78 / Attendre et ne pas désespérer

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Camille n'était plus Camille. Elle était devenue Selena. Dresden, lui était Diego. Merci à l'imagination de Tao, qui, sur leur nouveau passeport, avait décidé de leur accorder des prénoms latino parce qu'il trouvait ça marrant. Et comme l'humour du chinois du 8ème siècle n'avait manifestement pas de limite, il les avait affublés du patronyme Addams, comme la célèbre et sinistre famille. Selon lui, ça leur allait comme un gant.

Mathilde avait dû retenir Dresden de faire un carnage. Entre Utari et Tao, il ne savait pas lequel anéantir en premier. Sans compter Sola qui avait osé dire ce que beaucoup pensaient tout bas : c'est à dire que toute cette colère n'était qu'une manifestation évidente de sa frustration sexuelle. Camille avait beaucoup ri. Dresden s'était vengé en s'occupant d'enflammer son corps avec de voluptueuses caresses, dans un recoin sombre de la maison, mais en ne finissant pas le travail, histoire qu'elle aussi, soit frustrée.

Elle se vengeait maintenant, à son tour, dans l'avion, en caressant légèrement un microscopique centimètre de sa cuisse, juste au-dessus du genou. Il chassait sa main dès qu'il en avait l'occasion et affichait un sourire crispé. Il crevait d'envie de la prendre sur son siège, et elle le savait. Sauf qu'il n'était pas un sauvage. Il savait se tenir. Enfin, jusqu'à un certain point.

Brusquement, il emprisonna la main de la jeune femme dans les siennes et se pencha sur elle comme pour l'embrasser. Il arrêta son visage à quelques centimètres du sien.

— Si tu continues, je ne réponds de rien. Et il faudra en assumer les conséquences. Après t'avoir prise sauvagement dans toutes les positions à même le sol de ce putain d'avion, je serai obligé de saigner l'ensemble des passagers et l'équipage, pilotes inclus, nous nous crasherons dans l'océan et connaîtrons une mort lente et douloureuse... voir une éternité de douleur... Est-ce que ça te paraît clair ? Et surtout est-ce que c'est ce que tu veux ?

— La première partie me semblait intéressante...

— À moi aussi, allumeuse... finit-il en l'embrassant vivement au moment où l'avion amorçait sa descente.

Elle gloussa quand il eut abandonné ses lèvres et se garda de le retoucher. Elle avait vu dans ses yeux qu'il ne plaisantait qu'à moitié concernant ce qu'il ferait si elle continuait à l'agacer sexuellement, alors qu'il attendait depuis si longtemps de la toucher. Et puis, elle n'était pas un monstre. Elle avait juste envie de ses lèvres. Encore.

Maintenant que le jeu avait commencé, elle ne voulait plus l'arrêter.

***

— Tu crois que nous aurons droit à un peu d'intimité où tu vas passer tout ton temps à organiser je ne sais quoi avec d'autres vampires ? demanda Camille assise à l'arrière de la voiture de location. Dresden avait refusé qu'elle s'assoit près de lui – trop de tentations-.

— Alors, d'abord évite d'utiliser le vocabulaire des Dévoreurs ici. Les Znūntāks que nous allons voir, sont particulièrement sensibles concernant le sujet.

— À cause des attaques d'il y a quelques jours ?

— Non. Ils n'ont pas été touchés... rapport à... enfin, tu verras... Le problème remonte à plus loin. Cette communauté a perdu plusieurs membres de sexe féminin au début du vingtième siècle, dont une Kachnefer. Elles avaient été enlevées et séquestrées par des Dévoreurs qui vendaient leur corps au plus offrant.

— Mais elles ne pouvaient pas... nous sommes plus forts...

— Poison, chaînes, privation de sommeil et de sang... quand les nôtres les ont enfin retrouvées et libérées, elles avaient sombré dans la folie. Ils ont dû les éliminer eux-mêmes, et crois-moi, ça n'a pas été facile... surtout pour la Kachnefer.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant