By-Cœurs 3

Chapitre 69

Simon

  Je monte directement en évitant de parler à Elise. Elle n'a pas à encaisser mes souvenirs.

    Elle me rattrape pour en savoir plus.

    — Je te dis que je vais bien.

— Non, non tu ne vas pas bien ! me dispute-t-elle.

    — Je vais bien, j'ai eu besoin de me défouler, c'est bon.
   
    — Quand on doit se défouler, on ne finit pas en garde à vue !

    Je sais qu'elle a raison, mais je n'ai pas envie de parler alors je préfère mentir.
   
    — Elise, je vais bien.

    La voir les larmes aux yeux puis sangloter me fait mal. Je ne veux pas qu'elle connaisse mes pensées noires mais c'est à cause de mon silence qu'elle craque....

    — Approche, tu as eu peur mais je vais bien.

    Elle a eu peur de mon absence, peur de mon corps couvert de bleus et de ma joue ouverte à cause des coups de matraque d'hier.

    Je la serre dans mes bras malgré la douleur. J'ai besoin d'elle, l'avoir simplement contre moi, me soulage. Elle me détend.

    — Je suis désolé, murmuré-je.

    Elle reste contre moi de longues minutes, qui me sont bénéfiques pour m'apaiser, avant de se détacher.

    — Je vais aller dormir, je suis fatiguée, tu viens ?
   
    — Tu me laisses prendre une douche et j'arrive.

    Elle acquiesce et va dans notre chambre.

    Je prends une douche rapide et la rejoins.

    À peine suis-je allongé qu'elle se blottit contre mon torse. Mes bras l'encerclent pour la rapprocher un peu plus de moi. Elle se laisse faire, elle ne m'en veut pas.

    — Ce n'est pas parce que je veux un câlin que je ne t'en veux plus, chuchote-t-elle.

    Le message est clair.

    — Tu m'avais promis d'être toujours joignable, de toujours décrocher si je t'appelais, et tu as laissé ton téléphone ici, sans me prévenir...

    Elle est déçue, je comprends qu'elle le soit, c'est même normal qu'elle le soit. Je crois que je flipperais de potentielles représailles si elle laissait couler sans m'en vouloir.

    Je m'endors avant elle, mon corps est épuisé.

  

    Ses doigts traçant le contour de mon visage, me font ouvrir un œil.

    — T'as réussi à dormir un peu ? demandé-je.

    — Oui. Comment te sens-tu ?

    — Douloureux mais ça va. Les souvenirs, les flashbacks, les hommes qui ont abusé d'Alice, tout ça, fait que j'ai beaucoup de mal à rester calme. Je n'aurais pas dû partir sans au moins te prévenir. Et même si aujourd'hui j'ai des personnes sur qui compter, les habitudes du passé ne partiront pas du jour au lendemain. Quand je ne gère plus ma colère, j'ai besoin de frapper, donc en m'éloignant du club je ne blesse personne. La casse est le meilleur endroit pour tout casser. Je ne te promets pas que ça ne se reproduira pas dans le sens où j'aurai certainement besoin d'y retourner, c'est mon défouloir. Je te préviendrai la prochaine fois que je vais là-bas comme ça tu ne t'inquièteras pas. En tout cas, j'essayerai de te prévenir.