Chapitre 72 : Larmes

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La Reine faisait les cent pas devant la chambre de sa mère, Claude adossé contre un mur non loin d'elle l'observait sans vouloir la précipiter. Il savait que cette lettre était à double tranchant, soit elle aiderait la mère de Cyri à aller mieux, soit elle la ferait sombrer encore plus. Le jeune homme comprenait donc parfaitement l'hésitation de sa fiancée.


-Khalid, tu n'as pas besoin de venir avec moi. Je voudrais être seule avec ma mère. demanda Cyri tout en fixant la porte.

-Tout ce que tu veux ma douce. Je t'attendrai ici. N'hésite pas à hurler si tu as besoin d'aide.


La jeune femme se tourna brièvement vers lui pour lui adresser un léger sourire et entra enfin dans la pièce. Elle trouva sa mère assise dans un fauteuil près de la fenêtre. La chambre semblait encore plus triste qu'à sa dernière visite. Cyri s'approcha timidement vers Eirika qui ne l'avait visiblement pas remarqué.


-Bonjour Mère, comment allez-vous ? osa-t-elle avec une petite voix.

-Quand est-ce qu'Arden sera exécuté ?

-Je ne sais pas encore ce que nous allons faire de lui, je dois en discuter avec les ministres et les capitaines avant.

-Comment ça discuter ? Il n'a pas besoin de discuter ! Il a tué le Roi et trahi le Royaume ! Il doit être pendu !


Eirika se tourna enfin vers sa fille qui dut se mordre la joue pour ravaler ses larmes. Le visage de sa mère était encore plus marqué que la dernière fois, ses cernes étaient plus prononcées, ses cheveux détachés masquaient un peu sa peau pâle et ses lèvres semblaient être mordues à sang?


« Arden nous a confié que Père avait des lettres pour nous... J'ai lu la mienne hier et voici la vôtre. »


L'ancienne Reine ne laissa pas Cyri en dire davantage, elle se jeta sur sa fille et lui arracha l'enveloppe. La jeune femme observa les réactions de sa mère avec attention. Au fur et à mesure de sa lecture, le visage de cette dernière se décomposa, inquiétant de plus en plus sa fille. Quand elle eut fini, Eirika leva ses yeux vers Cyri, son corps entier se mit à trembler.


-C'est une blague n'est-ce pas ? Je ne peux pas croire ce qu'il y a écrit dans cette lettre ! bredouilla-t-elle.

-Que vous a-t-il dit ? demanda sa fille de peur d'en dire trop.

-Il me dit qu'Arden a été obligé de le tuer pour sauver le Royaume et que c'était son idée à lui... C'est un mensonge... Cela ne peut pas être vrai...


Cyri resta silencieuse, attendant de voir comment l'ambiance allait changé.


-Il aimait son royaume, il m'aimait tellement et toi aussi ! Il avait tellement hâte d'assister à ton mariage ! Il imaginait déjà comment il serait en tant que grand-père ! Je ne peux pas imaginer qu'il ait été obligé de se faire tuer ! Il avait une autre solution n'est-ce pas !

-Je pense que Père a dû y réfléchir longuement avant de prendre cette décision. S'il est arrivé à cette conclusion c'est qu'il n'avait pas le choix !

-Non ! C'est faux ! C'est une stratégie de ton oncle pour échapper à la potence !

-Mère... L'écriture de Père est particulière, sa signature l'est encore plus. Il est quasiment impossible qu'une personne ait pu l'imiter.

Héros perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant