97 / Démon-gardien

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Penché sur son microscope, Zhihao fronça les sourcils. C'était la troisième fois qu'il vérifiait, mais la conclusion était toujours la même. Le poison utilisé sur Aren avait les mêmes propriétés que celui qui était en train de tuer Mathilde, Dresden et Alya. Alors pourquoi Aren était-il en voie de rétablissement ? Comment était-ce possible ?

Le médecin se torturait l'esprit pour comprendre. L'énigme devenait de plus en plus complexe. Il lui manquait quelque chose. Un élément qui l'orienterait dans la bonne direction. Wira n'avait pas donné l'antidote de Kaspar. Il avait donné du sang... et même pas du sang humain...

— Wira ? De quel animal tu as pris le sang ?

— Je n'ai rien pris. Ils me l'ont donné, répondit calmement le Znūntāk qui était assis entre le lit d'Alya et de Aren, l'air soucieux.

— Ils te l'ont donné, répéta incrédule Zhihao. Il avait beau connaître le don de Wira, il fut étonné de cette réponse. Et donc, lesquels ont consenti à ce sacrifice ?

— Les chevaux. Les fennecs, le lion, et moi aussi...

— Le lion ? Et toi ? Tu as donné de ton sang et de celui d'un lion... Comment as-tu pu demander ça à un tel animal, Wira ?

— Je ne lui ai rien demandé... il est venu par lui-même. Je ne peux pas l'affirmer, mais je crois que c'est le démon-gardien de Aren qui a appelé l'animal... il avait un comportement bizarre, continua Wira en décrivant ce qu'il avait pu voir.

— En effet. C'est étrange. Et donc, tu lui as donné du sang de l'animal totem de notre ami...

— C'est ça. Mais pas que. Il y avait aussi les fennecs et les chevaux, hein... tout le monde a participé !

— Et toi aussi...

— Oui, moi aussi.

— Tu permettrais que je te prenne un peu de sang ? J'aimerais tenter une expérience, mais ce sera difficile...

— Qu'est-ce que tu veux faire ?

— Trouver du sang de faucon et de loup ?

— Ah !

— Oui, comme tu dis... Ah !

— Pour le loup, je peux peut-être en appeler un, mais pour le faucon, il sera difficile de prendre suffisamment à un tel animal sans le tuer...

— Je sais, Wira. Commençons par trouver un loup...

— Il va falloir attendre la nuit. Il y a trop de touristes, là-haut.

— Je confirme, dit alors une voix sèche.

Médjès se tenait à l'entrée de la pièce, l'air en colère.

— Fichus touristes ! Qu'est-ce qui se passe avec les tour-operators ?

— Je pense que les Dévoreurs ont influencé les nouveaux circuits. La moindre ruine fait l'objet de visites incessantes. Et toutes les villes autour du lac sont infiltrés. Ils savent que si quelque chose arrive, ce sera dans le coin. Ils ne savent juste pas où exactement. J'espère que tu as été discret.

— Pas vraiment. Mais c'était pour la bonne cause... ajouta-t-il en donnant un coup de menton vers Aren et Wira. Ça va pour le vieux ?

— Étonnamment oui. Il se remet sans antidote. Mais j'essaye de comprendre... Parce que ceux à qui j'injecte l'antidote, ne se remettent pas, eux...

— C'est que l'antidote est mauvais alors, dit Médjès en s'approchant des lits. Qu'est-ce que vous avez foutu dedans ?

Cette simple question éclata au visage de Zhihao comme s'il ouvrait enfin les yeux. Depuis le début, il avait utilisé l'antidote de Kaspar. Il ne l'avait jamais vraiment examiné de près. Il s'était simplement appuyé dessus, partant du principe qu'il avait fonctionné. Le médecin se précipita sur une fiole et commença à en manipuler le contenu.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant