❛𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑣𝑖𝑛𝑔𝑡 𝑎𝑛𝑠❜ [TERMINÉ]

~Ninety-seven

-"Ce n'est pas moi le traitre."

Sirius eut une grimace plaintive et elle reconnut là les traits de celui qu'elle avait, dans son passé à lui, aimé.

Il se tourna alors vers elle, comme si soudain il ne restait plus qu'eux-deux, les deux jeunes enfants qui avaient tant grandis désormais, lui ne voyant que l'écart creusé entre celle qui ne le connaissait pas encore et celui qui l'avait déjà connu.

-"J'ai été surpris lorsque tu m'as dit que la carte ne marchait pas, Harry." Remus le fixa, étant entré quelques temps auparavant.

Athalia leva un sourcil, ne comprenant pas.

-"Tu m'as dit y avoir vu quelqu'un de mort." Continua le professeur. "Et pourtant, la carte ne se trompe jamais."

-"Mais il est mort." Argua Harry. "Tué par Sirius Black."

-"Et si c'était faux ?" Demanda l'évadé. "Et s'il était vivant ?"

Il y eut un silence, dans la pièce exiguë.

-"Ce n'est pas moi, le traitre." Répéta l'homme avant de pointer Ron. "C'est lui."

Ron parut soudain apeuré et s'accrocha à la robe d'Athalia qui était toujours assise par terre.

-"Moi ?" Il se tourna vers Harry. "Ne l'écoute pas, c'est faux !"

Sirius roula des yeux, visiblement pressé.

-"Pas toi, imbécile." Grinça-t-il entre ses dents. "Ton rat !"

Et Athalia posa enfin les yeux sur le petit rongeur qui gigotait dans les bras de son maître, tentant de se défaire de son emprise.

Et elle se réveilla alors, en sueur sur son matelas.

Elle tourna lentement la tête vers Sirius qui dormait sur celui d'à côté, ayant désormais la place de tous dormir sur un matelas chacun, à l'exception de Mary qui préférait dormir avec Dorcas parce qu'elle avait peur d'être seule.

Son rêve s'était terminé sur ça, ce qui ne pouvait être une coïncidence.

Sirius ne mentait pas, alors. Cette impression qu'elle avait eut à chaque rêve en voyant ce rat était fondée.

C'était lui, le traitre.

"Remus avait un rat, petit. Il m'a dit qu'il était mort mais peut-être que non, après tout."

Était-ce alors Remus ?

Non, ce n'était pas un simple rat.

C'était plus que ça.

Elle eut un soupir, le cerveau surchauffant, et reposa sa tête sur son oreiller, suant, fixant le plafond qu'elle ne distinguait pas dans le noir du salon.

Ce n'était pas Sirius, alors.

Ce n'était pas lui.

Elle eut un sourire, sur son lit, et chercha la main du garçon, tendant son bras vers son matelas collé au sien.

Et lorsqu'elle la trouva, dans le noir sous les draps, elle la tira, faisant bouger le garçon qui gémit, la tête dans son oreiller.

Alors elle s'avança jusqu'à lui, serpentant sur les matelas, et posa sa tête au creux de son cou, sur ses clavicules cachées par sa peau épaisse.

Et y déposa un léger baiser, comme pour se faire pardonner, empêchant ses soubresauts incontrôlables de réveiller celui qu'elle avait accusé à tort, comme un condamné destiné à sa potence.

Ce n'était pas lui.

Le soulagement de ce savoir l'empêchait de penser à autre chose qu'à cette simple phrase qui tournait en boucle dans sa tête.

Oserait-elle tenter de se faire pardonner ? Elle qui l'avait ignoré durant ces dernières semaines car la simple pensée de le savoir près d'elle lui donnait des frissons de terreur ?

Le simple fait d'imaginer ce garçon trahir les siens l'avait maintes fois dégouté, parce qu'elle avait toujours espéré, à raison désormais, que ce n'était pas vrai.

Qu'il n'était pas ce qu'on prétendait qu'il était.

Parce que l'amour rend aveugle, disait-on, et qu'elle n'avait jamais été assez lucide pour avouer ses doutes aux autres, comme pour continuer à protéger le tout petit garçon aux cheveux ébène qui la fixait de ses yeux si noirs.

Le tout petit garçon qui n'attendait qu'elle, le soir, en vain.

Elle eut un sourire, au creux de son cou, lové entre ses bras mous.

-"Je suis désolée." Chuchota-t-elle et elle sentit son souffle s'échouer sur la peau nue de Sirius. "Je suis désolée."

Il lui sembla que Morphée répondit alors, car le noir fut plus sombre soudain, et tout disparut.

                             ******

Sirius ouvrit un oeil, ayant étonnement bien dormi pour la première fois depuis un bout de temps.

Il tenta de se lever, sentant soudain une masse sur son torse, comme coincé sous un rocher.

Il baissa les yeux, sentant quelque chose gratter son nez, l'enlevant d'une main, toisa les cheveux blonds entre ses doigts sans comprendre.

Puis il baissa de nouveau les yeux vers le visage pâle sur lui, une de ses mains coincée dans les siennes endormies.

Il écarquilla les yeux, se tournant vers les matelas vides autour d'eux, puis vers la table à manger où ils étaient tous assis.

Il croisa le regard de Dorcas qui esquissa un sourire avant de reprendre une gorgée de son café l'air innocent.

Il baissa de nouveau les yeux vers la jeune Athalia affalée sur lui, et sentit ses joues se chauffer, tendrement.

-"Je vais te faire du thé." Murmura-t-il au creux de son oreille. "Avec des pancakes."

Il attrapa son visage doucement et le reposa sur son oreiller, lâchant ses mains pour les caler sous son drap et se lever.

Puis il alla dans la cuisine, guilleret, sifflotant en attrapant les oeufs et les ingrédients, allumant la plaque chauffante, jouant avec le fouet électrique.