79 / Mise à l'épreuve

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Face à un immense écran, Dresden observait Camille qui avançait tel un général en campagne. Elle suivait sa piste sans dévier. Elle était la personnification de la colère et de la détermination.

— Il émane de ta Kachnefer, une force peu commune. Même si elle n'en a pas vraiment conscience, dit la femme qui se tenait près de lui.

— Je te l'ai dit. Une tête d'enclume.

— Pour résister au Yāasht aussi longtemps, il fallait l'être, je suppose... Elle va bientôt arriver à la zone.

— Tu es sûre que ça va fonctionner, Tahari ?

— Pourquoi non ? Il n'y a jamais eu d'exception jusqu'à présent. Une fois dans la zone, elle ne pourra plus utiliser son don. Nous pourrons voir ce qu'elle vaut, et surtout, mesurer la puissance de sa relation avec son élément. Ce qui me parait essentiel, la concernant. Son don est unique. Et pourrait nous être d'une grande utilité dans notre combat, mais il est aussi extrêmement dangereux.

— Elle va me tuer... murmura Dresden, le regard toujours rivé sur sa Kachnefer.

— J'espère que non... Ce serait dommage...

— Tu peux rigoler ! Tu ne la connais pas ! Regarde-la ! Elle est prête à pulvériser une armée... Quand elle va sortir de là... Elle va me tuer...

— Ça ne changera pas des dernières semaines, si j'ai bien compris...

— Oui et non. Cette fois, elle va vraiment me tuer. J'aurais dû lui dire...

— Et gâcher la surprise ? Allons, Dresden ! Qui eut cru qu'un tel combattant aurait peur d'une seule adversaire ?

— Pas n'importe quelle adversaire ! Et puis, nous ne sommes pas censés être ennemis !

— Et pourtant, votre début d'histoire est un long combat...

— Qui n'en finit pas.

— J'ai l'impression de voir Okji et Juna.

— Ils se sont battus aussi ?

— Tellement. Et tellement longtemps. Si tu savais. Jusqu'à...

— Excuse-moi.

— Pourquoi ?

— Je sais que parler d'eux doit faire remonter des souvenirs que tu préférerais oublier.

— Leur histoire ne doit pas être oubliée parce que la fin est tragique, tu sais ? Okji et Juna auraient mérité de rester dans les mémoires pour autre chose que leur fin pathétique. Ils sont devenus, bien malgré eux, un épisode sombre de notre histoire. J'ai toujours trouvé ça dommage. Ils ont été si brillants durant leur vie.

— J'ai honte de ne rien savoir sur eux, maintenant.

— C'était il y a longtemps, et même si tu excellais déjà en temps qu'exécuteur parmi nous, tu étais trop loin, et nous, trop isolés pour que nous ayons des interactions, à cette époque. Il suffit de savoir qu'ils ont été d'excellents compagnons, et que leur perte a été un drame pour nous. Cela nous a aussi servi de leçon. Aucun Dévoreur n'a plus jamais remis les pieds sur notre île. Et ça n'est pas près d'arriver, crois-moi... Nous y veillons attentivement.

— Tane est toujours aussi efficace.

— Pourquoi je ne le serais pas. Je ne me ramollis pas par amour, moi ! répliqua l'intéressé qui venait d'apparaître derrière Dresden et lui envoya une énorme claque dans le dos.

— Espèce de ...

— Grosse barrique à bière ? On ne peut lui enlever qu'elle a du répondant ta nana, Dres... mais elle est encore jeune et inexpérimentée. Elle fonce droit sur la muleta sans réfléchir beaucoup.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant