Lara entraîna Camille en la prenant par la main, vers le centre du campement, où tout le monde s'était installé. La jolie blonde ignora délibérément les places libres près d'Antoine, ce qui ne manqua pas d'étonner son amie, pour se diriger vers deux places non loin de Louis de la Vétrière.
L'assistant du professeur Dupin les suivit d'un regard peu amical, mais sans rien dire. Il n'avait pas l'air heureux de voir les deux jeunes femmes s'approcher. Sybille non plus. Elle ne cachait même pas sa moue dégoûtée. Il n'y avait pas à dire, le couple était bien assorti. « Deux beaux spécimens de peigne-culs » pensa Camille, et ridicules, vêtus tous les deux d'uniformes de scouts.
Avec une certaine ironie, elle songea aussitôt que ce dimanche s'annonçait sous les meilleurs hospices. Après la soirée d'hier, riches en émotions diverses, avoir été réveillée à l'aube pour crapahuter en pleine nature au risque de se perdre ou de rencontrer un psychopathe, et finalement, se fader ces deux tronches de cake, était sans doute le châtiment qu'un quelconque dieu avait imaginé pour la punir d'avoir baissé sa garde le temps d'un clignement de paupière.
Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter de venir ! Ah ! Si ! Elle savait ! Lara ! Camille coula un regard vers son amie en pensant très fort que cette dernière lui devrait un sacré service après les deux jours maudits qu'elles allaient passer ici.
C'est à ce moment-là que Camille remarqua pourquoi Lara avait préféré cette place plutôt que celle près de son supposé crush. Alors qu'elle venait à peine de s'asseoir, un beau brun aux oreilles légèrement décollées s'empressa de lui servir un chocolat. OK. Donc, exit Antoine. Bonjour... ?
— Camille, je te présente Thomas. Thomas, Camille. Ma copine.
Pendant une brève seconde, Camille vit quelques regards s'arrondir avant de se reprendre et de s'effacer. Alors comme ça, certains des « pieds nickelés » présents autour de ce feu, - parfaitement maîtrisé, d'ailleurs, - Mais elle n'en attendait pas moins de parfaits petits soldats en uniformes-., ignoraient qu'elle était une fille ? À moins qu'ils ne se soient mépris sur la relation entre les deux filles ? De nos jours « copine » pouvait dire tout et n'importe quoi.
Camille sourit, mais n'ajouta rien. Si certains étaient choqués, elle s'en foutait. Manifestement, le Thomas sur lequel Lara avait des vues, lui, ne fut étonné de rien. Il savait ce qu'elle était.
— Et bien... je n'aurais pas parié sur ça, dit alors un autre étudiant qu'elle ne connaissait pas.
— Sur quoi ? répondit Camille du tac-o-tac.
S'il fallait mettre les pieds dans le plat, elle était toujours prête.
— Sur le fait que t'étais une fille...
— Victorien ! s'exclama une jeune femme à sa gauche, l'air outrée.
Camille supposa aussitôt qu'il s'agissait de la fameuse Jeanne. Tout dans son apparence dénotait de la douceur et la patience dont elle faisait preuve dans la vie. Même là, indignée, on pouvait voir qu'elle pardonnait aisément.
— Ben quoi ?
— C'est désobligeant ce que tu viens de dire ! Enfin !
— Elle a pas l'air fâchée, Jeanne...
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De notre sang
Любовные романыCamille est un être double. Par son prénom et son physique, elle brouille les pistes. Elle cache un lourd secret qui l'a forcée à être ce qu'elle est : indépendante et méfiante à l'excès. Sa rencontre avec un inconnu, aussi énervant qu'inquiétant, l...