46 / Rivalité et gueule de travers

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Camille fit demi-tour en soupirant. Elle refusait de réfléchir à ce qu'elle ressentait, à toutes les hypothèses qui lui venaient à l'esprit, à ce que sa vie allait devenir. Tout son esprit était focalisé sur le moyen de s'enfuir de cette foutue île, le moyen de s'éloigner de Dresden Asterios et de son soi-disant destin.

Au passage, elle récupéra ses baskets, et examina les alentours de la maison avec plus d'attention. En fait de village, il s'agissait d'un groupe de trois belles bâtisses, réunies autour d'une immense terrasse avec piscine. Il faudrait lui expliquer l'utilité de cet équipement alors que la mer était à deux pas.

D'architecture moderne, les maisons étaient orientées de manière à offrir une large ouverture sur la terrasse depuis leur salon. Idéal pour faire la fête. Absolument cauchemardesque pour avoir un peu d'intimité. En parlant de ça, Camille remarqua qu'effectivement, on ne voyait absolument pas l'intérieur de la salle de bain de sa chambre. À l'extérieur, la vitre miroitait et reflétait l'horizon. Une perspective troublante pour quelqu'un comme elle, qui regrettait le béton.

La jeune femme allait rentrer dans sa chambre par la porte-fenêtre qu'elle avait empruntée pour en sortir, quand quelqu'un lui lança un « salut » depuis la terrasse. Sola.

— Salut, répondit Camille sans s'approcher cependant.

— Tu fais la gueule ?

— D'après toi ?

— C'est pas ma faute ?!

— Sans déconner ! C'est pas ta faute ?! En fait, tu travaillais pour lui depuis le début ! Est-ce que tu as seulement ressenti un peu d'amitié pour moi ? Ou tu as eu pitié tout du long ? À moins que tu ne me détestes comme Lara ?

— Lara ? C'est la pouffe que tu as butée ?

— Oui. C'est elle. Alors méfie-toi ! C'est ce que je fais aux gens qui me trahissent !

— Putain ! Tu fais trop flipper, quand tu parles comme ça ! Je t'annonce une grande carrière d'ombre... ou peut-être même que tu intégreras les exécuteurs ! Je serais trop jalouse ! éclata de rire Sola en s'approchant.

Lucie apparut à sa suite. Silencieuse et souriante. Camille remarqua cependant que tout son corps était tendu, prêt à agir, au besoin.

— Je ne sais même pas de quoi tu parles.

— Dresden ne t'a rien dit sur l'organisation des Znūntāks ?

— Non.

— Vous avez parlé de quoi alors ?

— De sa destinée, et de toutes les conneries qu'il pense être obligé de subir à cause de mon obstination à ne pas l'aimer ?

— Ah ! Ça !

— Oui, ça !

— Et toi, tu ne ressens rien ? demanda doucement Lucie.

Camille les fixa un instant avant de répondre.

— Je ne vais pas parler de ça avec vous ! Vous êtes deux traîtresses ! lança-t-elle avant de se détourner.

— Hé ! Camille ! Tu oublies un truc important ! s'exclama alors Sola.

La jeune femme se retourna pour comprendre ce que voulait dire Sola. Elle la vit alors se ruer sur elle et la renverser sans qu'elle ne puisse rien y faire. Immobilisée, Camille, jeta un regard éberlué à son agresseuse.

— C'est pas parce que je te dois la vie, que je ne vais pas te flanquer une raclée quand tu vas trop loin !

— Il faudrait que tu puisses, dit Camille en se débarrassant d'elle d'un mouvement de jambes.

De notre sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant