~Sixty-two

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-"Pose tes affaires là, c'était ma chambre." Il désigna la porte avec son nom gravé dessus, puis désigna le lit. "Tu dormiras là."

Elle hocha la tête, posant ses bagages qu'elle avait rétrécit pour qu'ils rentrent dans ses poches.

Il la regarda faire, adossé à l'encadrement de la porte.

Elle ouvrit les volets, éternuant à cause de la poussière, ouvrant alors les fenêtres.

Elle regarda les affaires laissées ça et là, le toisant d'un regard mauvais.

-"Bon." Il se racla la gorge. "Je vais y aller, je te laisse faire toi-même le tour de la maison."

Il commença à faire demi-tour mais elle accourut et attrapa sa manche.

Il tourna la tête, sentant son coeur battre à tout rompre, espérant qu'elle ne l'entendait pas.

Elle fixait sa main, comme étonnée de son propre geste, puis lâcha sa manche comme si elle risquait d'être contaminé par Dieu seul savait quoi.

-"Oui ?" Demanda le garçon en levant un sourcil.

Elle regarda les oreillers, cherchant quoi dire.

-"Tu pars déjà ?" Demanda-t-elle d'une petite voix. "Je ne sais pas comment marche la cuisine, ou même ce qu'il y a en haut, et-"

-"Tu trouveras comment faire."

Il hocha la tête et commença à repartir mais alors elle attrapa son bras et le serra, l'attirant vers elle.

-"Ne pars pas." Dit-elle en un souffle, et il aperçut des diamants perler aux coins de ses yeux, menaçant de rouler sur ses joues.

Il fronça les sourcils, attrapant sa main avant de la faire lâcher son bras et de lâcher sa main à son tour.

-"Je dois y aller, Thalia. Je ne sais pas quand on se reverra, alors je te souhaite de bien te reposer."

Il sortit de la chambre et elle resta coi sur le palier, regardant sa silhouette s'éloigner des chambres pour se diriger vers les escaliers.

-"Sirius !"

Elle les descendit à toute allure, loupant une marche et s'étalant tout du long sur les marches, rattrapée par Sirius qui la releva violemment, serrant ses épaules en fixant son visage à la recherche de blessures.

-"T'es vraiment-" il s'arrêta en plein milieu de son sermon et eut un soupir avant de la lâcher et de parler plus doucement. "Fait plus attention."

Il continua de descendre les escaliers et arriva à la dernière marche.

-"Arrête-toi, crétin."

Il se stoppa et se tourna lentement vers la jeune femme qui le fixait, sur les escaliers, les poings serrés.

-"Dit-moi ce que tu souhaitais m'avouer."

Il se tut.

-"Je te l'ai déjà dit. C'est moi qui t'ai-"

-"La vérité, Sirius." Son ton froid le fit taire. "Je veux la vérité."

Il ne répondit pas, la fixant, levant les yeux pour voir les siens d'un calme olympien, elle qui courait dans tous les sens quelques minutes plus tôt.

-"C'est la vérité." Mentit le garçon avec une assurance qui l'étonna lui-même.

Elle ne dit rien, regardant ses épaules en avant, sa posture confiante.

-"Vraiment ?" Il perçut un entrain d'espoir.

-"Vraiment." Il entendit presque son coeur s'émietter.

Elle ne dit rien de plus, se mordant la lèvre inférieure, se plantant les ongles dans sa paume.

-"Tu ferais mieux de partir." Dit-elle d'une voix complètement différente. "Il se fait tard."

Elle fit demi-tour et commença à remonter les marches une par une, lentement.

Il la regarda faire, se tournant en même temps que les escaliers en colimaçon pour continuer de l'apercevoir jusqu'à ce qu'elle rentre dans sa chambre et referme la porte.

Il resta en bas, quelques minutes, se demandant ce qu'il devait faire. Avait-il fait le bon choix ? Sans doute. C'était la première fois qu'il se montrait aussi avenant et non égoïste. Parce que, s'il l'avait été, il aurait tout avouer.

Mais qu'aurait-elle fait, une fois ses sentiments révélés ? L'aurait-elle attendu chaque jour au pas de la porte alors que lui devait rester à Poudlard ?

Non, il ne devait rien dire. Remus serait le plus fier de lui, d'entre tous : il était devenu mature. Il eut un léger sourire de fierté, passant une dernière fois la porte de square Grimmaurd.

Puis l'immeuble disparut derrière les autres, et il eut un léger pincement au coeur.

C'était fini.

Elle avait disparu.

                               *****

-"Je suis rentré."

Sirius déposa sa veste sur le porte-manteau, regardant l'entrée terne qui ne lui avait pas manqué - celle de chez-lui, son manoir en-dehors de Londres.

-"Sirius."

Orion, assis dans le grand salon, leva les yeux de son journal pour regarder son aîné s'approcher et embrasser ses joues.

Walburga descendit les escaliers, poussant un elfe qui lui bloquait le passage, et arriva à hauteur de son fils.

Il n'osait rien dire, fixant ses yeux, attendant qu'elle fasse le premier pas.

-"Pourquoi es-tu là ?" Demanda-t-elle froidement et il eut un rire.

-"C'est les vacances de mars, je suis rentré." Il écarta les bras comme pour annoncer la surprise et elle ne parut pas impressionnée.

-"Tu m'as très bien comprise, Sirius. Je te demande ce que tu fais ici, chez moi."

Il ne dit rien, abaissant les bras, regardant son père qui se cacha derrière son journal, son frère qui descendait les escaliers à son tour avec dédain.

-"Chez nous." Corrigea-t-il sur une note d'humour mais elle le gifla.

-"Ne me réponds pas sur ce ton."

Il se tut, faisant soudain demi-tour pour aller se chercher un verre d'eau dans la cuisine.

Walburga s'avança et disparut de son champ de vision, allant certainement s'énerver contre des elfes de maison.

Il termina son verre et le donna à Morroi qui s'occupait de la cuisine, avant d'en sortir en souriant.

Sa mère se tenait devant la porte d'entrée.

La valise du garçon faite, ainsi de deux autres qui ne lui appartenaient pas.

-"Ce sont toutes tes affaires."

Sa mère tapota les bagages de la main.

-"Je ne comprend pas." Dit-il en regardant ses parents tour à tour.

-"Je suis certaine que tu comprends." Elle esquissa un sourire.

-"Je vois." Dit-il après un temps. "On se débarrasse de l'intrus."

-"Seulement de ceux qui souhaitent l'être."

Il releva les yeux vers Regulus, ayant le coeur gonflé d'un espoir vain. Car lorsque ce dernier détourna le regard, ne comptant rien faire, son petit coeur se brisa, silencieux d'une douleur qu'il fallait taire.

Sans un mot il prit ses bagages, ouvrant la porte d'entrée.

-"Bonnes vacances, mère." Ironisa le pauvre Sirius.

Et sa mère claqua la porte en guise de réponse.

❛𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑣𝑖𝑛𝑔𝑡 𝑎𝑛𝑠❜ [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant