Chapitre 13 : Inhumain - Partie 1

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« Hier nous avons abordé les grands points de l'histoire humaine qui vous manquaient. Je suis ravi de voir que vous avez bien retenu les choses. Maintenant, il va nous falloir approfondir certains éléments, ceux qui sont les plus durs. Je sais que votre adversaire...

‒ Notre adversaire, rectifia Evy. Ce n'est pas que le mien. »

Depuis leur rencontre un peu plus tôt dans la matinée avec le dit adversaire, la militaire s'était montrée plus agréable avec Gabriel. Elle prenait petit à petit la mesure de tout ce qu'il avait fait pour elle depuis son arrivée en ces lieux. Elle restait bien sûr toujours sur ses gardes. On ne reniait pas trente ans d'entraînement en quelques heures. Elle ne faisait pas pleinement confiance à l'androïde mais elle pouvait au moins être un peu plus cordiale. Ils étaient dans le même bateau tous les deux.

Après le moment d'égarement de la jeune femme et leur altercation avec l'entité qui était désormais leur adversaire commun, Gabriel avait ramené Evy dans la salle de cours afin de reprendre leur travail préparatoire en vue du procès. Ils n'avaient plus que deux jours à présent pour tout finaliser. Le temps était un ennemi de plus.

Les propos de l'humaine avait provoqué un sourire plus chaleureux qu'à l'accoutumé chez l'androïde. Un sourire qui illuminait chaque trait de son faciès. Cela toucha sa compagne. Un robot pouvait-il avoir des sentiments ? Il y a peu, elle aurait été certaine que non. Aujourd'hui, elle était forcément plus nuancée. Elle peinait encore à le croire mais le cyborg donnait des preuves, à chaque instant, de cette humanité qu'il semblait posséder. Il n'était pas qu'une simple apparence, une enveloppe ressemble à un humain. Evy avait l'impression que cela allait bien plus loin. Gabriel semblait doué de conscience et de sentiments. Certains diraient même qu'il possédait une âme.

« C'est vrai, notre adversaire et – il accentua à son tour le terme - cet adversaire va user de tout ce que l'humanité a fait de pire dans son évolution pour montrer à quel point votre espèce doit disparaître.

‒ Vous voulez dire les guerres. Notre histoire en est jalonnée. Mais ce sont des faits que l'IA doit déjà connaître. D'ailleurs, elle est à l'origine de l'une d'entre elles. »

Evy se renfrogna alors qu'elle évoquait la guerre apocalyptique qui avait condamné la quasi totalité de l'humanité. Bien qu'elle accepta l'aide et la bienveillance de Gabriel, elle n'allait pas pardonner à l'IA la quasi-annihilation de son espèce. Cette dernière pouvait bien justifier son choix en arguant qu'elle voulait protéger la planète, c'était loin d'être suffisant pour la jeune femme.

« Oui, les guerres mais ce n'est pas tout. Certes Mère possède toutes ces connaissances mais ce n'est pas le côté factuel qui l'intéresse dans ce procès. Son but est plutôt de vous voir vous défendre et vous battre pour les vôtres. »

Evy ne s'attendait pas vraiment à ça bien que cela soit parfaitement logique. L'IA, Mère, avait certainement une connaissance encyclopédique du monde et de son histoire. Elle n'avait pas besoin d'une simple humaine pour apprendre quoi que ce soit. Elle voulait forcément autre chose.

Un bref instant, la soldate se demanda si c'était un jeu pour l'entité. Un moyen de se distraire avant de mettre fin à l'existence des hommes. Mais cela ne tenait pas vraiment la route. Elle abandonna rapidement cette idée.

« Les guerres n'ont pas vraiment de secret pour moi. Je sais à quel point c'est moche et injuste. Parfois, on doit prendre certaines décisions qui ont de lourdes conséquences et qui coûtent des vies. Vous n'allez pas m'apprendre grand chose. »

La brune frissonna. Elle repensait à ce qui s'était passé avec Ricky, le gamin qui avait bravé le No Man's Land. Elle avait choisi de le sauver et plusieurs hommes étaient morts, notamment son ami, Nathan. Elle porterait le poids de cette décision toute sa vie. Malheureusement, ce n'était pas la seule mort qu'elle avait sur la conscience. Chaque attaque, chaque combat, avait eu son lot de morts, de choix, de décisions, parfois bonnes, parfois mauvaises. Alors, oui elle connaissait bien la guerre et n'avait pas besoin qu'on lui rappelle à quel point c'était moche.

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant