~Sixty-eight

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-"Tu t'amuses ?"

Dorcas releva les yeux de son verre pour fixer Sirius qui s'approchait.

-"Et toi ?" Demanda la jeune femme et il eut un soupir.

-"Oui. Mais j'ai une meilleure idée, tu sais." Il la regarda longuement. "Pour fêter la nouvelle année."

Dorcas regarda la maison derrière eux, où tout le monde célébrait les fiançailles de Lily et James en même temps de fêter l'année à venir.

-"Alors parles-en avec tes amis." Elle replongea son regard dans son verre mais il le lui prit des mains.

-"Ils n'aiment pas autant Athalia que toi." Argua le garçon.

Et la jeune femme, bien que feignant l'indifférence, fut toute ouïe.

                           *****

Et, alors qu'elle se levait lentement pour éteindre les bougies, elle entendit les cliquetis familier de la porte au loin.

Et le grincement de celle-ci qui s'ouvrait.

Avec précipitation, elle éteignit toutes les flammes et ouvrit la porte de l'annexe, regardant du coin de l'oeil le couloir sombre à sa gauche.

Si l'inconnu s'avançait, elle le verrait passer par ce couloir pour se rendre dans les autres pièces.

Mais, sans sa baguette, elle ne pouvait rien faire.
Elle savait déjà que ce n'était pas Dumbledore - il aurait tapé trois fois à la porte.

Elle s'avança jusqu'aux escaliers sur la pointe des pieds, relevant les pans de sa robe pour ne surtout pas tomber, et commença à le grimper, faisant attention à ce qu'il ne grince pas, connaissant chaque parcelle de chaque marche, chaque coin qui restait silencieux.

Avec sa forme en colimaçon, elle pouvait se cacher juste au-dessus de l'endroit où il allait se trouver tôt ou tard, et pouvait passer sa tête entre les poutres de bois qui tenaient la rambarde pour l'observer.

Il avait un pas lent, ce qui l'arrangeait car elle avait le temps de s'installer sur les marches, silencieuse.

Mais lorsqu'elle le vit, s'avancer près de l'escalier comme s'il savait pertinemment où il allait, elle remarqua qu'il portait un chapeau large qui cachait l'entièreté de sa tête.

Et lorsqu'il se mit à monter les marches, elle quitta les siennes pour courir se cacher dans sa chambre, trouvant au hasard une cachette derrière la porte, l'esprit embrouillée.

Où était sa baguette ? Elle jeta un rapide coup d'œil dans la pièce mais se rendit compte qu'elle l'avait laissé dans le salon.

Son coeur battait la chamade, elle sentait des sueurs froides sur son front et tentait vainement de calmer sa respiration haletante.

Tout revenait. Sa torture, dans sa propre maison. Le visage livide face à elle, avec des pupilles fendues et une langue de serpent. La facilité avec laquelle il l'avait sous son emprise, la facilité avec laquelle il lui avait brisé chaque os de son corps jusqu'à ce qu'elle craque.

Était-ce lui ? L'avait-il retrouvé ?

Elle préférait s'ôter la vie elle-même plutôt que de subir de nouveau tout ce qu'elle avait enduré.

Compter les secondes qui la séparait de la mort.

Comptez les respirations qui lui restaient.

Comptez les pas qui se rapprochaient.

Elle mit sa main sur sa bouche, sentant un sanglot incontrôlé arriver.

Elle avait passé toute une année seule, et mourait misérablement sur le palier de sa chambre pseudo protégée le jour de l'an.

Qui viendrait la voir ? Son corps allait pourrir ici.

Mais alors elle entendit une porte grincer, et se rendit compte que la personne était allée dans la chambre d'à côté.

Elle s'accroupit lentement, sentant ses jambes trembler, et passa un oeil au travers de la serrure.

L'homme sortit de la chambre presque immédiatement et appela quelqu'un, mais ses battements de cœur l'empêchèrent d'en distinguer un prénom clair.

Un elfe apparut soudain, et elle faillit avoir un arrêt cardiaque lorsqu'elle le vit croiser son regard au travers de la serrure.

Le silence, lourd.

Il allait lui dire qu'elle était là. Allait le prévenir que celle qu'il cherchait l'épiait. 

Il allait ouvrir la porte.

-"Maître Regulus." Dit-il alors en s'inclinant.

Athalia écarquilla les yeux. Regulus. Était-ce vraiment Regulus ?

L'homme enleva son chapeau et le garda en main, se tournant lentement vers la pièce qu'il venait de quitter.

Elle aperçut son visage, bercé par la lumière environnante.

C'était lui. Regulus Arcturus Black.

Elle pouvait ouvrir la porte. Le saluer, lui dire qu'elle était là.

Il l'avait sauvé, lui, risquant sa propre vie pour la sienne.

Mais quelque chose l'empêchait d'abaisser la poignée.

Peut-être la marque sur son avant-bras.

-"Maman a dit de ne pas descendre." Draco attrapa la main de la petite et la tira en arrière mais elle le repoussa et dévala les marches de sa maison en riant aux éclats, tenant sa robe pour ne pas chuter.

Elle posa pied sur la dernière marche et releva les yeux, pétillants.

-"Maman, j'ai eu mes règl-"

Elle eut un hoquet et se tut instantanément, levant lentement les yeux vers le corps qui pendait du plafond, la tête en bas, le sang coulant par goutte sur leur table à manger.

Ses pupilles perdirent de leur éclat, et elle baissa de nouveau les yeux vers sa mère qui s'était dépêchée de sortir de table et de s'approcher d'elle.

-"Remonte immédiatement." Lui ordonna-t-elle d'une voix si froide qu'Athalia eut un spasme.

Sa mère cacha ses yeux avec sa main, mais Athalia aperçut une marque sur l'avant-bras d'un des hommes, et se rendit compte que son père avait exactement la même.

Et, désormais qu'elle y pensait, tous à table avec la même, la fixant de leurs yeux de serpents, prêts à bondir s'il fallait protéger leur secret.

-"Remonte !" Lui dit sa mère avec fermeté, et elle la poussa pour la faire monter.

-"Allons-y, Kreattur."

Regulus remit son chapeau et redescendit les escaliers, suivit par son elfe.

Athalia sortit de sa chambre et courut jusqu'aux escaliers, regardant le garçon qui descendait la dernière marche et repartait en sens inverse.

Son instinct lui criait de ne pas le suivre.

Elle n'avait pas le droit de sortir, et il était un mangemort.

Mais alors elle effleura son cou vide du doigt, espérant y trouver quelque chose qu'elle avait enlevé depuis longtemps.

Et, lorsque la porte d'entrée se claqua, elle dévala les escaliers à son tour.

❛𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑖, 𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑣𝑖𝑛𝑔𝑡 𝑎𝑛𝑠❜ [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant