Chapitre 4

945 104 5
                                    

Maxime

    Alice est dans la chambre d'hôpital depuis trois jours. À plusieurs reprises, j'ai dû lui tenir un masque qui contenait un léger sédatif, pour poser une sonde urinaire ou pour vérifier les bandages et les points de perfusion. Elle devient muette comme une carpe dès qu'une personne franchit le pas de la porte et est terrorisée dès qu'un humain s'approche d'elle. Par contre, elle cherche mon contact le plus possible.

    Elle a eu huit points de suture sur le tibia gauche, la plaie est là depuis un moment, la cicatrisation se passait mal, le médecin a préféré ouvrir, nettoyer et suturer proprement. Maintenant, tout va bien.


    Le psychiatre du service entre dans la chambre pour la seconde fois en trois jours. Alice ne me fait pas mal, parce qu'elle a peu de force, mais je sens bien à quel point elle serre ma main de peur.

    — Comment te sens-tu Alice aujourd'hui ?

    Elle se tourne pour faire comme s'il n'existait pas. Docteur Lawftkiz, le psy, et son interne s'assoient, ils patientent pour qu'Alice constate qu'elle ne craint rien.

    — Alice, je ne vais pas te forcer à répondre, je me doute que tu as peur, je veux juste que tu m'écoutes. Maxime restera ici, avec toi, autant que tu le souhaites. Il faut que tu saches que Mike ne pourra plus te faire de mal. C'est définitif et c'est sûr.

    En entendant le prénom de son bourreau, elle est prise de tremblements. Je la prends dans mes bras pour la calmer.

    — Pour que tu puisses quitter l'hôpital, il faudra qu'on ait fait une séance complète. Ce qui veut dire que je devrai te poser des questions, mais surtout que tu devras y répondre. Je ne peux pas te laisser sortir sans m'être assuré de ton état psychologique. Tes résultats sanguins sont déjà meilleurs, ce qui signifie que ton corps absorbe bien les produits des perfusions. Donc il ne me restera que ton état psychologique à évaluer d'ici la fin de la semaine. Comprends-tu ce que je dis ?

    Elle éclate en sanglot, je resserre mes bras autour d'elle et caresse son dos.

    — Nous allons sortir, Maxime vous me faites appeler quand elle sera prête, je reviendrai la voir dans deux jours si je n'ai pas été demandé entre temps. Vous pouvez lui faire goûter divers aliments, ça peut lui donner envie de sortir.

    — Elle refuse tous les aliments.

    Il acquiesce et les deux sortent.

*********

  
    Cinq jours que je tourne en rond dans cette chambre, je suis incapable de laisser Alice seule. Je m'absente juste le temps d'une douche ou d'un café, dès que je reviens dans la pièce, Alice se détend.

    Elle est plongée dans le silence, elle m'a parlé le premier jour et rien depuis, le psy ma dit que c'était normal, entre la fatigue, la perte de repère, le nombre de personnes qui entrent et sortent de sa chambre font qu'elle a besoin de temps pour s'adapter.

    Par contre, elle a besoin de contact physique pour se calmer d'un cauchemar. Lors de ses réveils, elle est toujours en larmes et prise de tremblement.


   La porte s'ouvre sur mon jumeau qui m'apporte de la vraie bouffe. Il me remplace à l'association de protection des animaux pendant la semaine et Anthony y va le week-end pour que je puisse rester ici. Ils ont été vraiment compréhensif et tant que le taf est fait, ils ne sont pas regardant sur qui le fait.

    — Alors ? Une évolution ?

    — Non, rien. Elle reste mutique et ignore tout le monde.

By-Cœurs 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant