Extinction [terminé - en réécriture]

Chapitre 20 : Plaidoyer - Partie 2

L'attention de l'IA était désormais totalement focalisée sur la jeune femme. Il semblait que malgré toutes ses capacités, elle n'avait pas songé à une telle solution. Ou alors, ce qui est plus probable, elle y avait songé mais sans y prêter attention tellement cette proposition semblait aberrante. Mais l'humaine avait battu en brèche cette aberration pour la rendre finalement envisageable.

Le regard de l'humaine chercha celui de l'androïde dans un besoin primaire d'être rassurée et confortée dans le choix qu'elle s'apprêtait à verbaliser. Un sourire rassurant lui répondit. Elle faisait ce qu'il fallait. Reportant son regard sur l'IA, elle répondit d'une voix claire et sereine.

« Oui, en effet. Je serai la première à franchir le pas. Par ma démarche, je pense que plusieurs des miens le franchiront aussi. Les réticences seront nombreuses, j'en suis bien consciente et il me faudra beaucoup argumenté pour les convaincre mais je suis persuadée qu'ils me suivront.

– Votre père s'y opposera Evelyne. Lui et beaucoup d'autres, rétorqua l'IA.

– Je sais. Les plus anciens auront du mal à le comprendre et encore plus à le concevoir mais je compte sur les jeunes générations. La possibilité d'obtenir enfin la paix sera déterminante. Les pertes ont été terribles dernièrement et savoir qu'une autre vie est possible les feront basculer dans mon camp. De plus, tout le monde ne sera pas obligé de subir cette modification. Seuls les volontaires deviendront des gardiens.

– Des gardiens ?

– C'est l'appellation que nous avons choisie avec Gabriel pour désigner ceux qui s'engageraient dans cette nouvelle voie. »

L'air dubitatif de Mère n'était pas pour rassurer la militaire mais elle n'allait pas abandonner maintenant. Si l'IA n'accepte pas cette option, la jeune femme ne voyait plus comment sauver les siens.

« Un brin enfantin non ? La voix mielleuse et moqueuse était de retour. Comme tout ce projet d'ailleurs. Vous inspirez d'un conte pour enfants datant de la fin du XIXe siècle pour tenter de sauver votre espèce, c'est hilarant.

– Je ne vois pas en quoi. »

Evy cherchait à éviter de se mettre en colère. Ce n'était pas le moment de s'énerver contre lui. Elle devait avant tout convaincre l'IA et cela devrait passer par une confrontation avec l'Avocat. Si elle parvenait à le mettre en défaut, Mère verrait peut-être son projet sous un meilleur jour. Bien que, pour l'instant, l'humaine n'ait absolument aucune idée de ce que pouvait penser l'entité suprême.

« Vous n'avez cessé de dire que vous étiez athée pourtant, je pourrai presque croire que vous attendez un miracle.

– Presque, en effet. Appelez le comme bon vous semble et voyez le signe que vous voulez voir dedans, moi je ne veux que la survie des miens. Je ne pense que cela soit particulièrement risible.

– Ce n'est pas le cas mais c'est vous qui le tournez en farce. C'est vous qui avez donné un nom absurde à un projet qui l'est tout autant. C'est vous qui infantiliser ce débat.

– Ce n'était pas le but, répliqua la jeune femme.

– Mais c'est le résultat, jeune fille. Vous vous perdez dans des chimères sous couvert d'histoires à dormir debout censées donner une pseudo conscience à l'humain. C'est ridicule !

– Non, c'est faux. C'est vous qui êtes ridicule. Vous dénigrez les miens, les mettant tous dans le même panier : des criminels, indignes de vivre, indignes de fouler cette planète. Des êtres inférieurs à vous, égoïstes et manipulateurs, moins évolués. Mais dans le fond, nous ne sommes que le miroir de votre propre existence. Sous couvert d'être une machine consciente, évoluée, dotée de grandes connaissances, vous êtes tout aussi égoïste et manipulateur que ceux que vous détestez tant. Je ne crois pas forcément au miracle mais je veux garder l'espoir de voir les miens survivre à tout ça. »