By-Cœurs 3

Chapitre 10

Maxime

   Docteur Lawftkiz est venu il y a deux jours. Rien n'a encore changé pour Alice, elle appréhende toujours autant de sortir de la chambre. Telle une oursonne, solitaire et apeurée du monde, elle reste dans sa tanière.

   Je me trouve dans la cuisine à discuter avec Calvin et Noah, en appuie contre un des meubles, j'ai une vue directe sur l'entrée et l'escalier.

    Un sourire se dessine sur mon visage quand je vois Lys descendre. Ses chevilles sont toujours douloureuses, elle descend lentement, l'escalier lui engendre quelques douleurs, mais elle ne se plaint que rarement.

    Elle avance vers moi son oreiller en main et se fige dès qu'elle voit Calvin. Je m'approche doucement et attrape sa main libre.

    — Tout va bien, tu ne crains rien.

    Elle scrute mon visage et acquiesce. Une fois rassurée elle entre avec moi dans la cuisine.

    Comme je sais pertinemment qu'elle ne va pas s'éloigner de moi, je m'assois à table, elle s'installe à côté de moi et pose son oreiller sur ses genoux.

    — Tu as envie de boire ou de manger quelque chose ?

    — Du jus d'orange, s'il te plaît.

    Calvin qui est collé au frigidaire, sort le jus d'orange et prend un verre pour le remplir de la boisson. Alice ne prend pas le verre qu'il lui tend alors je sers d'intermédiaire.

    Calvin et Noah reprennent leur conversation en nous ignorant.

    — Tu es fatiguée ?

    — Oui un peu. On...

    — Je t'écoute.

    — On pourra... elle baisse la tête et commence à se gratter les mains.

    — Lys, je t'écoute, n'aies jamais peur de me demander quoi que ce soit.

    Je glisse un doigt sous son menton pour lui relever la tête.

    — J'aimerais aller dehors.

    À l'entente de sa demande, un sourire bien plus grand s'étire sur mes lèvres. Je lui ai proposé hier mais elle ne voulait pas. Sauf que la fenêtre étant ouverte toute l'après-midi, lorsqu'Elise et Simon sont allés dans la forêt, Alice a été attiré par les voix à l'extérieur. Elle est restée plus de deux heures devant la fenêtre à tout observer.  

    — Oui on peut aller dehors. Tu voudrais y aller quand ?

    — Je sais pas.

    — Maintenant ou plus tard ?

    — Maintenant ?

    — C'est comme tu veux.

    — J'ai un peu froid.

    — Tu m'attends ici, j'en ai pour deux minutes. Je vais remonter ton oreiller parce que dehors tu n'en as pas besoin. Et je te descends une veste.

    Son regard s'assombrit et se plante dans le mien, elle n'est pas d'accord.

    — Il est à moi !

    — Oui, il est à toi, personne ne va te le prendre. Je le pose sur le lit, il ne sera pas volé.

    — D'accord.