Extinction [terminé - en réécriture]

Chapitre 23 : Extinction - 2e partie

Le ciel s'assombrissait dangereusement. Durant l'entièreté de cette journée, la voûte céleste avait fait grise mine. Aucune lumière n'était parvenue à franchir le flot cotonneux. A croire que même le temps avait décidé de rester obscur. Un temps de deuil.

Evy avançait dans la plaine, seule et frissonnante. N'ayant pas pris la peine de se changer après sa discussion avec le nouveau Gabriel, le froid continuait de la ronger. Son esprit essayait pourtant d'occulter ce point. Le temps pressait et elle devait absolument rejoindre les siens.

Si apprendre que la guerre prenait fin pouvait attendre, ce n'était pas le cas de la vengeance des humains. L'usage du missile était devenu une évidence pour le général et le plan était déjà en cours d'exécution. Loin d'agir avec sa raison habituelle, le dirigeant du camp avait opté pour la riposte de la dernière chance. Voir sa fille disparaître sous les coups des machines l'avait poussé à cette réaction disproportionnée.

La militaire devait désormais intervenir rapidement et empêcher l'usage de l'arme destructrice. Gabriel avait été clair là-dessus. Si le missile était lancé, la riposte serait immédiate. Les machines avaient les moyens techniques et technologiques d'éviter le pire et de faire sauter le projectile en plein vol. Cependant, il serait difficilement acceptable de laisser l'humain perdurer après cela.

Evy avait senti son sang se glacer. Elle avait l'impression de se retrouver dans une véritable boucle temporelle. Un coup, elle parvenait à remporter une bataille et la seconde suivante tout était remis en question. C'était à y perdre la raison. Mais pour le moment, elle s'accrochait encore à cette raison. Son seul objectif était d'atteindre les siens et d'empêcher la riposte.

Gabriel aurait pu laisser les machines annoncer la fin du conflit mais cela aurait été peine perdue. Aucun humain ne les aurait écoutées. Il fallait que ce soit une humaine qui leur apprenne la vérité. Une humaine qui avait leur confiance. Seule Evy pouvait relever ce challenge.

Afin d'apaiser la situation et d'aider l'humaine dans sa mission, la nouvelle entité avait retiré les troupes qui stationnaient autour du camp. Étonnamment cela avait provoqué une vague de peur parmi la population et les soldats au lieu de les rassurer.

Les insectes-machines avaient indiqué à leur père, le nouveau Gabriel, que les humains y voyaient une menace majeure. Le général pensait que les machines s'étaient retirées afin de préparer un assaut final ou utiliser une arme génocidaire. Une crainte qui justifiait encore plus d'utiliser l'arme de la dernière chance.

La peur avait aiguillonné les humains, les rendant encore plus sourds à toute tentative des machines pour apaiser la situation. Seule Evy serait en mesure de les sauver et d'empêcher le carnage. Ils l'écouteraient. En tout cas, la jeune femme l'espérait.

Accompagnée par l'une des machines cyclopéennes, la militaire avait pris la direction de son camp. L'espoir se mêlait à la crainte et son cœur battait la chamade alors que la distance se raccourcissait entre elle et ses semblables.

Le temps semblait suspendu et le ciel couvert annonçait l'orage alors que la nuit commençait à tomber. Seule, Evy aurait eu bien du mal à se repérer mais les machines n'avaient pas besoin de voir. Elles avaient bien d'autres moyens pour s'orienter dans l'obscurité la plus profonde.

Transportée par la machine, il lui avait fallu moins de deux heures pour s'approcher du camp. Pour éviter tout conflit, la machine l'avait laissée à deux bons kilomètres de sa destination. L'éloignement empêcherait les snipers de les détecter afin d'éviter le combat. La jeune femme espérait que cela suffirait.

L'idée lui avait soudain traversé l'esprit qu'elle pouvait très bien finir avec une balle en pleine tête si l'un des soldats, trop chatouilleux de la gâchette ou trop apeuré pour réfléchir, décidait de simplement la descendre, ne voyant en elle qu'un ennemi.