❛𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑣𝑖𝑛𝑔𝑡 𝑎𝑛𝑠❜ [TERMINÉ]

~Forty-seven

Elle regarda une énième fois le pendentif à son cou, pendant jusqu'à la naissance de sa poitrine.

Les cercles d'or qui s'entrelacaient et semblaient orbiter autour d'un sablier au sable fin.
Allait-elle le faire ? Peut-être que ça n'allait rien changer. Il était là, vivant. Ne pas y aller ne le tuerait pas, l'espace temps ne le permettrait pas. Devait-elle, malgré tout, s'en assurer ? Était-ce vraiment ce qu'elle était censée faire ?

Elle soupira, fermant les yeux pour se concentrer.
Ne pas penser. Agir.

Elle tourna le sablier vingt fois, pour remonter vingt heures en arrière.

L'espace temps se distordit autour d'elle, et les lumières de la pièce s'allongèrent soudain, vagues formes indistinctes qui semblaient prêtes à l'avaler.

Finalement, alors que son estomac menaçait de tout recracher, tout redevint normal.

Avait-elle réussi ? Elle regarda autour d'elle mais rien n'avait changé. Peut-être n'avait-ce pas marché.

-"Dépêche-toi, Thalia !" Entendit-elle hurler et elle fronça les sourcils.

Était-ce bien la voix de Sirius. Elle soupira, commençant à enlever sa breloque sans valeur qui ne marchait pas, lorsqu'elle entendit quelqu'un monter les escaliers du dortoir, et reconnut ses propres pas.

Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus que nécessaire, elle tourna la tête à toute allure à la recherche d'un endroit où se cacher et glissa en vitesse sous le lit de Dorcas.

-"Je sais !" S'entendit-elle répondre et au même moment la porte s'ouvrit à la volée.

Elle vit ses chaussures s'approcher de son lit pour attraper sa baguette, et s'avança un peu plus hors du lit pour tenter de s'apercevoir.

Le parquet grinca sous son poids et son sosie se retourna, fronçant les sourcils en cherchant la provenance du bruit.

Athalia mit sa main sur sa bouche comme si ça pouvait empêcher le parquet de grincer et cessa de bouger, fermant les yeux en espérant que son autre ne la voit pas ainsi.

Mais, heureusement pour elle, la jeune femme était trop pressée pour y faire attention plus que de coutume. Elle redescendit les escaliers et la porte de la salle commune se claqua.

Dire qu'elle se souvenait avoir entendu le parquet grincer la rendait toute chose - alors elle aurait pu se rencontrer avant, si elle avait fait plus attention. Les parallèles la fascinaient, décidément.

Elle se releva, faisant grincer le parquet, et épousseta ses vêtements.

Son regard jeta alors son dévolu sur du papier et une plume près du lit de Lily, et elle sut exactement ce qu'elle devait faire, comme si le destin l'aidait à s'accomplir. Elle s'y avança, attrapant la plume de sa main droite, et inscrivit les mêmes mots qu'elle avait lu quelques dizaines de minutes auparavant - ou des dizaines d'heures plus tard.

-"Va le sauver." Relut Athalia avant de le déposer sous son oreiller.

Désormais, elle devait partir pour les rattraper avant que tout ne soit trop tard.

Elle sortit du dortoir et descendit une marche, mais entendit la voix de James en bas.

Elle ne devait pas se faire voir. Elle grimaça, remontant alors et refermant la porte.

Que c'était contraignant.

Elle leva alors les yeux vers les fenêtres, et eut un nouveau soupir en se rendant compte que la stupidité de ses pensées suivait la contrainte qui l'y obligeait.

Elle y marcha alors et en ouvrit une, sentant l'air s'engouffrer entre ses cheveux.

Valait-il vraiment le coup ?

Elle baissa le regard vers le jardin de Quidditch, en contrebas.

Oui, il le valait. Parce qu'elle l'avait tué, elle se devait de le sauver.

Alors déterminée, elle sauta par la fenêtre, les bras et les jambes écartées, fixant l'herbe qui se rapprochait.

Dumbledore, qui discutait avec Remus et d'autres élèves, leva les yeux vers ce point qui chutait, au loin.

-"C'est Athalia." Murmura Remus les yeux grands ouverts, et il commença à courir mais Dumbledore l'en empêcha d'une main.

-"Laissez-la donc, monsieur Lupin." Il esquissa un léger sourire. "Elle sait ce qu'elle fait."

Remus regarda alors la jeune femme chuter, encore et encore, sentant son coeur se serrer à chaque mètre qu'elle laissait filer, et finalement la vit disparaître.

Il fronça les sourcils, levant les yeux puis les baissant vers le sol.

-"Où est-elle ?"

Dumbledore regarda l'endroit où elle avait disparu.

-"Ailleurs." Souffla-t-il alors.

Et, son transplanage terminé, Athalia atterit effectivement ailleurs : devant chez elle. Ou devant ce qui finirait par être chez elle.

Elle se releva des taillis, grimaçant en regardant ses bras en sang, elle qui était déjà mal en point.

Ne restait plus qu'à entrer dans ledit manoir.

Elle leva une main et en bougea les doigts avec dextérité tandis que sur ses cheveux se dessinait une large capuche qui s'accrocha à la cape qu'elle créait. Finalement, encapuchonnée, elle se fit un masque de Mangemort et s'approcha de l'entrée.

-"Dobby, j'ai une missive urgente."

L'elfe releva les yeux et sa maîtresse eut un sourire tendre sous son masque. Elle le savait proche d'elle lorsqu'elle était enfant, car le coeur le connaissait même lorsque les souvenirs l'avaient oublié.

-"Mot de passe ?" Demanda-t-il alors et elle se tendit.

Le masque n'avait fait que l'enfoncer plus encore.

Elle eut un rire.

-"Le nouveau, ou l'ancien ?" Tenta-t-elle de plaisanter.

-"Le nouveau a déjà été décidé ?" Demanda-t-il alors avant de s'incliner. "Laissez-moi aller le demander à mes maîtres."

-"Ce ne sera pas nécessaire." Elle lui attrapa l'épaule au travers du portail. "C'est urgent."

Il ne dit rien, évaluant la situation.

Puis hocha la tête, s'inclinant de nouveau tandis que le portail s'ouvrait lentement.

-"Bienvenue, Madame." Dit-il de sa voix tendre et elle s'avança, sa cape traînant sur les dalles poussiéreuses.

Oui, elle se sentait la bienvenue, face à la demeure sombre aux allures de tombe et les buissons aux ombres menaçantes.