De notre sang

28 / Sola et Lucie

Sola observa Lucie et Camille entrer dans le bâtiment. Puis, elle s'éloigna jusqu'à une petite rue adjacente où l'attendait Dresden.

— Tu as raison. Il est armé. Il n'est donc pas sans ressources. Reste à savoir s'il sait s'en servir. S'il en aura le courage.

— J'ignore tout de son passé. Il faut que je creuse, mais je pense qu'il sait se servir de ce qu'il possède. Quoi que ce soit.

— Je penche pour une lame. J'ai senti l'odeur de l'acier. Il affirme savoir se battre. Lucie m'en dira plus tout à l'heure. Il n'est peut-être pas mauvais au corps à corps. Je dis ça, je ne dis rien, hein ! dit finalement Sola avec un petit sourire entendu.

— C'est bon, Sol...

Sola éclata de rire.

— Tu devrais voir la tête que tu as !

— Tu n'imagines pas le calvaire que c'est.

— Aren m'en a un peu parlé. Bon, allez ! Ça va bien se passer. Ces putains de Dévoreurs ne seront bientôt plus un problème.

— Et si tu te trompes ?

— Alors ce sera un carnage. C'est pour ça que tu devrais avertir la Matriarche comme te l'a suggéré Aren. Il faut être prêt. Tu sais que Mathilde n'acceptera pas de laisser ton Kachnefer tomber entre leurs mains. Surtout le tien. Tu lui es beaucoup trop utile. Elle n'a certainement pas envie qu'on lui casse l'un de ses jouets préférés.

— Merci pour la comparaison.

— Bah ! C'est que je suis jalouse. À chaque réunion, il n'y en a que pour vous : Amotep, Vahan, Demetrios, Indra et toi.

— Tu es une ombre diablement efficace. Elle le sait, et je le sais.

— Tu ne manqueras pas de le lui rappeler quand tu la verras, n'est-ce pas ? Je crains qu'elle ne m'en veuille encore de l'avoir privée de la jolie Esmeralda.

— C'était il y longtemps, Sola. Et c'était une autre époque.

— J'aurais pu seulement m'effacer. Disparaître. J'ai choisi de l'éliminer.

Dresden haussa les épaules avant de reprendre :

— Si je dois voir Mathilde, il va falloir que tu sois très attentive à Camille pendant mon absence. Le moment n'est vraiment pas idéal. Un voyage au Canada va me prendre plusieurs jours.

— Au Canada ? Tu n'auras pas besoin d'aller si loin. Mathilde a rejoint sa résidence parisienne ce matin.

— Comment... pourquoi ne suis-je pas au courant ?

— Peut-être parce que tu ne passes qu'en coup de vent au club ces derniers temps ? Ou qu'Aren voulait te faire la surprise ?

— Elle ne vient pas pour moi quand même...

— Peut-être que si... qui sait ? Mathilde est toujours pleine de surprises.

Dresden serra les poings en soupirant. Il n'avait pas prévu de se présenter aussi rapidement devant la Matriarche. Pas pour une affaire aussi personnelle. Il pensait s'en sortir seul. Sauf que les Dévoreurs étaient de la partie et qu'ils s'accrochaient comme des sangsues à celui qui lui était destiné. Cela soulevait beaucoup de questions. Le fait que Mathilde se soit déplacée aussi. Elle aurait pu attendre qu'il se présente devant elle. Encore une question sans réponse.

— Je vais avoir besoin de toi, Sola.

— Il faudra me trouver un beau cadeau quand ce sera fini.

— Je connais tes goûts. Et je suis sûr de ne jamais t'avoir déçue.