Chapitre 71

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Maxime

   Nous sommes toujours installés en terrasse, les frères de Neymar sont nomades, ils font le tour des chapitres et ne restent jamais longtemps au même endroit.
   
    Ils nous racontent différentes anecdotes quand le détecteur de fumée se met à sonner. Neymar croise mon regard et en même temps nous percutons :

    — C'est Alice !

    Aussi vite l'un que l'autre, nous courrons jusqu'à la maison.
   
    Le regard paniqué que me lance ma Lys, me tord les tripes.
   
    Neymar éteint le papier qui brûle et moi je la prends dans mes bras.

    — Ce n'est rien Petite Fleur, tout va bien.

    — Ce n'est- ce n'est pas moi, ça- ça a sonné tout seul, bafouille-t-elle.
   
    Je déteste quand elle a peur à ce point-là. Elle ne devrait pas être aussi terrorisée pour si peu...

    — Ne t'inquiète pas, il ne va rien se passer, la rassuré-je.
   
    — Alice, tu m'écoutes ?

    Elle voit que Neymar n'est pas énervé et se détend.

    — Tu ne peux pas jouer avec le feu. Le feu a fait de la fumée. La fumée atteint le détecteur et il se met à sonner. Nous, on est alertés, ce n'est pas grave, tu ne seras pas puni. Par contre, c'est très important, tu ne dois pas recommencer, ça peut être dangereux, tu peux te brûler ou brûler la maison. C'est important que tu ne recommences pas. D'accord ?
   
    — Oui.

    Elle comprend que nous ne sommes pas du tout fâchés et s'apaise. Il va lui falloir encore quelques mois d'adaptation mais ça devrait bientôt être plus calme dans son esprit.
   
    — C'est ce que je disais, on ne s'ennuie pas chez toi, rigole Will.
   
    Alice se crispe, elle ne connaît pas les voix. En temps normale, ce qui l'empêche d'angoisser c'est qu'elle reconnaît la voix, toutefois cette fois c'est inconnu pour elle.

    — Lys, calme-toi, tu ne crains rien.

    — Tu restes avec elle ? demande Neymar.

    — Ouais, on va se mettre devant un film.

    Alice retrouve le sourire, elle adore les films, je l'ai surprise l'autre matin, elle s'était levée bien plutôt que moi et tentait d'allumer Disney+. Je crois bien que c'est la première fois que je l'ai vu s'agacer toute seule jusqu'à perdre patience. Le regard noir qu'elle nous adresse lorsqu'elle est frustrée était pire envers la télé. Ses joues rougies et les sourcils froncés, elle était adorable.

    — Venez les gars, j'ai quelques détails à vous transmettre.
   
    Il jette un regard affectueux à Lys avant d'entrer dans son bureau, il a le même regard dès qu'il observe Elise. Je sais qu'il fera tout pour Alice comme pour l'un de ses enfants, que même si je suis là, plus jamais elle ne sera seule ou se sentira abandonnée, elle a une famille. Cette pensée m'esquisse un sourire.
   
    Je m'affale dans la méridienne. Alice vient et s'assoit à califourchon sur moi.

    — Pour regarder un film ça ne va pas être pratique pour toi.

    — Je veux un câlin.

    Elle se laisse tomber en avant. Ses bras se posent sur mes côtes, sa tête dans mon cou et son corps pelotonner contre mon torse, elle attend simplement que mes mains la câline.
   
    Je glisse mes doigts sous son pull, elle a toujours si froid, au moindre courant d'air, elle claque des dents. Elle ne dit rien et me laisse la dorloter. La confiance qu'elle a en moi me fait du bien.
   
    Simon me le répète encore et encore que rien de ce qui lui est arrivé n'est ma faute mais je m'en veux. Je ne sais même pas ce que je me reproche exactement mais je m'en veux. J'aurais dû me douter que Mike mentait et qu'elle n'avait pas été adoptée...
   
    La détente de ma Lys entre mes doigts me soulage, elle est si facilement angoissée, la nuit elle se réveille pour être sûre que Neymar est là. Elle doute parfois que ça soit un jeu que Mike a inventé et que dès qu'elle sera enfin sereine, il reviendra.
   
    Je n'ai pas eu à cœur de le dire à Neymar. Il fait absolument tout son possible pour donner le sourire à Alice. Et elle a confiance en lui, j'ai bien vu à quel point il arrive à lui calmer ses crises.
   
    Lys roucoule sous mes doigts, détendue comme rarement, son corps se relâche. Elle a besoin de moment de pause, de moment de calme où elle peut relâcher la pression et l'angoisse qu'elle accumule à cause du monde qui l'entoure.
   
    Quand je dépose un bisou sur son front, alors que je la pensais endormie, elle m'embrasse avec douceur dans le cou puis relève la tête. Ses lèvres se posent un peu partout sur mon visage jusqu'à fondre sur ma bouche. C'est elle et ça sera toujours qui mène la danse, jamais je ne la forcerai à quoi que ce soit.
   
    Ça fait plusieurs jours que nous n'avons pas eu un moment tendre comme celui-là. Je retrouve mon petit berlingot d'une extrême rareté, ma friandise qui me rend dingue d'elle.
   
    Mes doigts musardent sur sa peau de porcelaine,

By-Cœurs 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant