67 / Liens indéfectibles

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Mathilde raccrocha son smartphone et baissa le bras lentement avant de projeter violemment l'appareil contre le mur le plus proche avec une rage folle inscrite sur le visage. Demetrios, Amotep et Vahan fixèrent leur attention sur elle. Ils n'avaient pas l'habitude de la voir dans cet état. Et quand, par le plus grand des hasards, c'était le cas, cela ne présageait rien de bon.

Ils se trouvaient tous dans la suite de la Matriarche au dernier étage d'un hôtel de luxe de Santiago. Ils avaient déjà pris contact avec la petite communauté locale, et prévoyaient de régler le problème pour lequel ils s'étaient déplacés dès que les derniers détails seraient discutés.

Attaquer une cellule de Dévoreurs un peu trop active, ne se programmait pas à la légère. Heureusement pour eux, ils prenaient le mal à la racine. Le responsable de l'ordre de Santiago était jeune et inexpérimenté, comme ses recrues. À croire, que les Dévoreurs avaient tellement pris la confiance ici, qu'ils ne s'inquiétaient pas de ce détail, qui allait pourtant leur coûter cher. Vue la colère de Mathilde de Saint Roc, elle n'allait pas faire dans le détail.

— Un problème ? demanda Amotep.

— Comment ai-je pu la laisser faire ?

— Vous parlez de qui ? De Dorville ? demanda Demetrios qui sentait que l'appel qui avait eu lieu ne concernait absolument pas leur affaire en cours.

— D'Indra.

— Indra ? répéta Vahan, cette fois intrigué. Qu'est-ce qui se passe avec Indra ? La fille lui a fait du mal ?

— Le contraire. Indra ! Indra joue contre nous ! Je n'arrive toujours pas à le croire ! Je n'arrive pas à croire qu'elle m'ait fait ça !

— Que vous a-t-elle fait Matriarche ?

— Elle m'a manipulée ! Elle m'a manipulée ! Moi ! Elle m'a manipulée ! Hurla-t-elle de plus en plus fort.

Cette fois, les trois hommes étaient debout face à Mathilde. L'espace d'un instant, elle eut un doute sur leurs intentions. Étaient-ils du côté d'Indra ? Était-ce un complot contre elle ? Allaient-ils l'attaquer ? À trois contre elle, même avec son don, elle ne parviendrait pas à avoir le dessus indéfiniment. Ils étaient tous comme Dresden, des combattants hors pair, des Znūntāks de valeur.

— Matriarche, commença Amotep en s'agenouillant devant elle.

Il avait lu le doute et la peur dans les yeux de la chef de leur communauté. Il savait pourquoi. Il connaissait l'étendue des dégâts que pouvait causer un télépathe. Cette force de persuasion que vous pensiez vôtre et qui n'était qu'un leurre voué à vous perdre, voué à détruire toute confiance. Il en avait lui aussi ressenti les effets il y a longtemps. Et il avait failli en mourir, car il s'était retourné contre ceux qu'il aimait et protégeait. Il en était devenu fou au point de prendre des risques inconsidérés. Au point de devenir une cible.

Même si Vahan et Demetrios n'avaient pas la même expérience, ils comprirent le geste d'Amotep et s'exécutèrent aussitôt en s'agenouillant à leur tour. Il fallait retrouver le sol stable de l'allégeance, évacuer le doute provoqué par le mensonge.

— Mes guerriers, murmura Mathilde en reculant vers la fenêtre avant de s'y adosser pour ne pas vaciller.

— Nous serons à vos côtés quoi qu'il advienne, Matriarche, dit Vahan avec détermination.

— Merci. Je ne sais plus quoi penser. Je ne sais pas si ce que je pense est dû à...

— Matriarche, Indra n'étant pas près de vous, elle n'a aucune emprise sur vous. Interrogez votre cœur, et vous aurez votre réponse.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant