108 / La chute du Sanctuaire

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— Vous avez entendu ça ! cria Aren en se débarrassant de son dernier adversaire. Elle a réussi ! Elle a réussi !

— Elle a réussi quoi ? lança Dresden avec hargne toujours à chercher à passer ce foutu mur.

— Elle a libéré les guerrières !

— Et bien je le croirai quand je le verrai ! Aidez-moi à démolir ce mur, bordel !

Les Znūntāks avaient éliminé tous leurs adversaires. Ils étaient seuls maintenant parmi les cadavres. Zhihao ralluma les vasques antiques, tandis que Médjès et Dejen s'apprêtaient à aider Dresden.

— On ne va rien pouvoir faire, dit alors Wira en s'approchant à son tour.

— Qu'est-ce que tu en sais, toi ? cracha Dresden.

— Regarde de plus près. Le mur se renouvelle en permanence. Tu peux toujours essayer de le creuser, il se rebouchera aussitôt.

Comme pour confirmer ce que que venait de dire le Znūntāk, une vibration ébranla soudain la structure. Une couche de poussière tomba à leurs pieds, mais le mur demeura intact.

— Bordel ! hurla Dresden, je vais la tuer !

— Ce qui serait contre-productif compte-tenu de... commença Dejen avant d'être interrompu par un hurlement inhumain.

***

Éloi avait fini de prélever des échantillons. Ses seringues étaient toutes dans les fins containers qu'il avait transportés secrètement dans son sac à dos. Maintenant, il pouvait achever son travail. Il sortit d'abord le petit dispositif explosif et le fixa sur un coté du bassin. Puis, il attrapa une fiole au contenu trouble protégée, elle aussi, par un container en aluminium. Il ignorait la composition de ce qu'elle contenait, mais il savait que ça avait réussi à tuer cette vampire, dont le corps gisait près de lui, sur la table. Il versa le liquide dans le bassin avec un petit sourire.

— Finalement Commandeur, j'accède à votre requête.

Le sang ancien, qui bouillonnait déjà furieusement depuis que les prélèvements avaient été fait, se mit à fumer. Et bientôt, les visages apparurent, leurs bouches s'ouvrirent, grimaçantes et terrorisées, pour laisser échapper un hurlement inhumain qui s'éleva avec force dans les airs.

Éloi avait pris ses jambes à son cou et s'échappait par l'un des escaliers latéraux. Il actionna l'explosif au moment où Mathilde et Amotep apparurent à l'entrée principale du Sanctuaire. Il eut le temps de voir leurs deux visages stupéfaits avant de disparaître.

***

Focalisés sur le désastre en cours, les deux Znūntāks ne le virent même pas s'enfuir. Le bassin brisé qui déversait son contenu frémissant sur le sol, recouvrant le corps du Commandeur d'une couche épaisse et fumante. Le sang ancien, empoisonné, agissait comme de l'acide, il rongeait le corps, les dalles du sol, s'infiltrait dessous et rongeait encore. Le Sanctuaire entier tremblait de rage, les colonnes se fissurèrent et des pierres commencèrent à tomber du plafond.

— Ça n'est pas possible ! cria Mathilde en se précipitant à l'intérieur sans qu'Amotep ne puisse la retenir. Non !

— Matriarche ! cria-t-il à son tour en la suivant.

Mais plus rien ne pouvait être sauvé. Le corps d'Alya avait glissé au sol et baignait dans une flaque sombre et grésillante. Le bassin n'était plus, enseveli par des gravats qui ne cessaient de tomber toujours plus nombreux. Amotep rattrapa Mathilde et l'enferma dans ses bras en la tirant de côté, lui évitant de se faire écraser.

— Mathilde ! Il faut partir d'ici ! Il n'y a plus rien à faire !

— C'est impossible ! ne cessait de répéter la Matriarche qui ne parvenait pas à s'extirper de la folie dans laquelle la scène apocalyptique la plongeait.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant