Chapitre 10 : Prise de conscience - Part 3

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Loin de rencontrer une chaire chaude et accueillante, la brune passa au travers du corps féminin et atterrit presque dans le mur, emportée par son élan. Elle se rattrapa de justesse et prit plusieurs secondes à faire volte-face. La mine sombre, le regard accusateur, elle portait un œil mauvais sur l'image falsifiée de sa mère.

« Qu'est-ce que vous êtes ? »

La combattante avait laissé de côté le « qui » au profit du « quoi ». C'était une machine bien sûr et pas sa mère.

« Je ne suis pas ta mère, effectivement, mon enfant. Je n'ai pris que son image. J'ai pensé que cela serait plus facile pour toi de voir une forme amie et bienveillante. Mais je peux en choisir une autre si tu préfères. Celle-ci te convient-elle mieux ? »

Sous les yeux de la brune, la forme se troubla avant de redevenir nette. Cette fois, c'était Josh qui se tenait devant elle.

« Mais...

‒ Ou celle-là ? »

Une nouvelle fois, la forme se troubla et ce fut son père qui se campa devant elle. C'était impressionnant de voir la ressemblance que cette entité pouvait avoir avec les originaux. L'image était plus que fidèle et la voix, parfaitement identique. Evy observait son père, notant que la forme était légèrement translucide et lorsqu'il avait parlé, la voix ne semblait pas venir de l'image elle-même.

« Je pense qu'Evelyne est assez troublée par tout ce qu'elle vient de découvrir. Inutile d'en rajouter. Une forme qu'elle ne connaît pas serait la bienvenue. »

L'homme-robot s'était relevé, Max sur ses talons. La figure paternelle se troubla de nouveau pour laisser la place à une jeune femme blonde d'une trentaine d'année, aux délicat yeux verts et aux lèvres fines. Une silhouette fine et gracile portant une longue robe d'un blanc immaculée. Un visage qui était totalement inconnu à la brune. Cela avait effectivement le mérite de beaucoup moins la perturber. Elle en aurait presque remercié l'androïde.

« Je suis navrée. Mon but n'était pas de te perturber. Je venais m'enquérir de ta santé.

‒ Physiquement, elle se porte très bien. Ses plaies ont été soignées. Le choc psychologique a été beaucoup plus rude. Il lui a fallu plus de temps pour assimiler les choses. »

Evy avait l'impression que l'homme-machine faisait un rapport à sa supérieure. Était-ce le cas ? Elle gardait un œil sur la blonde qui la regardait d'une façon un peu étrange. Elle avait des façons de faire bien moins humaines que son homologue.

« Le temps nous est compté mon ami. Cela doit être réglé au plus vite. D'ici trois jours, il faudra débuter ce procès et ainsi décider du sort de l'humanité. Je ne perdrai pas plus de temps. Il faut passer à autre chose. »

La voix était douce et éthérée, à l'image de la silhouette gracile. Les mots firent doucement leur chemin dans l'esprit d'Evy. Les pièces du puzzle s'assemblaient les unes par rapport aux autres. La vérité la frappa soudain.

« L'IA... C'est vous l'IA ! C'est vous qui avez décidé de détruire l'humanité et de nous laisser comme des animaux, prisonniers d'un camp, obligés de combattre encore et encore ! Comment...

‒ Mais vous êtes des animaux. Des animaux conscients, pensants, mais vous faites parti du règne animal.

‒ Nous ne sommes pas des lapins, des pigeons ou des cafards ! Nous sommes des humains bon sang ! Des humains ! »

La colère inondait le corps de la jeune femme. Elle n'aurait pas imaginé se retrouver confrontée à la fameuse IA qui avait mis fin au monde. Pourtant, elle était là, devant elle, évoquant l'annihilation définitive de l'espèce humaine comme si elle parlait d'éliminer de simples insectes. Comment pouvait-elle parler avec autant de désinvolture d'un fait aussi majeur ?

Extinction [terminé - en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant