By-Cœurs 3

Chapitre 18

Neymar

Avec Sam et Dimitri nous organisons les prochaines livraisons dans mon bureau lorsqu'un léger toc nous interrompt.

— C'est la Petite tu crois ? suppose Dimitri.

Un second toc surgit, je me lève et vais ouvrir. On n'a pas encore l'habitude de sa présence, elle est extrêmement discrète au point de l'oublier.

En effet c'est elle.

— Que puis-je pour toi Alice ?

Elle garde la tête baissée, je pose doucement mon doigt sous son menton pour la lui lever. Elle est au bord de fondre en larmes.

— Alice, qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu pleures ?

De son index, elle pointe la cuisine.

— Tu dois me parler pour que je comprenne. Il ne va rien t'arriver, je te le promets.

Elle tend sa main devant elle, complètement rouge, brûlée.

— Sam va chercher la trousse de soins, elle s'est brûlée. Viens Alice, il faut mettre ta main sous l'eau.

Elle me suit et nous allons dans la cuisine.

Je ne sais pas ce qu'elle a fait mais l'odeur de cramé a envahi toute la pièce. Tout de suite j'ouvre l'eau froide et passe sa main sous le jet.

— Tu laisses ta main sous l'eau, ça va te soulager.

Dimitri arrive et éteint le four en sortant la plaque avec un ensemble d'aliments non identifiable, tous carbonisé.

Dans le congélateur, je prends une dizaine de glaçon et les place dans un bol pour qu'elle plonge sa main à l'intérieur.

— Le four était au maximum, il faudra vérifier mais peut-être prévoir un tour aux urgences, m'informe Dimitri.

— NON ! résonne la voix d'Alice, terrorisée.

— Ta main va refroidir, on verra comment elle va après le bain d'eau.

Elle est vraiment au plus mal. À la fois, elle a mal à sa main et peur de nous. Je m'approche et doucement la prends contre moi en posant une main dans son dos.

— On ne te fera pas de mal. Tu as peur, tu t'es fait mal, Maxime n'est pas là mais tu n'as rien à craindre.

Je repense à une conversation que j'ai eue avec mes neveux, il ne fallait pas montrer que tu avais mal à un adulte, sinon il te rabaissait encore plus. Alice n'a pas conscience d'être une adulte, jeune adulte de tout juste dix-huit ans mais adulte tout de même.

— Tu as le droit de pleurer si tu as très mal, on ne fera rien qui te créera plus de douleurs.

Lentement, elle relève la tête vers moi et, comprenant que je dis vrai, éclate en sanglots.

Elle avait besoin de mon autorisation...

Je pose mon autre main dans ses cheveux et mes doigts la massent délicatement pour la détendre.

La voir dans cet état de peur permanente me comprime la poitrine, pauvres gamins... mes propres neveux ont vécu cette horreur...

Mon frère me sort de mes pensées.

— J'ai trouvé de la crème et un bandage - il jette un coup d'œil à Alice - et des mouchoirs.

Les pleures cessent, la douleur diminue, je sors sa main du bol l'eau.

— C'est déjà bien moins rouge Alice. Assieds-toi sur la chaise, je vais te faire un soin. Pour l'instant, il n'y a pas besoin d'aller à l'hôpital.

Elle acquiesce mais reste muette.

— Tu me dis si je te fais mal, j'arrêterai.

Un hochement de tête comme réponse.