25 / Tranchante

166 33 0
                                    

Sola Valdez approchait, entourée d'une dizaine d'étudiants, ce qui sembla dissuader les trois inconnus derrière Camille, d'agir. La jeune femme profita de leur indécision pour s'écarter d'eux et d'Antoine. En quelques pas, elle rejoignit les nouveaux venus. Elle se força à sourire, bien que parfaitement consciente de sa respiration contrainte et de la crispation de son corps, prêt à se battre.

Camille ne savait toujours pas avec quoi on l'avait menacée, mais elle était prête à parier sur une arme. Létale ou non, ces putains de sethiens, quels qu'ils soient, n'allaient pas l'emporter au paradis. Elle pensait avoir affronté bien pire. En cela, elle se trompait, mais elle ne le savait pas encore.

— Sola ! J'allais justement rentrer, s'exclama Camille en feignant la légèreté.

— On t'accompagne ! Mon beau ! répliqua la jeune femme en crochetant le bras de Camille en souriant.

Puis, sans se préoccuper de rien d'autre que d'eux-mêmes, le groupe avança dans une joyeuse et bruyante gaîté. Antoine fixa les étudiants jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans la nuit au détour d'une rue. Ensuite, il se tourna vers les trois hommes qui avaient fait capoter son plan.

— Je peux savoir ce qui vous a pris d'intervenir ! J'y étais ! J'y étais ! Cette fille n'est pas comme nous ! Elle ne sera pas convaincue facilement... Il lui faut du temps, et certainement pas des menaces ou de l'agressivité ! Bon sang ! Comment je rattrape le coup, moi !

— Le Commandeur est formel, il nous a...

— C'est bon ! Je vais le voir ! Mais vous, vous dégagez ! Vous foutez la paix à cette fille pour le moment !

— Ça n'est pas ce qui a été convenu

— Convenu ? Nom de Dieu ! Pardon. Vous n'y êtes pour rien. Je vais... commença Antoine en prenant son smartphone pour composer un numéro.

— Allo ? Commandeur ? Mes salutations. Excusez-moi de vous déranger à cette heure, mais je crois qu'il y a eu méprise concernant... Non. Oui. Louis a dit ça ? Et bien Louis ferait mieux de s'occuper de ses propres missions plutôt que des miennes. Il a déjà mis les pieds dans le plat aujourd'hui, mais j'avais réussi à rattraper le coup, et maintenant, vous m'envoyez trois gorilles qui remettent ça ! Cette fille est particulière. Mais je reste convaincue qu'elle... oui. Je sais Commandeur. Je suis parfaitement conscient de l'urgence. Mais elle ne va pas disparaître dans la minute. Elle ne partira à l'étranger que dans plusieurs mois. L'Oracle a dit quoi ? Ah ! Très bien. Laissez-moi trois jours. Trois jours, ça n'est rien. Je pense pouvoir la convaincre durant ce laps de temps. Sinon. Et bien... Oui... Bien. Je vous les passe, finit Antoine en tendant son smartphone à l'un des trois hommes.

Ils se contentèrent d'écouter brièvement l'ordre donné par le Commandeur puis rendirent l'appareil à son propriétaire. Antoine ne se préoccupait déjà plus d'eux. Pourtant, ils ne partirent pas immédiatement. L'un d'eux resta une minute.

— M. Dumoulin, si je puis me permettre, vous devriez vous méfier.

— Pardon ?

— M. de la Vétrière a de l'ambition comme tous les hommes de sa famille. Et l'ambition combinée à la jalousie peuvent donner de bien mauvais conseils.

— La jalousie ? Louis n'est pas jaloux de moi. Il a des missions bien plus importantes que les miennes, et autrement plus de responsabilités.

— Certes, mais vous avez l'oreille attentive du Commandeur.

— Ce qui est un peu normal, je suppose, puisqu'il s'agit de mon beau-père.

— C'est ce que je voulais dire.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant