40 / Duo de choc

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Roulée en boule, l'horizon de Camille se limitait à ce qu'elle apercevait derrière un amas de caisses, mais peu lui importait. Aucun de ceux qui semblaient la chercher ne l'avait vue. Elle était tranquille pour un moment. Elle remonta sa capuche de veste, et malgré l'inconfort de sa position, elle finit par sombrer. L'épuisement avait eu enfin raison d'elle.

Son sommeil ne fut, cependant, pas aussi paisible qu'espéré. Peuplés de vampires plus proches de Nosferatu que des Cullen, ses cauchemars avaient été submergés par le sang répandu, et pas seulement par les autres. Elle se redressa brusquement au moment où elle empoignait un cœur pour le dévorer.

— Putain de merde ! Je vais gerber, murmura-t-elle en s'accrochant au bord de la péniche.

— Tu fais bien de te pencher. Je ne voudrais pas avoir à nettoyer, dit alors une voix au-dessus d'elle.

Oubliant brutalement sa nausée, Camille s'adossa immédiatement à la rambarde en reculant sur les fesses, prête à sauter si besoin. Au diable la non-étanchéité de son sac ! Si elle devait plonger dans la Seine pour survivre, elle le ferait sans hésiter. Mais elle s'arrêta immédiatement en voyant qui la toisait, assise en tailleur sur le haut d'une caisse.

— Sola ?! Sola ! commença-t-elle faiblement avant de se dresser comme un beau diable et d'enlacer la jeune femme sans façon, en répétant son nom.

— Et bien ! Je ne pensais pas t'avoir manquée à ce point ! s'exclama la Znūntāk en passant un bras autour de la jeune femme.

Puis, elle l'écarta prestement pour la mettre à un bon mètre d'elle.

— Tu sens vraiment trop bon.

Le visage d'abord étonné de Camille se pencha légèrement sur le côté, avant qu'elle ne fronce les sourcils quand la compréhension de ce que pouvait revêtir ces paroles arriva jusqu'à son esprit encore embrumé par un sommeil peu réparateur.

— Je sens trop bon ?

— Ce qu'ils t'ont dit est vrai... en partie.

— Ce qu'ils m'ont dit ? La partie où tu es une vampire ou bien celle où tu veux ma mort ? répliqua Camille en se renfrognant, les bras croisés sur la poitrine. Elle n'arrivait pas à avoir peur de Sola. Ça lui paraissait contre nature.

— Je suis bien une vampire, enfin plus exactement une Znūntāk, si l'on veut être exact. Les Dévoreurs sont terriblement imprécis dans leurs propos. Et je ne veux pas te tuer, mais ton odeur est alléchante. Après ce que j'ai vécu cette nuit, il ne vaut mieux pas tenter le diable...

— Et tu t'y connais...

— Pas vraiment, mais si tu avais effectivement été ma cible, je t'aurais sucé le sang jusqu'à la dernière goutte il y a longtemps, Camille.

— C'est censé la rassurer ? dit alors une autre voix qui révéla sa présence sur la droite de Camille.

La jeune femme sut immédiatement que même si elle avait envisagé de fuir, elle n'aurait pas réussi.

— Lucie ? Vous êtes combien ?

— Juste nous deux, répondit Sola en souriant.

La Znūntāk n'avait pas bougé de sa place, sachant très bien que l'étudiante était tout à fait capable de faire des prouesses si elle avait peur. Sola ne voulait pas lui faire de mal, et pas seulement parce que Dresden le lui avait demandé. Lui devant la vie, la Znūntāk avait une dette envers Camille. Or, une telle dette ne se payait pas facilement.

— Vous êtes toutes les deux des vampires, non des Zu..n.. tak...

— Des Znūntāks.

Camille essaya encore de dire le mot qui n'était pas évident à prononcer correctement, sans résultat probant.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant