Quels souvenirs avaient-elle de son réveil ? La douleur avant tout. Le corps de l'humaine lui faisait atrocement mal. Elle suffoquait, peinait à respirer. L'obscurité était présente et le silence régnait. Elle n'entendait rien.
Paniquée, ses mains avaient bougé, ignorant la douleur, cherchant autour d'elles et heurtant rapidement quelque chose. Un cri inaudible s'échappa de la gorge de la militaire alors que le contact du métal brûlant marquait sa peau.
Cherchant à se redresser, sa tête heurta très vite quelque chose, la renvoyant au sol. La brûlure qu'elle ressentit lui fit comprendre qu'il devait s'agir du même métal.
La chaleur était horrible, lui donnant l'impression de brûler. Ses poumons peinaient à capter les maigres ressources en oxygène. Son esprit s'embrumait petit à petit et elle se laissa aller sur le sol de boue et d'eau.
Ce contact la fit sortir de sa torpeur. Ici, c'était moins chaud. Son instinct de survie prit alors le dessus. Elle devait sortir de là. Dépasser sa peur de ne rien voir et essayer de trouver une issue où s'en était fini d'elle.
Cherchant de nouveau le contact du métal, elle ignora la brûlure et laissa ses mains descendre dans l'eau et la boue. Le métal avait refroidit au contact des deux éléments. Cherchant le point de jonction, Evy batailla un moment, avant de pouvoir glisser ses doigts sous le métal.
Elle toussa. Ses poumons n'avaient plus d'air. Ils essayaient de se gonfler mais ne trouvaient plus rien. Usant de la force de désespoir, elle parvint à légèrement soulever la masse.
Glissant une main puis un bras, elle se tortilla comme elle pouvait pour au moins sortir la tête. Ignorant son corps agonisant, elle parvint à extraire sa tête et aspira autant qu'elle pu, redonnant un peu de vie à ses entrailles meurtries.
Elle toussa plusieurs fois, cracha et mit quelques instants avant de regarder autour d'elle. Si l'obscurité avait été de mise sous le cercueil de métal, à l'extérieur, la lumière était aveuglante.
Regardant devant elle, Evy mit plusieurs minutes à comprendre ce qui se passait. Du camp, elle ne voyait plus rien. Rien que des flammes qui s'élevaient devant elle et dominaient les herbes hautes qui lui bouchaient encore partiellement la vue.
Se tortillant de nouveau, se contorsionnant, faisant bouger ses muscles comme un serpent qui cherchait à se débarrasser de son ancienne peau, elle essayait de fuir la prison de métal. Elle sentait sa peau céder sous les frottements, ses côtes résister ou céder sous la pression, son bassin accuser le poids de la ferraille, ses cuisses souffrir le martyr avant qu'elle ne finisse par s'extraire totalement de la gangue de métal et ne parvienne à l'extérieur.
Couchée sur le sol, Evy mit plusieurs minutes à récupérer. Son souffle peinait à reprendre un semblant de régularité. Son ouïe ne lui communiquait plus d'informations sur son environnement. De ses cinq sens, elle n'en avait plus que quatre d'actifs dont deux, le toucher et l'odorat, qui étaient bien amoindris.
L'effort lui avait coûté et elle finit par perdre connaissance. Cela ne dura cependant que peu de temps. Sa bouche s'emplissant de boue bloqua une nouvelle fois sa respiration, l'obligeant à revenir à la douloureuse réalité.
Refusant de sombrer à nouveau, la militaire se battit contre elle-même afin de se redresser et de parvenir au moins à s'asseoir. Se mettre debout était bien au-dessus de ses forces.
C'est alors que ses yeux lui livrèrent une vision cauchemardesque. Un cratère s'ouvrait devant la jeune femme qui se rendait soudain compte qu'elle se tenait sur le bord. Un geste malheureux et elle chuterait à son tour.
C'était à croire que l'Enfer avait décidé d'ouvrir sa bouche béante sous le camp et dévorer tous les malheureux qui s'y trouvaient.
L'Enfer était le terme adéquat pour qualifier ce que le regard sombre illuminé par les flammes voyaient. Evy ne pouvait que contempler le désastre. Le camp n'était plus, remplacé par un trou béant qui déchirait la terre. Quant aux flammes infernales, elles dévoraient tout ce qui pouvait rester.
Est-ce que quelqu'un avait pu survivre à ça ? La militaire ne pouvait rien entendre mais l'odeur des chairs brûlées avait envahi son nez, lui donnant la nausée. La bile se déversa sur le sol, se mêlant à la boue.
Tournant la tête pour échapper à la vision d'horreur, son regard fut attiré par des reflets argentés. Evy se rendit alors compte que le métal qui l'avait protégée était les restes de la machine qu'elle avait vu juste avant que tout explose. Elle ne pouvait identifier que quelques morceaux du robot, des câbles et son œil unique désormais éteint. Le métal avait fondu sous l'effet de la chaleur, la protégeant de la déflagration.
Tournant ses yeux imbibés d'eau salée vers les siens, elle ne pouvait qu'assister impuissante au spectacle morbide. Des sons sortaient de sa gorge sans qu'elle puisse les entendre. Des plaintes et des cris dont seul le ciel était témoin. Ses yeux déversaient des flots de larmes qu'elle ne cherchait pas à retenir.
Désabusée, choquée, Evy ne pouvait que contempler l'impensable. Là où le missile se tenait, il n'y avait plus rien. Si, un bref instant, elle avait songé à une attaque des machines, elle était vite revenue à la raison.
Gabriel n'aurait jamais attaqué comme ça. C'était le missile le responsable. C'était évident et monstrueux. L'arme que les humains avaient prévu pour se défendre, venait de leur coûter la vie. Certains parleraient d'ironie du sort.
L'Avocat, s'il existait encore, se réjouirait sûrement devant un tel spectacle. Ses prédictions s'étaient avérées justes. L'Homme, s'il était capable du meilleur, était aussi capable du pire. Et le pire s'étalait sous les yeux d'Evy.
Elle s'était battue autant qu'elle avait pu. Gabriel aussi. Il était allé jusqu'à se sacrifier pour tous les sauver et pour quoi ? Les Humains avaient réussi à faire ce que les machines avaient finalement choisi d'éviter.
Obsédés par leur désir de vengeance et de guerre, ils avaient commis l'irréparable. L'Homme avait finalement atteint le point de non retour. Malgré la seconde chance qui venait de lui être offerte, il avait tout gâché.
L'Homme, cet être étrange, produit d'une lente évolution, fruit improbable d'une Nature fantasque, avait finalement basculé dans l'obscurité, se rendant, seul, coupable de sa propre EXTINCTION.
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Extinction [terminé - en réécriture]
Science FictionEn 2163, la quasi totalité de l'humanité a disparu suite à l'affrontement contre les machines. Evelyne, avec quelques survivants, cherche à leur résister au sein la dernière cité existante. Aidée par Josh, son ami, et sous les ordres de son père, le...