Dresden se courba et pâlit encore. Son hurlement fut si intense que la Matriarche plaqua ses mains sur ses oreilles pour éviter de trembler. Immédiatement, Zhihao qui auscultait Mathilde après lui avoir injecté le nouvel antidote, se précipita vers l'exécuteur.
— Amotep ? Il faudrait appeler Naïm. Il faut que Camille revienne, lança-t-il avec une certaine ferveur.
En analysant et en scrutant le rétablissement fulgurant de la Matriarche, alors que, ni Dresden, ni Alya, ne semblait réagir à l'antidote qu'il avait réalisé pour eux, il pensait avoir compris quelque chose. Le sang de l'animal était important, mais celui du Znūntāk aussi. Il fallait quelqu'un qui tienne suffisamment à l'empoisonné, quelqu'un qui aurait été prêt à se sacrifier pour lui, quelqu'un qui l'aimait.
Zhihao n'avait jamais douté des sentiments d'Amotep pour la Matriarche. Même muet, ses regards en disaient long sur ce qu'il était prêt à faire pour elle. Quant à Aren et Wira... Il avait découvert leur lien en les observant ici, même si rien n'était déclaré ouvertement. Il fallait donc que Camille revienne pour soigner Dresden. Pour Alya, il lui fallait encore chercher. Même si Wira éprouvait quelque chose pour Aren, il avait également des sentiments pour Alya. Son sang serait donc bénéfique. Mais pas de démon-gardien pour elle. Pas d'animal totem...
Alors que Amotep s'apprêtait à sortir, Sola entra comme une furie dans la salle de soin. Elle avait été chargée du premier tour de garde de la nuit avec Medjès et Lucie. Postés à l'extérieur, ils devaient surveiller la nuit.
— On a un problème ! cria-t-elle avec suffisamment d'urgence dans la voix pour alerter tout le monde. Les Dévoreurs fouillent avec minutie chaque centimètre carré des ruines en surface...
— Merde ! lâcha Dejen en se tournant ostensiblement vers Kaspar.
Ce dernier faisait semblant de dormir. Avec le boucan qu'avaient fait Dresden et Sola, il était évident qu'il feignait. Personne n'avait le sommeil aussi lourd. Dejen se pencha sur lui pour l'inspecter avec circonspection, et fut sidéré de prendre un violent coup de tête qui le fit chanceler en arrière.
Kaspar, qui avait réussi, par un habile tour de passe-passe, à se libérer les mains, s'activa immédiatement sur les sangles de ses chevilles. Et avant que quiconque ait pu réagir, il sauta vers le lit où Alya souffrait, fiévreuse et inerte. Il attrapa son corps affaibli et le colla au sien, appliquant au passage, l'aiguille d'une seringue emplie d'un liquide verdâtre sur son cou.
À l'exception de Dresden qui s'agitait encore sur son lit, tous les Znūntāks étaient figés. Aucun d'entre eux ne serait assez rapide pour arrêter Kaspar. Aucun d'entre eux ne pouvait utiliser son don sans risquer de la tuer, elle.
Wira cherchait à rassembler des scorpions derrière la porte, mais est-ce que ce serait suffisant pour sauver Alya, il en doutait. Kaspar était un Znūntāk puissant et malin. Il savait ce qui était arrivé à Indra. Sans doute avait-il réfléchi au moyen de s'enfuir s'il était découvert. Le connaissant, il avait même dû jubiler en songeant qu'il était bien plus malin qu'elle, parce qu'il avait toujours été un personnage arrogant et imbu de son intelligence.
Bien qu'encore faible, Mathilde s'était levée. Elle cherchait à reprendre ses esprits, à trouver une solution comme elle avait toujours fait jusqu'à présent. Elle était la Matriarche. Son rôle était de protéger les siens. Mais si elle avait dû au cours des siècles faire éliminer des Znūntāks devenus fous et dangereux, elle n'aurait pas pensé avoir à faire face à des êtres lucides et parfaitement conscients de leur trahison. Indra voulait le pouvoir. Qu'est-ce que Kaspar pouvait bien vouloir, lui ? Que lui avaient promis les Dévoreurs pour parvenir à suivre cette voie après des siècles de fidélité ?
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De notre sang
RomanceCamille est un être double. Par son prénom et son physique, elle brouille les pistes. Elle cache un lourd secret qui l'a forcée à être ce qu'elle est : indépendante et méfiante à l'excès. Sa rencontre avec un inconnu, aussi énervant qu'inquiétant, l...