Chapitre 2

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Maxime

Alice reste dans mes bras. Je la sens se détendre, elle était sur le qui-vive. Son corps a besoin d'un peu de temps pour relâcher tous ses muscles. Elle a toujours eu une confiance aveugle en moi.

L'avoir contre moi, m'apaise, comme si un poids venait de partir. Au plus profond de moi, j'ai toujours su qu'elle n'était pas en sécurité dans une famille, mais en danger juste à côté de moi.

Mon mal être n'était pas qu'en lien avec moi-même mais avec elle. Elle n'allait pas bien, je le savais finalement... j'aurais dû faire autrement... c'est ma faute...

— Maxime, chuchote mon père.

Je tourne la tête, il est accroupi à côté de moi.

— On va devoir l'amener à l'hôpital, elle a des ecchymoses sur tout le corps, des cicatrices plus ou moins ouvertes et différentes traces sur la peau. Elle est beaucoup trop maigre. Il faut qu'elle voit un médecin. Soit, nous appelons une ambulance, soit, nous l'amenons ? Ce que tu préfères, mais elle doit voir quelqu'un aujourd'hui. On ne peut pas attendre.

Je baisse les yeux sur le corps d'Alice et constate seulement maintenant qu'elle est en sous-vêtements et s'est endormie, en sécurité contre moi.



Je patiente dans un box des urgences avec cette petite femme toute fragile dans ce si grand lit.

Couverte d'un plaid, son petit corps détendu s'est blotti contre moi pour emmagasiner de la chaleur. Le trajet en voiture jusqu'aux urgences s'est bien passé. Mon père et Neymar sont venus avec un pick-up chez le Bourreau.

J'attends sur une chaise depuis quatre heures, je crois, j'ai un peu perdu la notion du temps.

Les médecins lui font des bilans complets, ils n'ont jamais vu autant de carences dans un seul corps. Elle a plusieurs perfusions et gémit de mécontentement si j'essaye de retirer ma main. Mes doigts semblent énormes par rapport aux siens. Ses deux mains tiennent la mienne posée sur son ventre.

Avec simplement du glucose et des antidouleurs dans sa perfusion, sa peau a retrouvé une couleur normale, elle est passée de bleue à blanche. Le médecin qui s'occupe de son dossier m'a dit qu'il n'était plus que question d'heures avant que son corps ne lâche lorsque mon père l'a trouvée.

Le cœur d'Alice battait très peu. Il a déjà retrouvé un rythme de 75 battements par minutes, contre 32 quand elle est arrivée. Ne parlons même pas de la tension qui n'a pas pu être faite tant son bras est fin.

La porte s'ouvre, Simon entre le visage blême.

— Non putain... Comment il a pu faire ça !

— Calme-toi, elle a besoin de repos, parle moins fort.

Mon frère attrape la seconde chaise et la rapproche de la mienne. Il se passe une main inquiète sur le visage.

Et toi ? Ça va ? se préoccupe-t-il.

— Étrangement oui. Je la sais en sécurité maintenant. Plus aucun doute, elle est avec nous, elle ne risque plus rien.

Je lui raconte ce que m'a dit le médecin. Il va nous chercher du café et de quoi manger.


La journée passe, ma main n'a pas bougé, Alice la tient toujours. Si ce simple contact peut lui permettre de dormir sereinement quelques heures et de récupérer de l'énergie, je resterai là pendant des jours.

Simon retourne au club à la nuit tombée et une infirmière m'apporte un fauteuil plus confortable.

C'est quand je commence à m'endormir que le bruit des draps en mouvements me fait ouvrir un œil. Je me redresse instantanément.

By-Cœurs 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant