l'affronter.

« Et si je te dis qu'il me fait chanter ? Tu vas me dire que tu t'y attendais aussi ? »

Les mouvements de l'homme stoppèrent net et cette fois, ce fut lui qui tourna son regard étonné vers elle alors qu'elle affichait un petit air triomphant.

« Quoi ? Comment ça ?

– Vu l'attaque qu'on a subie, il veut remettre la loi S en place dans son intégralité.

– Quoi ? Mais on ne peut pas se permettre d'affaiblir nos rangs ! Si on perd les femmes, on sera extrêmement vulnérables. C'est stupide ! »

Evy était ravie de voir que son compagnon était exactement du même avis qu'elle. Mais cette joie fut de très courte durée car cela lui rappelait que son père avait vraiment très bien calculé son coup.

« Et merde !

– Quoi ? C'est quoi le chantage dont tu parles ? Qu'est-ce qu'il veut ?

– Soit je quitte le service de moi-même et je me mets à pondre des gosses pour la cause, soit il rétablit la loi S ce qui, comme tu l'as si justement dit, affaiblira dramatiquement nos rangs.

– Oh le con ! »

Là, la brune ne put s'empêcher d'éclater de rire. Josh plaqua sa main sur la bouche de la jeune femme avant de lui faire un signe de tête désignant le mur d'en face. Mieux valait éviter de réveiller les voisins qui se feraient sûrement une joie de tout rapporter le lendemain.

« Oui, c'est un con, mais c'est un con extrêmement intelligent. »

Sa voix était redevenue basse alors qu'elle se calait contre la tôle, essayant de réfléchir. Ses frissons s'étaient arrêtés grâce aux efforts de Josh. Il ne tarda pas à l'imiter et ils restèrent un long moment épaule contre épaule dans le silence le plus absolu.

« Tu comptes faire quoi ?

– A ton avis ? »

Il ne répondit pas. Ils savaient tous les deux ce qu'il en était et qu'elle avait déjà pris sa décision.

« Pourquoi tu t'es jamais marié ?

– Hein ?

– Ben oui, c'est bien gentil de parler de moi mais et toi ? T'as pas de femme et t'as pas de gosses. Tu fais aussi figure d'exception. A ton âge - elle s'amusa à prendre une voix profonde qui ressemblait à celle de Josh - les hommes sont en couple avec deux ou trois gosses en général. Et toi, rien ou alors je suis pas au courant. »

Elle souriait, un brin taquine. Vu qu'elle n'avait pas le choix, qu'ils le savaient tous les deux et que les dés étaient jetés, autant changer de sujet ou plutôt le reporter sur quelqu'un d'autre. Après tout, elle n'était pas la seule à ne pas avoir créé de famille. Pourtant, Josh ne riait pas. Bien au contraire. Son visage était devenu grave. Son regard bleu avait viré à la nuit. Ce n'était pas quelque chose d'habituel chez lui.

« Quoi ? J'ai rien dit de mal. Si mon père tient tant que cela à repeupler, il pourrait très bien venir te reprocher de ne pas avoir de gosses toi non plus. »

Loin de lui répondre, l'homme se redressa et alla chercher tout un tas de vêtements pour les mettre au sol.

« T'as qu'à prendre le lit, je dormirai par terre.

– Quoi ? Mais non, t'es blessé, je peux très bien dormir par terre.

– D'ici quelques heures tu vas devoir assurer ton cinquième jour de garde de suite. T'as besoin de repos. Moi, je reste au camp. C'est pas grave si je ne dors pas bien. »

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant