❛𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑣𝑖𝑛𝑔𝑡 𝑎𝑛𝑠❜ [TERMINÉ]

~Fifty-eight

-"Cours, crétin !"

Lily attrapa James par le col et le traîna sur le sol, courant à en perdre haleine avant qu'il ne se décide enfin à se redresser pour courir à son tour.

Lucius lança un nouveau sort qui ricocha sur le bouclier de Dorcas, près de leur porte d'entrée.

-"Ne les laissez pas partir !" Hurla Lucius. "Le maître et Severus vont bientôt revenir !"

Regulus lança un sortilège sur Peter et ce dernier s'affaissa au sol, gelé.

Marlène, passant devant lui, hésita un instant à le récupérer, évaluant le poids qu'il rajouterait si elle venait à le porter.

Puis elle soupira, leva sa baguette alors qu'elle était déjà sortie, et le fit voler dans les airs, laissant ses yeux s'exorbiter plus encore sans pouvoir crier lorsqu'il se rendit compte qu'il était bien trop haut dans le ciel pour son pauvre coeur.

-"Dépêchez !" Dorcas resta le bras levé face au manoir tandis que son sort de protection de maintenait toujours, attendant qu'ils soient tous éloignés.

Mais c'était, hélas, sans compter sur les elfes qui savaient transplaner outre son bouclier.

L'un d'entre eux tenta un sort pour décapiter Remus mais Lily l'envoya balader.

-"Dobby, rattrape la fille !" Hurla Lucius, enfermé chez lui par le sort de Dorcas.

L'elfe hocha la tête, posté au portail, et regarda Sirius qui tenait sur son dos une jeune femme à-demi évanouie, se balançant au rythme des pas effrénés du garçon.

-"Ne fais pas ça." Hurla Sirius en le voyant tendre son bras vers eux. "Dobby, ne fais pas ça !"

-"Dobby obéit à ses maîtres." Murmura-t-il alors et il claqua des doigts.

C'était la fin. Ils allaient mourir, lui violemment, elle sans doute heureusement, bénissant celui qui abrégeait ses souffrances.

Mais il n'eut pas peur. Il continua à courir, ses mains tenant la jeune femmes par les jambes, serrant le plus possible pour ne pas qu'elle glisse, voyant ses bras ballants sur ses épaules tombantes. Il continuerait à courir, jusqu'à ce que son coeur s'arrête, que le sort ne s'abatte.

-"Protego maxima."

Une lumière aveuglante.

Quelque chose, derrière eux, envoya valser Dobby contre le portail et s'écraser dans les taillis.

Sirius ne s'arrêta pas pour regarder qui s'était.

-"Alohomora."

Il agita sa baguette devant lui et le portail s'ouvrit, trop lente, trop noble.

-"Dumbledore !" S'écria Lily derrière lui et il eut un léger sourire reconnaissant, continuant sa route sans se soucier des autres.

Il n'y avait qu'une seule personne dont il se souciait en cet instant.

-"Tiens bon, idiote." Souffla-t-il et il passa le portail à toute vitesse avant de transplaner.

                             *****

-"Ne vous en prenez plus à un de mes élèves, Lucius."

Lucius releva la tête vers Dumbledore qui s'approchait, le pas lent, posant une main sur l'épaule de Dorcas qui partit alors.

-"Je ne l'ai pas touché dans l'enceinte de votre école, Albus." Dit alors Lucius en avançant d'un pas assuré. "Vous n'avez donc aucun droit d'entrer ici et de clamer votre menace."

Dumbledore esquissa un sourire et regarda Regulus du coin de l'oeil, déçu soudain.

-"Oseriez-vous toucher à votre enfant ?"

Il ne parlait pas au sorcier, mais à la sorcière droite sur sa chaise, près de lui.

-"Ce n'est pas mon enfant." Rétorqua la jeune femme.

Dumbledore eut l'air plus sombre, comme si ses plans ne se déroulaient pas comme il l'aurait souhaité.

-"N'est-ce pas, dans un futur plus ou moins lointain, votre propre sang ?"

Il avança d'un nouveau pas.

-"Vous êtes certainement son tout premier souvenir, vous et Lucius. Vous êtes ceux qui l'ont vu marcher pour la première fois, qui l'ont aidé à faire ses propres tresses, à utiliser sa baguette, à parler, à rire, à écouter, à dormir sans peluches."

Il les regarda tour à tour.

-"Imaginez-vous, des années plus tard, cherchant votre fille portée disparue sans savoir qu'elle est en réalité avec vos versions plus jeunes. Pourriez-vous vous pardonner, de tuer votre propre fille ? Pourriez-vous vous pardonner d'avoir tué l'enfant de vos versions plus âgés qui sont en ce moment morts d'inquiétude ?"

Lucius ne cilla pas, le coeur léger.

Mais celui de Narcissa menaçait déjà de s'enfoncer, lourd, dans ses propres abysses depuis plusieurs jours. Elle ne voulait pas. Elle reconnaissait, comme un instinct maternel, la fille qui s'était tenue devant elle, droite sur ses appuis, prête à récupérer les amis qu'ils lui avaient enlevé.

Elle reconnaissait en elle ce qu'elle aurait tant aimé reconnaître en l'enfant qu'elle n'avait plus. Avait reconnu en elle tout ce qu'elle avait aimé chez Lucius la première fois qu'elle l'avait rencontré, avait reconnu ce qu'elle aimait chez elle lorsqu'elle se regardait dans le miroir le matin.

Elle était le parfait mélange de l'amour qu'ils se portaient mutuellement. Son enfant qu'elle allait un jour tenir dans le creux de sa main. Peut-être son unique enfant.

Severus n'avait rien vu, dans l'esprit de la jeune femme. Il avait émit l'hypothèse qu'elle avait appris l'occlumancie durant son enfance.

C'était évident désormais qu'elle était la leur.

Leur enfant.

Mais elle n'avait pas le droit de laisser ses sentiments prendre le dessus.

-"Ce n'est pas notre enfant." Répéta la jeune femme.

Dumbledore eut un soupir, regardant Lucius qui ne bougeait pas.

-"Partez, Albus." Dit-il d'une voix morne. "Avant que le seigneur des ténèbres ne reviennent. C'est la seule chose que je puisse faire pour vous aider, et la dernière, en tant qu'ancien élève."

Dumbledore eut un sourire.

-"Je fermerai les yeux sur cet incident, si tant est qu'il ne se reproduise pas à l'avenir." Répondit-il alors.

Puis il fit demi-tour, lentement, et sortit du manoir.

Lucius se tourna vers Regulus.

-"C'est la dernière fois que je te laisse t'en tirer comme ça." Dit-il froidement. "Tenté encore une seule fois de faire évader un prisonnier, et je devrai le signaler."

Regulus fronça les sourcils en le regardant remonter les escaliers les poings serrés.

-"Merci."

Il se tourna vers la douce voix de Narcissa qui sourit à son cousin tendrement.

-"Merci d'avoir sauvé mon enfant." Murmura-t-elle et ses yeux se teintèrent d'une lueur chaleureuse.

Regulus la regarda avec une tendresse qu'il ne se connaissait pas.

-"Je ne l'ai pas fait pour toi, Cissy." Dit-il simplement, et il remonta dans sa chambre sans un autre mot.